Étiquettes

, , , ,

Martin Jay

Comme Trump, Macron semble vouloir faire et dire n’importe quoi – même si c’est absurde – pour continuer à faire la une des journaux.

Emmanuel Macron fait à nouveau parler de lui en suggérant à plusieurs reprises que des troupes françaises pourraient être envoyées en Ukraine pour participer à la guerre contre les forces russes. Cette fois, c’est dans le soi-disant prestigieux journal britannique Economist, qui est heureux de répéter ce mantra vide encore et encore, en grande partie, on le suppose, parce qu’il soutient un récit plus large de l’UE dont il est le serviteur à Bruxelles. Il n’existe pas de relation plus malsaine et plus répugnante que celle entre The Economist et l’Union européenne, le premier se contentant de jouer le rôle de propagandiste gratuit et d’agent de relations publiques pour la seconde.

Il est stupéfiant de voir comment Macron peut continuer à répéter cette menace totalement vide, dont il a lui-même admis à un magazine français qu’elle ne se produirait pas. Quelqu’un lui a-t-il demandé de le faire une fois de plus et de l’arranger dans The Economist ? Peut-être à un niveau élevé à Bruxelles ?

Comment expliquer autrement cette dernière éjaculation d’absurdités ?

Sans surprise, le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, a condamné les dernières remarques et a averti qu’une telle initiative pourrait déclencher une guerre nucléaire totale.

S’exprimant sur la chaîne française LCI, M. Szijjarto a fermement condamné cette idée, affirmant que les commentaires du dirigeant français avaient eux-mêmes contribué à l’escalade de la situation.

« Si un membre de l’OTAN engage des troupes au sol, il y aura une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie et ce sera alors la troisième guerre mondiale », a déclaré M. Szijjarto à la chaîne.

M. Macron lui-même a évolué depuis les commentaires qu’il a faits au magazine Parisienne, qui ont donné le coup d’envoi de l’affaire il y a quelques semaines. L’interview plus récente accordée à The Economist montre clairement qu’il a même réfléchi à ses propres divagations et qu’il a examiné plus en profondeur la manière dont il pourrait affiner le récit, sans doute pour attirer davantage l’attention sur la question. Toutefois, il s’agit d’un acte d’un politicien désespéré, que les analystes interprètent de deux manières : soit il s’agit d’un appel à l’aide adressé à l’administration Biden pour qu’elle agisse elle-même et envoie des troupes américaines sur place, soit il s’agit simplement d’un coup de relations publiques pour le maintenir dans la presse internationale, une zone qui est comme une dépendance au crack. Comme Trump, Macron semble vouloir faire et dire n’importe quoi – même si c’est absurde – pour rester à la une, pour ainsi dire.

Bien sûr, la réaction de Macron, aussi désespérée qu’elle puisse paraître, est tout à fait logique si l’on considère les événements sur le terrain. La Russie gagne du terrain et les élites occidentales doivent donc préparer leurs campagnes médiatiques pour se décharger de toute responsabilité, ce qui est en partie la raison pour laquelle Macron et d’autres dirigeants de l’UE réclament l’expansion de leurs armées. Lorsque la Russie s’emparera de Kiev, ils s’écrieront tous « nous vous l’avions dit » et continueront à plaider en faveur d’une augmentation des dépenses militaires.

Le discours est vraiment celui d’un perdant. C’est ce que l’on peut attendre du camp perdant qui se prépare à battre en retraite et à sauver sa carrière politique. Macron et la plupart des dirigeants occidentaux ne souhaitent pas que les médias occidentaux pointent du doigt une série d’erreurs catastrophiques commises depuis le premier jour, qui ont collectivement contribué au recul.

Ainsi, aujourd’hui, dans The Economist, nous voyons Macron définir ce qu’il croit, de manière risible, être les critères d’envoi des troupes françaises en Ukraine : Le franchissement des lignes par les Russes.

Mais même les médias occidentaux comme The Economist savent que c’est de la folie et que tout le jeu de Macron n’est qu’un tissu de mensonges. Et pourtant, ils maintiennent les mensonges en vie.

Peut-être que le ministre hongrois des Affaires étrangères récalcitrant aide également Macron et ses divagations à gagner en crédibilité, simplement en mordant à l’hameçon et en ajoutant de l’oxygène médiatique. Szijjarto évoque la possibilité d’une guerre totale si le dirigeant français se lance dans une idée aussi absurde et mentionne l’utilisation d’armes nucléaires.

Mais y a-t-il quelque chose qui nous échappe ? Un bluff que Macron et Szijjarto sont en train de jouer ? Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour savoir de quoi il s’agit. L’OTAN prévoit d’élaborer une proposition de trésor de guerre de 100 milliards de dollars pour l’Ukraine et les propos alarmistes de Macron pourraient viser à effrayer la Hongrie pour qu’elle ne mette pas son veto à un tel paquet – ou plutôt viser d’autres pays qui feraient directement pression sur la Hongrie pour qu’elle signe le paquet. Personne au siège de l’OTAN à Bruxelles ne croit un seul instant que la France est capable d’envoyer des troupes en Ukraine pour combattre les soldats russes. The Economist ne le sait que trop bien et c’est pourquoi c’est du journalisme de centre d’appel de leur part que d’imprimer de telles inepties, qui pourraient bien avoir été payées de la poche de l’OTAN ou de celle de Macron. Certains passionnés de l’OTAN, qui comptent les jours qui les séparent de la retraite, se souviendront qu’il y a plus de 20 ans, des soldats français ont tenté de combattre des rebelles soudanais et auraient fui le champ de bataille alors qu’on leur tirait dessus avec des balles réelles. Aujourd’hui encore, nous en rions tous dans les dîners à Bruxelles.

Martin Jay est un journaliste britannique primé basé au Maroc, où il est correspondant du Daily Mail (Royaume-Uni). Il a précédemment réalisé des reportages sur le printemps arabe pour CNN, ainsi que pour Euronews. De 2012 à 2019, il était basé à Beyrouth où il a travaillé pour un certain nombre de médias internationaux, dont la BBC, Al Jazeera, RT, DW, ainsi que des reportages indépendants pour le Daily Mail britannique, le Sunday Times et TRT World.

Strategic Culture