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par Edouard Husson

Minouche Shafik, présidente de Columbia, pur produit de l’oligarchie occidentale
President Barack Obama drops by National Security Advisor Tom Donilon’s lunch meeting with Christine Lagarde, Managing Director of the International Monetary Fund, in the National Security Advisor’s office in the West Wing of the White House, Sept. 7, 2011. Also attending are: Mike Froman, Deputy National Security Advisor for International Economic Affairs; Caroline Atkinson, Special Assistant to the President for International Economic Affairs; and Nemat Shafik, Deputy Managing Director of the IMF. (Official White House Photo by Pete Souza)

La baronnesse Shafik, présidente de l’université Columbia, prise dans la tourmente des manifestations étudiantes pour Gaza est un pur produit de l’oligarchie occidentale. Enfant d’une famille musulmane de l’élite égyptienne spoliée par Nasser, elle a fait des études dans les meilleures universités puis entamé une carrière d’économiste universitaire, avant de devenir, à 36 ans, vice-présidente de la Banque mondiale. Anoblie pour services rendus à la Couronne, Madame Shafik s’est mise en congé de la Chambre des Lords lorsque le conseil d’administration de l’Université de Columbia est venu lui proposer la présidence de Columbia. Madame Shafik est en quelque sorte le rêve de l’élite occidentale réalisé: une femme musulmane occupant des fonctions de très haut niveau qui la mènent dans le cercle fermé du monde dirigeant anglophone. Les manifestations étudiantes agissent comme un dur réveil pour « Minouche au pays des merveilles de la mondialisation ». Que se passe-t-il quand les étudiants demandent que la dénonciation de la « Cancel culture » s’étendent aux Palestiniens? Et quand ils réclament que la culture de l’inclusion aille plus loin que la réconciliation entre les gouvernements arabes et Israël pour inclure une négociation avec la Résistance Palestinienne?

Madame Shafik, présidente de l’Université de Columbia. Sur la photo en exergue de l’article, qui date de 2011, Minouche Shafik est assise tout à droite lors d’une rencontre entre Barack Obama, président des Etats-Unis et Christine Lagarde, directrice du FMI

Lorsque vous cherchez des informations sur Madame Shafik, vous n’avez pas besoin d’aller chercher très loin. Wikipedia en version anglaise joue parfaitement son rôle de mise en valeur du wokisme établi qui caractérise actuellement la caste occidentale. Minouche Shafik est en effet un rêve réalisé. Extraits:

De l’école américaine d’Alexandrie au doctorat d’Oxford

La petite Nemat Talaat (alias Minouche) Shafik est une enfant des années qui ont suivi la décolonisation:

Mme Shafik est née à Alexandrie, en Égypte, de parents musulmans tous deux éducateurs. Son père était un scientifique et un riche propriétaire terrien. Enfant, elle est allée à l’école américaine Schutz. Lorsqu’elle a quatre ans, le gouvernement égyptien nationalise la propriété de son père et la famille déménage à Savannah, en Géorgie, au milieu des années 1960, puis à Miami et à Raleigh, en Caroline du Nord.

Mme Shafik a étudié pendant un an à l’université américaine du Caire, puis a obtenu une licence (…) en économie et en politique à l’université du Massachusetts Amherst en 1983. Elle obtient un Master of Science en économie à la London School of Economics en 1986, puis un doctorat en économie à l’université d’Oxford en 1989.Wikipedia anglais, article Manouche Shafik

Vice-présidente de la Banque mondiale à trente-six ans

Madame Shafik a réalisé une ascension fulgurante dans les dix années qui ont suivi la fin de la Guerre froide, lorsque l’on parlait de « mondialisation heureuse » et d’hyperpuissance américaine:

Après Oxford, Mme Shafik est entrée à la Banque mondiale où elle a occupé diverses fonctions, d’abord dans le département de la recherche où elle a travaillé sur la modélisation et les prévisions économiques mondiales, puis sur les questions environnementales. Elle est ensuite passée à des travaux macroéconomiques sur l’Europe et le Moyen-Orient, où elle a publié un certain nombre d’ouvrages et d’articles sur l’avenir économique de la région, l’économie de la paix, les marchés du travail, l’intégration régionale et les questions de genre. À l’âge de 36 ans, Mme Shafik est devenue la plus jeune vice-présidente de l’histoire de la Banque mondiale.

Shafik a occupé des postes universitaires, en tant que professeur adjoint au département d’économie de l’université de Georgetown de 1989 à 1994, et en tant que professeur associé invité à la Wharton Business School de l’université de Pennsylvanie au printemps 1996

Elle a d’abord été détachée auprès du ministère britannique du développement international (DFID) en tant que directrice générale des programmes nationaux, où elle était responsable de tous les bureaux et financements à l’étranger du DFID en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et en Europe de l’Est. Elle a été nommée secrétaire permanente du DFID en 2008, où elle a géré un programme d’aide bilatérale dans plus de 100 pays, des politiques multilatérales et des financements pour les Nations Unies, l’Union européenne et les institutions financières internationales, ainsi que la politique générale de développement et la recherche – responsable de 2400 personnes et d’un budget de 38 milliards de livres sterling (environ 60 milliards de dollars américains) pour la période 2011-2014.Wikipedia anglais, article Minouche Shafik

Directrice générale adjointe du FMI puis gouverneur adjoint de la Banque d’Angleterre

Madame Shafik a été appelée à des fonctions de direction dans ce qui constitue le cœur de l’hégémonie anglo-américaine depuis deux siècles: le pouvoir monétaire:

Shafik a été directrice générale adjointe du FMI d’avril 2011 à mars 2014. En tant que directrice générale adjointe, elle a supervisé le travail du FMI en Europe et au Moyen-Orient, un budget administratif d’un milliard de dollars, les ressources humaines de ses 3 000 employés ainsi que la formation et l’assistance technique du FMI pour les décideurs politiques du monde entier.

Mme Shafik a rejoint la Banque d’Angleterre en tant que première gouverneure adjointe chargée des marchés et des banques, responsable du bilan de 500 milliards de livres sterling de la banque, et a été membre du comité de politique monétaire, du comité de politique financière et du conseil d’administration de l’autorité de régulation prudentielle de la banque.Wikipedia anglais, article Minouche Shafik

Directrice de la London School of Economics puis présidente de Columbia

Dans l’admirable fluidité qui caractérise les relations entre le monde académique, celui des affaires et la sphère politique, Madame Shafik a été appelée à diriger deux des plus belles institutions universitaires du monde anglophone:

Le 12 septembre 2016, Mme Shafik a été nommée directrice de la London School of Economics, en remplacement du sociologue Craig Calhoun. Elle prend ses fonctions le 1er septembre 2017.

Le 18 janvier 2023, le conseil d’administration de l’université Columbia annonce la nomination de Mme Shafik au poste de présidente de l’université. Elle devient présidente de l’université Columbia le 1er juillet 2023. Son investiture a lieu le 4 octobre 2023Wikipedia anglais, article Minouche Shafik

Une mondialiste parfaite récompensée par un siège au CA de la Fondation Gates

Le curriculum de Madame Shafik est un modèle du genre, couronné par une invitation à rejoindre le Conseil d’administration de la Fondation Bill & Melinda Gates:

Mme Shafik a présidé plusieurs groupes consultatifs internationaux, dont le Groupe consultatif d’assistance aux pauvres, le Programme d’aide à la gestion du secteur de l’énergie, le Programme mondial pour l’eau et l’assainissement, Cities Alliance, InfoDev, le Mécanisme consultatif sur les infrastructures publiques et privées et le Forum mondial sur la gouvernance d’entreprise. [Elle a siégé à plusieurs conseils d’administration, dont le Groupe consultatif du Moyen-Orient auprès du Fonds monétaire international et le Forum de recherche économique pour le monde arabe, l’Iran et la Turquie. Elle est également active au sein du conseil d’administration et en tant que mentor de la Minority Ethnic Talent Association, qui aide les groupes sous-représentés à accéder à des postes de haut niveau dans la fonction publique.

Shafik est actuellement administratrice du British Museum, du Conseil de l’Institute for Fiscal Studies, de la Task Force on Fiscal Policy for Health, du New Economy Forum et de la Per Jacobsson Foundation.

En 2021, elle est nommée au Pandemic Preparedness Partnership (PPP), un groupe d’experts présidé par Patrick Vallance et chargé de conseiller la présidence du G7 assurée par le gouvernement du Premier ministre Boris Johnson.

Safik a été nommé administrateur de la Fondation Bill & Melinda Gates en janvier 2022.Wikipedia anglais, article Mincouche Shafik

Membre de la Chambre des Lords

L’anoblissement par la Couronne britannique nous rappelle que l’oligarchie mondialiste est à commandement anglo-américain, une réalité souvent sous-estimée:

Shafik a été nommée Dame Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (DBE) lors des honneurs de l’anniversaire de la Reine en juin 2015.

Elle a été nommée « GG2 Woman of the Year » en 2009[67], a fait partie des 100 femmes les plus puissantes de Forbes en 2015[68][69] et a reçu le prix « 100 Women in Finance European Industry Leaders Award » en 2019.

Elle est nommée baronne Shafik, de Camden dans l’arrondissement londonien de Camden et d’Alexandrie dans la République arabe d’Égypte, dans les honneurs politiques de 2020 et est introduite à la Chambre des lords le 15 octobre 2020. Elle (…) prononce son discours inaugural le 28 janvier 2021Shafik prend un congé de la Chambre des lords en juillet 2023.Wikipedia anglais, article Minouche Shafik

Quand « Minouche au pays des merveilles mondialistes » rencontre le conflit de Gaza

J’ai gardé ce morceau de choix pour la fin:

Dans un article publié sur le site web du Fonds monétaire international, dans le cadre de la promotion de son livre What We Owe Each Other : A New Social Contract, Shafik a indiqué qu’elle s’inquiétait de la « culture de l’annulation » sur les campus universitaires, commentant : « Le but de l’université est de relever des défis intellectuels et d’être confronté à la différence. Elle a affirmé que les universités devaient « apprendre aux gens à avoir des conversations difficiles », ajoutant : « C’est grâce à ce processus d’écoute que l’on apprend, que l’on construit un consensus et que l’on avance en tant que communauté ».Wilipedia anglais, article Minpouche Shafik

C’est délicieux, Minouche in Wonderland espérait, en arrivant à Columbia, faire passer ces chers étudiants de la « Cancel Culture » à la « Culture du Care ». Las, des Palestiniens décidés à rappeler au monde, de façon spectaculaire, qu’on ne pouvait pas pratiquer « l’annulation de leur nation », sont venus gâcher le rêve d’une fin de carrière paisible et pleine d’honneurs.

La dénonciation de la « Cancel Culture » ne semble pas devoir aller jusqu’à convaincre les Israéliens de ne pas « annuler » la nation palestinienne. Et le rêve du « Care », de l’inclusion, ne pourra pas s’arrêter à la réconciliation entre Israël et les gouvernements de ses voisins arabes. Il va falloir s’accommoder de la réalité terrible des victimes de Gaza.

Le Courrier des Stratèges