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Commission d’enquête internationale indépendante, Conseil des droits de l’homme des Nations unies, extermination à Gaza, Gaza, Israel
Selon les enquêteurs indépendants onusiens, le gouvernement israélien, la branche militaire du Hamas et six autres groupes armés palestiniens sont responsables de crimes de guerre.
Suzy Wolfarth
L’État hébreu a été accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre au sein du territoire palestinien par des enquêteurs internationaux indépendants. Ce mercredi, la Commission d’enquête internationale indépendante sur les territoires palestiniens, mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, a dévoilé à Genève la première investigation onusienne depuis le début de l’offensive dans la bande de Gaza. La cellule d’enquête, mise en place après la guerre de 11 jours que se sont livrés Israël et le Hamas en mai 2021, a pour mandat d’enquêter dans les territoires palestiniens occupés et en Israël sur les violations présumées des droits de l’homme commises depuis cette année-là.
Le rapport s’appuie sur des entretiens avec des victimes, réalisés à distance et au cours d’une mission en Turquie et en Égypte, et des documents, dont des rapports médico-légaux et des images satellites.
Israël s’est ainsi vu accusé d’ »extermination« , de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de meurtres, de transferts forcés, de torture et autres abus, de recours à la famine comme arme, d’exécutions délibérées, d’attaques contre des civils, et de violences sexuelles. Les trois enquêteurs chargés de l’investigation pointent aussi du doigt l’absence d’une approche “proportionnelle” de l’armée israélienne en ciblant délibérément les civils et en provoquant de larges destructions d’infrastructures civiles. Plusieurs responsables politiques israéliens ont également incité à la violence via leurs déclarations, ce qui pourrait constituer d’autres crimes internationaux graves.
”Transferts forcés” de Palestiniens
La Commission dénonce également les ordres israéliens d’évacuation “insuffisants” et “contradictoires” à la population, ainsi que les attaques sur les voies empruntées pour rejoindre les zones décrétées sûres par Israël. Cette politique de “transferts forcés” et le “siège total” du territoire palestinien sont considérés comme “punition collective” par les enquêteurs, qui estiment qu’“Israël doit immédiatement mettre un terme à ses opérations militaires et ses attaques dans la bande de Gaza, y compris son assaut à Rafah”, ajoute la sud-africaine Navi Pillay, présidente de l’entité onusienne. D’après l’Unrwa, près d’un million de Palestiniens avaient fui fin-mai cette ville au sud de l’enclave dans un chaos intense et sans destination précise.
Il est impératif que tous ceux qui ont mené des crimes soient poursuivis
Navi Pillay, présidente de la Commission d’enquête internationale indépendante sur les territoires palestiniens
De son côté, la mission israélienne aux Nations unies a dénoncé des accusations “horribles” et “immorales” contre Israël qui aurait, selon elle, agit conformément au droit international humanitaire. L’entité onusienne mène une “discrimination anti-Israël systématique” et “ne rendra jamais justice aux victimes israéliennes du terrorisme palestinien”, affirme l’ambassadrice Meirav Eilon Shahar. L’État hébreu fustige également la “fausse équivalence entre les soldats de l’armée israélienne et les terroristes du Hamas en ce qui concerne les actes de violence sexuelle”.
Crimes de guerre du Hamas
En effet, l’enquête indépendante onusienne met aussi en lumière divers crimes de guerre perpétrés par la branche militaire du Hamas et six autres groupes armés palestiniens pendant l’attaque du 7 octobre dernier sur le sol israélien. La Commission mentionne des attaques contre des civils, des meurtres et tortures, ainsi que des “violences sexuelles” ayant en particulier visé des femmes israéliennes, et qui n’étaient pas des incidents isolés.
Les enquêteurs indépendants exigent la libération immédiate des otages israéliens retenus dans la bande de Gaza, l’arrêt des tirs contre le territoire israélien ainsi que la mise sur pied d’investigations indépendantes sur les crimes commis. “Il est impératif que tous ceux qui ont mené des crimes soient poursuivis”, a déclaré Mme Pillay lors de la conférence. La Commission présentera officiellement son rapport le mercredi 19 juin 2024 à Genève lors de la 56e session du Conseil des droits de l’homme.