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Emmanuel Macro et Michel Aoun à Beyrouth en août 2020. D. R.

Par Kamel M. – Le journaliste libanais de renom Sami Kleib a expliqué, dans un entretien à un média de son pays, que l’Algérie joue un rôle de plus en plus central au Liban. Un rôle que certains, a-t-il, dit, ne veulent pas qu’il soit connu des Libanais. «Malheureusement, nous autres Moyen-Orientaux ignorons le Maghreb arabe alors que ce dernier prend fait et cause pour les causes arabes plus que n’importe quel autre pays arabe. Si vous cherchez un soutien à la Palestine, allez en Algérie !» a asséné le transfuge d’Al-Jazeera.

«L’Algérie, je la connais bien pour y avoir voyagé durant de longues années», a assuré Sami Kleib, expliquant que l’Algérie «est actuellement aux côtés du Liban sur la base d’une position de principe». Dans le scandale du fuel trafiqué qui remonte à janvier 2021, «l’Etat algérien et Sonatrach n’y sont pour rien», a souligné ce diplômé de la Sorbonne. «C’est, a-t-il précisé, une mafia qui active en haute mer pour le compte de sociétés sous-traitantes qui est derrière ce scandale».

«L’Algérien est mu par ce qu’il appelle le nif, qui vient du mot arabe anafa, lequel signifie dignité. Aussi, bien que les Algériens aient considéré cette affaire de fuel, dans laquelle certains ont accusé Sonatrach, comme une atteinte à leur dignité, le président algérien a nommé deux ambassadeurs d’Algérie à Beyrouth et à Damas qui maîtrisent les dossiers, et ce dans le but de relancer un projet arabe à partir d’une coopération soutenue avec des Etats pivots, comme le Liban», a corrigé le conseiller de RMC et RFI, en France.

«Historiquement, a-t-il étayé, l’Algérie a aidé le Liban dans tous les domaines et elle n’a jamais rien demandé en retour. Il n’y a ne serait-ce qu’une seule exigence algérienne depuis que les relations entre les deux pays existent», a-t-il poursuivi, en indiquant avoir exposé au président Tebboune le problème de l’absence d’une desserte aérienne directe entre la Liban et l’Algérie. «Pour nous rendre dans ce pays, nous étions obligés de transiter par la France ou la Turquie. Moins de deux semaines plus tard, le président algérien a rétabli la ligne directe Alger-Beyrouth. Dès qu’il a su l’origine du problème, qui se trouvait au Liban, il a agi», a assuré Sami Kleib.

«Il y a aussi la question de l’aide algérienne à l’armée libanaise. Je sais que l’ambassadeur d’Algérie s’est réuni avec le chef d’état-major de l’armée libanaise juste après une réunion entre ce dernier et l’ambassadeur de France. Les Algériens ont proposé une aide militaire, là aussi à titre gracieux et sans aucune condition», a révélé. Selon lui, «l’autre domaine dans lequel l’Algérie, pays très riche, aide le Liban est celui des matériaux de construction. En effet, elle a proposé son concours dans la reconstruction des édifices endommagés par l’explosion du port de Beyrouth», a-t-il fait savoir, en interrogeant : «La France acceptera-t-elle ce rôle grandissant de l’Algérie au Liban ?» «Cette présence se fait au détriment de l’influence française», a-t-il soutenu.

Rappelant que «les Algériens ont pris part à toutes les guerres israélo-arabes», le journaliste a formulé le souhait de voir les médias de son pays s’intéressent davantage à l’Algérie. «Ils seraient étonnés par l’amour sincère des Algériens pour les Libanais», a-t-il argumenté, en insistant sur le fait que l’Algérie «est un des rares pays qui ont consenti des aides au Liban sans jamais poser de conditions».

«Il n’est pas normal que notre coopération avec un pays aussi vaste et aussi riche en produits agricoles, en terres fertiles et en ressources hydriques ne soit nullement développée», a encore regretté Sami Kleib, qui s’est dit convaincu que «les deux pays possèdent des capacités énormes pour renforcer la coopération dans ce secteur».

Les Libanais ont encore en travers de la gorge le ton hautin utilisé par le président français, Emmanuel Macron, au lendemain de la catastrophe du port de Beyrouth, en menaçant de sévir contre les dirigeants de ce pays. Une ingérence condamnable qui rappelle celle d’un de ses prédécesseurs, François Mitterrand, qui, en 1992, «exigeait» que fût rétabli le «processus démocratique», désarçonné face à la courageuse décision du gouvernement, de l’armée et de la justice algériens de dissoudre le parti religieux extrémiste du FIS qu’il voulait placer au pouvoir en Algérie.

Algérie Patriotique