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Monsieur le Président ,

La Fédération de Russie s’est abstenue sur le projet de résolution du CSNU préparé par ses collègues américains en soutien à la proposition des médiateurs pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Depuis le tout début de l’escalade des hostilités dans la zone du conflit israélo-palestinien, nous avons constamment et invariablement défendu l’impératif d’établir un régime de cessez-le-feu permanent, y compris pour la libération des otages et la normalisation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza. Nous avons toujours vu d’un bon œil les efforts diplomatiques déployés sur le terrain en vue d’un cessez-le-feu dont les paramètres sont acceptables pour les deux parties.

En même temps, nous nous posons un certain nombre de questions sur le projet de résolution américain, dans lequel le Conseil se félicite d’un « deal » dont personne ne connaît encore les contours définitifs, à l’exception peut-être des médiateurs. Les informations qui circulent dans diverses sources ouvertes sont très contradictoires. Les auteurs n’ont pas informé le Conseil de sécurité des détails de l’accord. On nous propose essentiellement un chat dans un sac.

En tant que tel, il n’y a pas eu de processus de négociation sur le projet : les auteurs ont apporté des variantes du texte fini, exigeant en fait que les membres du Conseil de sécurité de l’ONU les signent dans des conditions de pression temporelle.

Le Hamas a été invité à accepter ce soi-disant « accord ». Mais il n’est pas encore tout à fait clair si Israël a formellement accepté, comme le stipule la résolution, l’« accord » proposé par le président Biden, dans le contexte des nombreuses déclarations d’Israël sur la poursuite de la guerre jusqu’à ce que le Hamas soit complètement vaincu. Qu’est-ce qu’Israël a accepté exactement ? Peut-être le représentant israélien répondra-t-il à cette question aujourd’hui ?

Nous sommes convaincus que le Conseil de sécurité ne devrait pas signer des accords dont les paramètres sont vagues et sans garantie non seulement de leur mise en œuvre sur le terrain, mais aussi sans compréhension claire de ce que les parties elles-mêmes en pensent. En effet, le Conseil donne carte blanche et signe un plan dont il ne connaît pas les détails. Les paramètres énumérés dans les trois paragraphes ne sont pas des détails. Depuis le début de l’escalade à Gaza, le Conseil a déjà adopté trois résolutions dont la mise en œuvre ne reste que sur le papier. Une quatrième pourrait s’y ajouter.

On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une tendance positive. L’adoption par le Conseil d’un nouveau document, dont le contenu soulève de nombreuses questions, et sans demande claire d’un cessez-le-feu immédiat et permanent, sape son autorité en tant que principal organe de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Nous n’avons pas bloqué la résolution simplement parce que nous comprenons qu’elle est soutenue par le monde arabe. Cependant, toutes les questions que nous avons identifiées demeurent et doivent trouver une réponse.

Je vous remercie de votre attention.

Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie