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par maxime Tandonnet

La vie a parfois de ces drôleries, même dans les moments les plus sérieux et les plus inquiétants…Par exemple, j’ai appris à l’occasion de ces dernières semaines que M. Charron était (semble-t-il) l’un des inspirateurs de la subtile décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée.

Qui est M. Charron? L’un des plus proches compagnons historiques de Nicolas Sarkozy. La silhouette costaude, massive, le regard espiègle, il était réputé pour son bon sens populaire et son l’humour exceptionnel et dans les soirées place Beauvau, faisait rire l’ancien ministre et son entourage dans un flot de paroles continu. En général, j’étais trop loin de la table des « grands » pour l’entendre et ne puis juger de sa drôlerie mais en tout cas, il déchaînait des fous rires. Il était une sort de « fou du roi » au sens historique et positif du terme, celui qui conseille et dit ses quatre vérité à chacun tout en amusant.

Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant récemment qu’il était entré dans l’entourage le plus intime du président Macron et devenu l’un de ses conseillers les plus influents et qu’il était (selon la rumeur publique) à l’origine de la dissolution! En tout cas, cette fois-ci, la blague tourne au vinaigre… La courtisanerie professionnelle est l’un des pires fléaux de cette Ve République à l’agonie.

M. Eric Ciotti est aussi une personnalité que j’ai bien connue à cette époque, un personnage très simple, extrêmement sympa, au tutoiement immédiat, de petite taille, le geste énergique et volontaire. Les insultes contre lui, à la suite de son ralliement au RN me font horreur, notamment celle proférée par l’autre abruti qui l’a traité de « collabo », une injure tellement facile à retourner à son auteur qui fut l’un des premiers de « droite classique » à trahir son camp pour rejoindre la macronie.

Pour autant, le choix de M. Ciotti est terriblement ambigu sinon paradoxal. En effet, le phénoménal succès du lepénisme aux Européennes et dans les sondages des législatives désormais aux portes de Matignon procède d’une formidable colère populaire envers le pouvoir macroniste. D’ailleurs, il en est de même, à gauche, côté NFP. Ces législatives n’ont qu’un véritable sens: au-delà de la sanction, une authentique vengeance populaire après 7 années d’arrogance, de morgue, de mépris et d’autocratie narcissique impuissante. Un mouvement de révolte dans les urnes, une gifle démocratique.

Mais c’est là qu’intervient la contradiction dans le personnage de M. Ciotti. Car, président de LR, il fut en de nombreuses occasions un soutien zélé du pouvoir macroniste. Pendant la crise sanitaire, il était plus « royaliste que le roi », réclamant toujours davantage de contrôle étatique et de répression (confinements, couvre-feu, passe vaccinal). Pendant la crise des retraites, il fut aussi l’un des soutiens les plus acharnés de la réforme macroniste qui cristallisait une forme de mépris du peuple et dont il est avéré aujourd’hui qu’elle était quasi-inutile – sauvant le pouvoir d’une motion de censure.

Alors, maintenant, après avoir été un serviteur zélé du macronisme dans deux circonstances où il jouait sa peau, le voici rallié à ses adversaires lepénistes qui cristallisent la colère populaire et se trouvent en position de l’abattre. Tout ceci pour souligner que nous ne sommes pas dans une affaire de conviction et de geste destiné à « sauver la France » mais bien davantage dans une opération de pur opportunisme qui ne fait qu’accélérer la marche du pays à l’abîme.

MT