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Elijah J. Magnier

Le principal débat d’aujourd’hui ne porte pas sur la guerre à Gaza, qui a été reconnue comme un échec de l’armée israélienne à occuper et à vaincre le Hamas, mais sur une guerre potentielle au Liban, sur le front nord d’Israël. Néanmoins, au-delà de la rhétorique enthousiaste des uns et des autres, Israël peut-il de manière réaliste déclencher une guerre généralisée au Liban, et quels en seraient les objectifs même si les États-Unis décidaient de soutenir efficacement Israël sur le terrain ? Ce scénario est peu probable en raison de ses ramifications régionales et du risque de débordement vers une guerre plus large sur plusieurs fronts au Moyen-Orient, en pleine élection présidentielle américaine.

La principale préoccupation militaire d’Israël est l’énorme préjudice que le Hezbollah pourrait infliger au front intérieur, à l’économie et à l’industrie israéliennes, ainsi qu’à la future et fragile sécurité d’Israël. Toutefois, comme Israël n’a pas de solution diplomatique pour mettre fin à la mini-guerre menée par le Hezbollah pour soutenir Gaza, quelles sont les autres options, surtout lorsque la fin de la mini-guerre du Hezbollah contre Israël est entre les mains du Hamas et dépend de ses décisions ?

Préoccupations et objectifs militaires

Le Hezbollah représente une menace importante pour Israël avec ses forces bien entraînées, organisées mais irrégulières et un arsenal substantiel de roquettes et de missiles capables de pénétrer profondément dans le territoire israélien. L’ancien ministre de la guerre et chef d’état-major du mini-cabinet, Benny Gantz, a déclaré qu’une guerre contre le Liban était nécessaire parce que le Hamas tirait parti des actions du Hezbollah dans les négociations de cessez-le-feu. De son côté, le général Tamir Heyman, ancien chef des services de renseignement de l’armée israélienne, prévient qu’une guerre du Nord contre le Liban aurait des conséquences sans précédent sur le plan intérieur. Il souligne l’importance de comprendre la fin du jeu et de savoir si le Hezbollah est prêt à payer le prix d’un cessez-le-feu, car un échec pourrait laisser Israël dans le pire des états.

Dilemmes stratégiques

L’une des préoccupations majeures d’Israël est le préjudice potentiel que le Hezbollah pourrait infliger au front intérieur, à l’économie et à la sécurité en général. Guy Peleg, de la chaîne israélienne Channel 12, a cité un officier de haut rang, notant que si Israël déclare la guerre au Liban, l’impact pourrait être dévastateur, le comparant à l’explosion d’une bombe atomique au centre d’Israël. Dans le nord, sur le front avec le Liban, les gouverneurs expriment leur déception, déclarant qu’”Israël a abandonné la Galilée et a perdu le nord et sa dissuasion. Le Hezbollah a créé une zone tampon à l’intérieur d’Israël, provoquant le déplacement de dizaines de milliers d’Israéliens. Ces personnes ne savent pas quand la guerre prendra fin ni si elles pourront reconstruire leurs maisons et envoyer leurs enfants à l’école cette année”.

 Invasion terrestre et guerre urbaine

Israël et le Hezbollah se livrent quotidiennement à des “jeux de guerre” dans leurs salles d’opérations, simulant tous les scénarios possibles dans ce conflit et envisageant les pires éventualités. Du côté du Hezbollah, les commandants pensent qu’Israël occupe plusieurs collines libanaises pour faire pression sur le Liban après une attaque terrestre. Les forces spéciales Ridwan du Hezbollah -Nasr, Aziz et Badr- sont spécifiquement entraînées pour contrer de telles actions et éliminer toutes les forces israéliennes qui pénètrent au Liban et y établissent des positions statiques.

Ces unités ont une grande expérience de la guerre urbaine, acquise lors d’opérations menées en Syrie sur plus de 80 000 kilomètres carrés et dans les espaces ouverts de l’Irak, ce qui leur confère un avantage tactique pour se défendre contre les forces israéliennes. Les commandants du Hezbollah estiment que toute occupation israélienne des collines libanaises se heurterait à une résistance farouche, avec des embuscades et des tactiques de guérilla destinées à exterminer toute force d’occupation.

Le Hezbollah n’a pas de ligne de défense fixe. Au contraire, chaque village détruit dans le sud du Liban sert de site d’embuscade potentiel. En outre, le Hezbollah dispose de milliers de tunnels bien organisés et préparés, par rapport auxquels les tunnels de Gaza semblent rudimentaires.

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