Étiquettes

,

par Edouard Husson

LR: les barons ont des principes…à géométrie variable

Que c’est émouvant ce déchaînement de moraline chez les barons et notables des Républicains. Ils sont tellement sûrs d’être du côté du Bien qu’ils font une application à géométrie variable des statuts de leur parti. C’est d’ailleurs la force de la riposte d’Eric Ciotti: il réclame le respect des statuts et du droit. Quelle idée saugrenue! On verra bien ce qui l’emporte, de l’état de droit ou de la tartufferie. Mais la réaction de la base des militants LR ne fait aucun doute: ils soutiennent largement Eric Ciotti.

Question importante dans la scène de coup de force hier au siège des @lesRepublicains .
Tous ceux qui se sont présentés pour « exclure » @ECiotti sont-ils membres de droit des instances ? Sont-ils tous à jour de cotisations ? À quelle date ? Je dis ça car @vpecresse présente sur… pic.twitter.com/yJGjjClPXu

— Arnaud Stephan (@StephanArnaud) June 13, 2024

Arnaud Stéphan est un vieux routier. Il connaît les arcanes de la politique et non seulement la communication, son métier de base. Les questions qu’il pose dans le post X ci-dessus sont intéressantes, parce qu’elles vont au cœur du problème.

Biberonnés au monde sans frontières – et donc sans règles, au bout du compte – les Wauquiez, Pécresse, Bertrand & Cie n’ont peut-être jamais lu les statuts de leur propre parti. Ce n’est pas parce que les médias sont de votre côté qu’un bureau politique a été tenu dans les règles.

La pantalonnade selon Gérard Larcher

On peut regarder ce qui se passe chez Les Républicains avec une bonne envie de rire. Ne revenons pas sur l’épisode des clés et de leur double – « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ». Mais attribuons le prix de l’humour involontaire à Gérard Larcher, quand il explique que « l’on est passé de la fanfaronnade à la pantalonnade ».

On est passé de la fanfaronnade à la pantalonnade ! À l’unanimité des sénateurs du groupe, du bureau politique et des députés (sauf 1), il a été décidé de ne pas suivre @ECiotti et de l’exclure du parti @lesRepublicains . Tous les députés sortants ont été investis cet après-midi. https://t.co/0wE0jEj4yO

— Gérard Larcher (@gerard_larcher) June 12, 2024

Effectivement, Monsieur le président du Sénat, vous êtes l’un des meneurs d’une belle pantalonnade.

La contre-attaque juridique d’Eric Ciotti

La réunion organisée cet après-midi a été mise en œuvre en violation flagrante de nos statuts @lesRepublicains.

Aucune des décisions prises à cette réunion n’emporte de conséquence légale.

Elle peut avoir des conséquences pénales.

Je suis et reste le président de notre… pic.twitter.com/8cSoosTdK3

— Eric Ciotti (@ECiotti) June 12, 2024

Face à la torsion des principes que pratiquent volontiers ceux qui pensent avoir la morale pour eux (en cela ils se comportent en gens de gauche, sans aucun doute), Eric Ciotti répond statuts, procédures au sein du parti.

Il entend faire respecter les statuts. Sans doute les « rebelles » qui ont voulu l’expulser avaient-ils oublié ce qu’il y a dans les statuts du parti concernant le Bureau Politique qui est convoqué par le Président et ne peut se tenir qu’en sa présence:

La base soutient Ciotti…

Le président des Républicains a mis en place une pétition dont il affirmait hier 12 juin qu’elle avait passé les 10 000 signatures (ce qui représenterait environ 25% des adhérents du parti). Un sondage dit que 50% des sympathisants LR sotiennent Ciotti.

Plus important, cependant, est la confirmation, par Jordan Bardella, qu’un accord a été trouvé, entre LR et le Rassemblement National, portant sur « plusieurs dizaines de circonscriptions » – 80 circonscriptions selon nos informations. Un accord négocié pratiquement avec Bardella par Guilhem Carayon, le président des Jeunes Républicains.

….mais aussi Nicolas Sarkozy?

On n’a pas fait attention au signal envoyé par Nicolas Sarkozy il y a quelques mois, quand il a réfuté la qualification d’extrême droite pour Eric Zemmour:

« Bien sûr, Eric Zemmour appartient à la droite républicaine !

La thèse du Grand Remplacement dont il parle n’est pas d’extrême droite non plus. » Nicolas Sarkozy, ancien président de la République.#Cavous pic.twitter.com/nswlBIgKRo

— Julien AMADOR (@Julien_Am_off) September 7, 2023

L’ancien président de la République n’a pas perdu son flair de l’opinion publique. Et il garde un pouvoir important de prescription à droite. Le signal qu’il avait envoyé en septembre dernier, sur l’incapacité des uns et des autres à définir ce qu’est « l’extrême droite » prend une résonance particulière aujourd’hui.

Aujourd’hui, beaucoup essaient de le faire parler contre Eric Ciotti. Mais ce qui frappe, c’est plutôt son silence.

Le Courrier des Stratèges