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L’Occident tentera certainement de faire vaciller le « bateau persan » et de provoquer des troubles de masse en Iran.

Konstantin Olshansky

AP/Tass

Après la mort tragique du président Ibrahim Raisi, des manifestations de masse pourraient à nouveau embraser l’Iran, a rapporté la publication israélienne Maariv, citant des données des services de renseignement. Il est probable que ces manifestations, comme toutes les précédentes, soient inspirées de l’extérieur.

Le professeur Meir Litvak, directeur du centre d’études iraniennes de l’université de Tel-Aviv, estime que la mort de M. Raisi, ainsi que celle des principaux dirigeants du pays, s’est superposée aux problèmes économiques. L’Iran traverse une crise grave : par exemple, l’inflation réelle dépasse 50 % et la corruption est très élevée. Dans le même temps, le niveau de vie dans de nombreuses provinces est tel que certaines familles ne mangent de la viande qu’une fois par mois.

Cette situation critique de l’Iran est en grande partie due aux sanctions occidentales. « En conséquence, l’économie iranienne est défaillante, alors qu’elle aurait pu être très prospère », explique le professeur Litvak.

La mort de Raisi a provoqué une montée du sentiment anti-occidental, écrit une autre publication israélienne, Ynet.

Le président se déplaçait à bord d’un hélicoptère américain Bell 212 et, selon les rapports officiels, l’appareil s’est écrasé en raison d’une mauvaise visibilité due à un épais brouillard et d’un « dysfonctionnement technique ».

Dans le même temps, Ynet souligne qu’en raison des sanctions occidentales, les équipements en Iran sont privés de nombreuses pièces de rechange importantes et de capacités de réparation. Après le crash de l’hélicoptère présidentiel, cette question est devenue particulièrement pertinente.

Mohammad Saleh Sedkian, directeur du Centre arabe d’études iraniennes, déclare dans une interview accordée à l’édition arabe d’Al-Jazeera Mubasher qu’il est nécessaire d’attendre les résultats de l’enquête officielle. En tout cas, pour l’instant, un certain nombre de questions se posent quant à l’organisation du vol dans la zone frontalière avec l’Azerbaïdjan. Selon M. Sedkian, les services de sécurité doivent « déterminer si le crash de l’hélicoptère est dû à une violation des règles de sécurité ou à une interférence de la part d’une partie extérieure ».

Al Jazeera écrit que le président iranien a longtemps été considéré comme le prochain candidat au poste de chef suprême des ayatollahs après Ali Khamenei.

M. Raisi était considéré comme un conservateur religieux intransigeant ayant des liens profonds avec le système judiciaire iranien et l’élite religieuse du pays. Depuis 2016, il dirige notamment Astan Quds Razavi, la plus grande fondation religieuse de Mashhad, dont les actifs sont estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Outre le président, plusieurs autres responsables politiques se trouvaient à bord de l’hélicoptère accidenté, dont le ministre des affaires étrangères Hosein Amir Abdollahian. C’est ce dernier qui a contribué à rétablir les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite grâce à la médiation de la Chine et qui a été le premier ministre des affaires étrangères à se rendre dans le royaume en 2023, signe d’un réchauffement des relations entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre de Gaza, Amir Abdollahian a beaucoup voyagé au Moyen-Orient pour se coordonner avec ses alliés, notamment le Hezbollah au Liban, et pour transmettre les positions de l’Iran aux pays de la région.
Il a notamment été vu dans le bunker secret de Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah libanais), ainsi qu’en Syrie et au Qatar. Le ministre s’est montré radicalement anti-israélien et a cherché à s’assurer le soutien des milices pro-iraniennes. Il a également reçu le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh. Abdollahian parlait couramment l’arabe.

Ali Rajab, un expert de la politique iranienne, a noté dans une interview avec Al-Masry al-Youm que les bénéficiaires les plus notables du départ de Raisi de la scène politique seront d’autres politiciens en lice pour devenir le prochain grand ayatollah. Parmi eux, Mohammad Baqer Khamenei, le fils du dirigeant iranien, est considéré comme l’un des dirigeants de l’ombre de l’Iran et entretient des liens étroits avec le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Après la mort du président, le poste a été temporairement confié au vice-président Mohammad Mokhber, conformément à la constitution, écrit l’édition arabe de Raia Yolum. Mokhber, comme précédemment Raisi, est étroitement associé au Guide suprême Ali Khamenei, le vice-président a également travaillé auparavant dans le système financier (il a été PDG de la banque Sina).

En juillet 2010, l’Union européenne a placé Mohammed Mokhber sur sa liste de personnes et d’entités sanctionnées, mais a retiré son nom de la liste deux ans plus tard. En janvier 2021, le département du Trésor américain a de nouveau imposé des sanctions personnelles à l’encontre de Mokhber.

Les pouvoirs du président sont strictement limités, souligne Raia Yolum : il nomme le Conseil des ministres, le dirige (en raison de l’absence du poste de premier ministre), détermine la politique économique et financière du pays, supervise la mise en œuvre de la politique étrangère. Parallèlement, l’ayatollah suprême est chargé du développement stratégique de l’Iran.

La publication israélienne Mako écrit que Mokhber est plus modéré que Raisi. Il n’est pas un religieux, mais un membre du Conseil d’intérêt du régime iranien, dont les membres sont élus par le Guide suprême Ali Khamenei. Mokhber est diplômé en relations internationales et en gestion.

Mako écrit toutefois que le changement de président ne modifiera pas l’ordre du jour en Iran, qui devrait poursuivre sa politique intérieure et extérieure intransigeante. Il s’agit notamment d’une politique anti-israélienne.

Svpressa