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La Cour et le président ne pourraient guère être plus éloignés l’un de l’autre.

Daniel Larison

Nick Kristof commet l’erreur de prendre Biden au mot :

Ce devrait être une décision facile à prendre, et elle offre à Biden une chance de sauver sa politique ratée à l’égard de Gaza, car, dans ce cas, Biden et la Cour mondiale sont fondamentalement alignés [en gras, c’est moi qui le dis] : Ils s’opposent tous deux à une invasion totale de Rafah et veulent tous deux qu’Israël autorise une plus grande aide humanitaire. Mais depuis sept mois, Biden s’est laissé ignorer et bousculer par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et la question est maintenant de savoir si la décision de la Cour aidera Biden à trouver le courage de faire pression sur Israël pour qu’il se conforme à la décision.

Il devrait être clair maintenant que Biden n’a pas l’intention d’utiliser l’influence américaine pour arrêter l’offensive israélienne à Rafah. Il est également impossible de ne pas remarquer que M. Biden et la Cour internationale de justice (CIJ) ont adopté des positions opposées. La CIJ a ordonné à Israël de mettre fin à ses opérations actuelles, qu’elles soient ou non qualifiées d’« invasion totale ». L’administration Biden prétend que l’offensive est « limitée », quels que soient ses effets dévastateurs. La CIJ prend au sérieux le danger qui pèse sur la population palestinienne de Gaza. Ce n’est manifestement pas le cas de l’administration Biden. La Cour considère qu’un génocide est en train de se produire. M. Biden le nie catégoriquement. La Cour et le président ne pourraient guère être plus éloignés l’un de l’autre.

Kristof a raison en ce qui concerne la politique de Biden à Gaza, mais il continue d’entretenir le fantasme que Biden va soudainement décider de faire ce qu’il faut après plus de sept mois passés à prouver à tout le monde qu’il ne le fera pas. Oui, il devrait être facile pour Biden d’approuver l’ordre de la CIJ de mettre fin à l’attaque de Rafah, mais il aurait dû être facile pour Biden de s’opposer au massacre aveugle et à la famine de masse qui ont lieu depuis plus de six mois. Il aurait dû être facile de conclure que le gouvernement israélien avait violé le droit international et entravé l’acheminement de l’aide, mais au lieu de cela, l’administration a ignoré les preuves et les avis de ses propres experts afin de pouvoir continuer à leur transférer des armes.

Le président ne parvient pas à prendre ces décisions faciles parce qu’il n’a jamais accordé la priorité à la prévention des dommages causés à la population civile de Gaza et à la lutte contre la famine. Nous n’avons pas besoin de faire des suppositions à ce sujet. Il suffit d’examiner ce qu’il a fait et ce qu’il refuse de faire.

Il est compréhensible que les détracteurs de la politique indéfendable de M. Biden veuillent être constructifs en exhortant le président à prendre les mesures qu’il a refusées, mais à un moment donné, nous devons tous admettre qu’il n’apportera pas les changements nécessaires à sa politique. Nous pouvons espérer que le président change complètement de position, mais cela nécessiterait une sorte de conversion de Damas pour qu’il y parvienne. M. Biden a passé plus de sept mois à montrer au monde ce qu’il pense vraiment du droit international, des crimes de guerre et de l’humanité des Palestiniens. Il n’y a aucune raison de s’attendre à un changement soudain alors qu’il a permis des crimes de guerre et des famines massives pendant tout ce temps.

La décision de la CIJ « aidera-t-elle Biden à trouver le courage » de faire pression sur Israël ? Il y a fort à parier que la réponse est négative. De nombreux détracteurs de M. Biden en matière de politique étrangère ont supposé que ce dernier souhaitait faire ce qu’il fallait dans ce cas, et ils ont donc expliqué son échec en disant qu’il n’avait pas le courage de faire ce qu’il savait devoir faire. Cette hypothèse n’a pas tenu la route.

Si Biden avait voulu mettre fin à la guerre ou éviter la famine à Gaza, sa politique aurait été radicalement différente. Il n’aurait pas fait tout ce qu’il pouvait pour fournir des armes à l’armée israélienne. Les États-Unis n’auraient pas opposé leur veto à trois résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Surtout, les États-Unis auraient exigé un cessez-le-feu et insisté pour que tous les points de passage vers Gaza soient ouverts afin d’éviter une famine de masse, puis ils auraient appuyé ces demandes par des sanctions si elles étaient ignorées.

Le président n’utilisera pas les moyens de pression considérables dont il dispose parce qu’il ne veut pas imposer la fin de la guerre. Il n’a jamais voulu le faire. Il continuera à fournir des armes pour alimenter la guerre et n’exercera aucune pression réelle pour amener le gouvernement israélien à changer de cap. Tout porte à croire que Biden est incorrigible.

Eunomia