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Le président et ses trois principaux conseillers continuent de promouvoir les accords d’Abraham tout en niant les réalités de la guerre de Gaza.

Zeb Larson, William Minter

Le 20 mai, la Cour pénale internationale a annoncé qu’elle demandait des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ministre de la Défense et trois dirigeants du Hamas pour des crimes de guerre commis à Gaza. Le président Biden a dénoncé cette demande en déclarant qu’« il n’y a pas d’équivalence entre Israël et le Hamas » et a également nié qu’Israël se livrait à un génocide.

Cette attitude s’inscrit dans une tendance de longue date de M. Biden et de ses conseillers.

Une politique récemment mise en œuvre – le mémorandum 20 sur la sécurité nationale – exige des rapports réguliers au Congrès sur les armes américaines fournies aux pays engagés dans un conflit armé actif, afin de déterminer si ces destinataires se livrent à des violations du droit international en matière de droits de l’homme. Cette année, Israël figurait parmi les sept pays pour lesquels de tels rapports étaient exigés. Bien qu’il soit évident que l’armée israélienne est coupable de telles violations, le rapport publié ce mois-ci par l’administration Biden a conclu que les preuves n’étaient pas suffisantes pour justifier une réduction des ventes d’armes.

Au contraire, les États-Unis envoient davantage d’armes, le président ayant notifié au Congrès, le 14 mai, un engagement renouvelé de plus d’un milliard de dollars. Un podcast de gauche a nommé Biden et trois conseillers clés qui bloquent toute réduction des armes ou du soutien militaire à Israël : Le secrétaire d’État Antony Blinken, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et Brett McGurk, le coordinateur du président pour le Moyen-Orient.

Ils résistent tous fermement aux pressions visant à réduire le soutien à Israël, malgré des critiques sans précédent. Annelle Sheline, une ancienne fonctionnaire du département d’État qui a démissionné en signe de protestation contre la façon dont l’administration a traité la question de Gaza, a fait remarquer que « de manière générale, l’administration semble considérer les opérations militaires d’Israël à Gaza comme une question de relations publiques, plutôt que de s’attaquer aux importantes questions politiques et morales soulevées par les actions israéliennes ». Mme Sheline avait auparavant travaillé pour l’Institut Quincy, qui publie Responsible Statecraft.

La vague de protestations étudiantes contre le soutien militaire des États-Unis à Israël est d’une ampleur similaire à celle des protestations contre le gouvernement sud-africain dans les années 1980. Les campements de Berkeley et d’ailleurs reflètent les bidonvilles construits sur les campus américains, et ont surgi en une fraction du temps.

Les dissensions internes ont été les plus visibles au sein du département d’État, où trois diplomates américains ont démissionné et se sont exprimés publiquement. Au ministère de l’intérieur, Linda Greenberg Call est devenue la première personnalité politique juive nommée par M. Biden à démissionner, accusant le président d’utiliser les Juifs pour justifier son soutien à la guerre à Gaza. Près de 200 avocats travaillant dans des postes du gouvernement américain ont préparé un dossier juridique concluant que « fournir à Israël une aide militaire inconditionnelle pour poursuivre ses bombardements sur la bande de Gaza n’est pas seulement totalement fallacieux, mais aussi gravement inadéquat pour remplir les obligations des États-Unis de prévenir et de punir le génocide ».

Pourquoi M. Biden refuse-t-il de réduire le flux d’armes offensives à destination d’Israël ? Peter Baker du New York Times ne répond pas à cette question. Il décrit plutôt des divergences entre les principaux conseillers du président, notamment Blinken, Sullivan et McGurk, sur la manière de s’engager avec Netanyahou et de répondre à la violence actuelle, en préconisant des actes symboliques tels qu’un retard dans l’envoi de bombes plus lourdes.

Interrogée sur ces prétendues divergences, Mme Sheline a déclaré : « Je dirais que, bien qu’il soit tout à fait plausible que différentes personnalités de haut niveau au sein de la Maison Blanche aient des points de vue différents, dans la pratique, ces divisions n’ont pas encore eu d’impact sur la politique, qui semble provenir directement de M. Biden lui-même ».

L’administration Biden reste attachée à l’espoir d’un grand marché israélien avec les États autoritaires du Golfe. Cette stratégie des « accords d’Abraham », qui débutera sous l’administration Trump avec le Bahreïn et les Émirats arabes unis en 2020, vise à garantir la stabilité au Moyen-Orient en faisant d’Israël et des États arabes puissants les gendarmes de la région, à l’exclusion des Palestiniens.

Cette situation, combinée au soutien bien ancré de la classe des donateurs en faveur d’Israël, signifie que M. Biden et ses collègues continuent de s’accrocher aux accords d’Abraham. Pour ce faire, il faut toutefois nier les réalités de la guerre à Gaza. Comme quatre souris volontairement aveugles, Biden, Blinken, Sullivan et McGurk poursuivent une course-poursuite futile, Netanyahou jouant le rôle de la femme du fermier dans la comptine classique.

Zeb Larson, basé à Columbus, Ohio, est écrivain et historien du mouvement anti-apartheid.

William Minter est le rédacteur en chef du Bulletin AfricaFocus. Depuis novembre 2020, il est consultant principal pour le nouveau projet de construction d’un pont entre les États-Unis et l’Afrique (U.S.-Africa Bridge Building Project). Le dernier ouvrage de M. Minter s’intitule No Easy Victories : African Liberation and American Activists over a Half Century, 1950-2000, coédité avec Gail Hovey et Charles Cobb Jr.

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