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AFP

Les scènes de chaos se suivent et se ressemblent dans les campus parisiens. Ce lundi 29 avril, il aura fallu une nouvelle intervention policière pour déloger la cinquantaine de militants pro-palestiniens installés dans une dizaine de tentes à l’intérieur de la Sorbonne. Le groupe d’étudiants a été mené à l’extérieur du bâtiment puis éloigné, encadré par les forces de l’ordre. « Nous étions une cinquantaine de personnes quand les forces de l’ordre sont arrivées en courant à l’intérieur de la cour. L’évacuation a été assez brutale avec une dizaine de personnes traînées au sol, mais pas d’interpellations », a témoigné Rémi, 20 ans, étudiant en histoire-géographie à la Sorbonne, auprès de l’AFP.

À la mi-journée, plusieurs dizaines d’étudiants s’étaient rassemblés à la Sorbonne en soutien à la cause palestinienne et à la population gazaouie, sous les bombes depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas. Certains ont investi la cour intérieure quand d’autres sont restés devant le bâtiment, scandant : « Israël assassin, Sorbonne complice », en présence notamment des députés LFI Louis Boyard et Thomas Portes. Le rectorat a décidé vers midi de fermer l’université pour le reste de la journée, alors que s’y déroulaient des cours et des examens. En milieu d’après-midi, la foule se composait d’environ 300 personnes.

Mercredi 24 avril, une intervention similaire avait été conduite au campus Saint-Thomas de Sciences Po Paris, sur demande de la direction. Il s’agissait, déjà, d’expulser de leurs tentes quelques étudiants installés dans la cour de l’école. Cela n’avait pas empêché la manifestation de se poursuivre, avant qu’un accord ne soit trouvé entre les étudiants mobilisés et la direction. Cette dernière s’engageait notamment à suspendre toute procédure disciplinaire lancée contre des manifestants.

Importation d’un mouvement né sur les campus américains

Ces événements s’inscrivent dans le sillage d’un mouvement né ces dernières semaines dans plusieurs universités américaines. Plus précisément celle de Columbia, à New York, où un campement est toujours en place malgré une descente de police occasionnant 108 arrestations le 18 avril. La tempête étudiante a ensuite essaimé aux États-Unis, s’étendant à d’autres campus comme ceux de Yale (Connecticut) et de Harvard (Massachusetts). Ces prestigieuses institutions se sont vues appeler, par leurs propres étudiants, au boycott de tout programme d’échange avec Israël, de toute activité en lien avec l’État hébreu.

C’est à ce mode d’action apparu outre-Atlantique que les étudiants mobilisés en France se réfèrent. « On est là suite à l’appel des étudiants de Harvard, Columbia, a indiqué à l’AFP Lorélia Fréjo, étudiante à la Sorbonne et militante de l’organisation Le Poing Levé, ce lundi 29 avril. Après les actions à Sciences Po, on est là pour que ça continue ».

Le Premier ministre Gabriel Attal s’est voulu ferme, samedi 27 avril : « Il n’y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants », a-t-il déclaré. Peut-être a-t-il sous-estimé la capacité du conflit israélo-palestinien à électriser durablement l’université française.