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Le ralliement de cadres de gauche qui abhorrent Jean-Luc Mélenchon devrait renforcer l’élan du Nouveau front populaire. Les premiers sondages leur étaient déjà favorables.

Laurent Dupuis

    French MP of far left party La France Insoumise (LFI) Manuel Bompard (C) delivers remarks, flanked by National Secretary for The Ecologists formely known as Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier (5th L), French Socialist Party (PS) first Secretary Olivier Faure  (4th R), French communist party (PCF) national secretary Fabien Roussel (3rd R) and The Ecologists senator and EELV former presidential candidate Yannick Jadot  (6tyh L) during a press conference presenting the program of the newly-formed "Nouveau Front Populaire" (New Popular Front) electoral pact between left-wing parties, at the Maison de la Chimie building, in Paris, on June 14, 2024. The "Nouveau Front Populaire" electoral pact includes France's Parti Socialiste (PS - socialist party), The Ecologists formerly Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Parti Communiste Francais (PCF) and La France Insoumise (LFI). Left-wing parties united to form an electoral coalition for the upcoming snap legislative election called by France's President in the wake of a European poll defeat at the hands of the far right. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)
    Manuel Bompard (LFI) à la tribune, flanqué des Ecologistes Marine Tondelier et Yannick Jadot à sa droite, et d’Olivier Faure (PS) et Fabien Roussel (PCF) à sa gauche, présentent le programme du Front Populaire, ce vendredi à Paris. ©AFP

    En annonçant dimanche la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire écrasante du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, le président de la République Emmanuel Macron s’imaginait probablement que la gauche ne serait pas un adversaire coriace aux élections législatives anticipées, ces 30 juin et 7 juillet. C’était une erreur.

    La coalition de gauche, la Nupes, était effectivement dans le coma, voire morte. Las de la stratégie de l’outrance et du clivage du leader de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, des cadres de gauche se rencontraient même depuis plusieurs mois pour réfléchir à une nouvelle union, plus modérée, et pour porter un candidat unique à l’élection présidentielle de 2027.

    Pris de court, le Parti socialiste (PS), les Écologistes et le Parti communiste français (PCF) ont toutefois décidé d’unir leurs forces avec LFI et de fonder le Nouveau front populaire, tout en posant des conditions. Ils ont été rejoints par Génération·s, Place publique et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

    Programme social

    Ils se sont mis d’accord sur une répartition des circonscriptions et sur un programme qu’ils ont présenté ce vendredi matin. Parmi les principales mesures figurent l’abrogation de la réforme des retraites, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), la hausse du Smic, l’indexation des salaires sur l’inflation, des prix planchers pour protéger le revenu agricole, ou encore le blocage des prix sur l’alimentaire et l’énergie.

    Cette alliance stratégique serait payante, à en croire les derniers sondages. Selon une enquête d’opinion Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publiée mercredi soir, le Rassemblement national (RN) est crédité de 31 % d’intentions de vote, devant l’alliance de gauche (28 %), la majorité présidentielle Renaissance (18 %) et Les Républicains (LR, 6,5 %). Selon la projection du sondeur, le RN n’aurait pas de majorité absolue, fixée à 289 strapontins, mais une majorité relative très forte. Il obtiendrait entre 220 et 270 sièges, contre 88 actuellement, devant la gauche unie, qui ferait élire entre 150 et 190 députés. La Nupes en avait 150 à l’issue des élections législatives de 2022. Les grands perdants du scrutin seraient Renaissance (entre 90 et 130 sièges) et LR (entre 30 et 40 sièges).

    Les sondages pourraient être bientôt plus favorables encore pour le Nouveau front populaire. La raison est simple : le ralliement, ce jeudi et ce vendredi, de cadres de gauche qui abhorrent Jean-Luc Mélenchon.

    Écueil Mélenchon et marge de progression

    Raphaël Glucksmann, qui a mené la liste Place publique-PS à une troisième place aux élections européennes, avait tout d’abord freiné des quatre fers devant cette alliance et la présence de LFI ; un sentiment partagé par des électeurs de gauche et de centre gauche qui détestent, eux aussi, Jean-Luc Mélenchon et ses disciples. D’ailleurs, d’après les tout premiers sondages, les quatre partis de gauche, s’ils avançaient en rangs dispersés, totalisaient plus d’intentions de vote que la gauche unie.

    Mais Raphaël Glucksmann a finalement décidé de rejoindre le Nouveau front populaire. “La seule chose qui importe, à mes yeux, c’est que le Rassemblement national ne gagne pas ces élections législatives et ne gouverne pas le pays”, a-t-il justifié ce vendredi matin sur France Inter. “La seule façon de faire, c’est qu’il y ait une union de la gauche. C’est notre responsabilité historique. Mais ce rassemblement ne pouvait pas se faire sans certaines clarifications, certaines lignes rouges.” Elles visaient avant tout LFI.Il s’agit notamment de la condamnation des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, du soutien à l’Ukraine et à l’Union européenne.

    D’autres personnalités de gauche ont également donné leur bénédiction à cette alliance de circonstance. Parmi eux se trouvent des socialistes partisans d’une ligne dure vis-à-vis de LFI, comme la maire de Paris Anne Hidalgo, le député Jérôme Guedj, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, ou encore l’ancien président de la République François Hollande, pour qui il faut aller “au-delà des divergences”, et “tout faire pour que l’extrême droite ne parvienne pas au pouvoir en France”.

    Ces ralliements pourraient permettre de convaincre les électeurs de gauche et de centre gauche, qui n’apprécient guère les Insoumis, de se rendre aux urnes le 30 juin et le 7 juillet, et de voter pour le candidat unique du Nouveau front populaire dans leur circonscription. Des électeurs qui ont pu voter, ces derniers scrutins, pour le camp présidentiel.