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Laetitia Bertoni et Gil Bousquet

l’essentiel Candidat à sa succession dans la première circonscription du Lot, Aurélien Pradié, annonce à La Dépêche qu’il quitte LR et relance son parti. Il a reçu le renfort de trente autres candidats en France et veut reconstruire la droite républicaine.

Ce n’est pas un au revoir, mais bien un adieu. Pour la première fois, le parlementaire lotois, Aurélien Pradié, ex-numéro 2 des Républicains, annonce qu’il reprend sa liberté, en quittant son parti de toujours. Une décision qu’il assure définitive. Il s’en explique à La Dépêche.

Les électeurs veulent savoir dans quelle case mettre Aurélien Pradié. Où êtes-vous ?

Pour la première fois de ma vie, j’ai déposé ma candidature aux législatives sans rattachement à un parti politique existant. J’ai repris ma liberté et ce n’est pas un signe anodin. Je ne suis pas le seul. Nous sommes 30 candidats dont dix sortants en France à ne pas se rattacher à LR présidé par Eric Ciotti, mais au micro-parti « Du Courage » que j’avais créé lors des élections régionales. Cette structure logistique à la base devient aujourd’hui plus politique. C’est une graine pour la suite.

Pourquoi ?

Car LR est dans une situation inextricable. Le gaullisme n’est pas mort, il est plus vivant que jamais mais LR est mort. Je le dis avec une douleur personnelle car la fidélité est une de mes valeurs cardinales. Mais il est temps que je reprenne ma liberté. C’est une étape de construction y compris une ambition politique personnelle nouvelle car le parti auquel j’appartenais n’est plus capable de parler aux Français.

Ce divorce avec Les Républicains semble bel et bien consommé. Expliquez-nous pourquoi ?

La première alerte a commencé au moment de la réforme des retraites. Nous étions 19 députés LR à voter pour la motion de censure. Ce qui m’a valu le retrait de mes fonctions de vice président par Eric Ciotti. La vie politique est faite de partis qui meurent et qui renaissent. Ce qui compte, c’est que les idées ne meurent pas. Il est temps aujourd’hui de les faire renaître. Demain, si les Lotois me font confiance, je serai un député à l’origine de quelque chose de nouveau. Nous avons plus que jamais besoin de gaullisme car aujourd’hui, plus personne ne trouve sa place dans notre pays. C’est un déclassement général, un effondrement où tout nous échappe. C’est pour cela que les deux extrêmes sont si forts. Ils donnent l’illusion aux Français qu’ils changeront les choses mais ce ne sont que des imposteurs, Mélenchon et Le Pen étant les deux faces de la même médaille.

Nouvelles tensions entre Eric Ciotti et Aurélien Pradié

Les carrières longues, au cœur de la réforme des retraites, avaient alimenté les tensions entre le patron des Républicains et son n°2, Aurélien Pradié. Eric Ciotti relance la polémique en expliquant que son groupe politique a porté cette mesure venant d’Aurélien Pradié, mais en oubliant de dire que cela a valu au député du Lot d’être démis de ses fonctions exécutives du parti.

Un positionnement d’Eric Ciotti qui fait bondir le député du Lot.  » Comment peut-on à ce point prendre les Français pour des imbéciles ? C’est ahurissant. En 2022, j’avais mené la bataille pour défendre les carrières longues à l’Assemblée Nationale. J’en suis très fier. Eric Ciotti, lui, s’était opposé à moi sur ce même sujet. J’avais eu le courage de voter la motion de censure contre le gouvernement. Ciotti, lui, avait fait passer la réforme des retraites. Il était la béquille du Macronisme. C’est d’ailleurs parce que je défendais sans relâche les carrières longues qu’il m’avait démis de mes fonctions de vice-président du parti. Ce numéro de Guignol n’est vraiment pas à la hauteur de ce qu’attendent les Français. », nous confiait Aurélien Pradié, ce mardi matin.

La reconstruction que vous évoquez peut-elle inclure des macronistes ?

Je ne transigerai avec personne, même si je crois à la repentance, mais on ne règle pas les problèmes avec ceux qui ont contribué à les créer. Le macronisme a abîmé le pays car il a été incapable de changer la vie des Français.

Dimanche, vous sentez-vous en danger sur votre circonscription du Lot ?

Les Lotois me donnent beaucoup de force depuis une semaine. Ils ont compris ma liberté, que j’étais le député de tout le monde et que, demain, il fallait à l’Assemblée nationale un député avec une voix qui porte. Ici dans le Lot, les électeurs sont aussi très attachés à la personnalité de leur député à comparer avec les parachutés du RN qui ne votent même pas dans le département. Quant aux électeurs de gauche, beaucoup me disent refuser de voter pour une candidate mélenchoniste car voter Nouveau Front Populaire c’est voter pour Mélenchon Premier ministre. Majoritaire au sein du NFP, il s’imposera pour Matignon.

C’est au volant de sa désormais célèbre 4L qu’Aurélien Pradié sillonne les routes du Lot jusqu’au premier tour.
C’est au volant de sa désormais célèbre 4L qu’Aurélien Pradié sillonne les routes du Lot jusqu’au premier tour. DDM – G.B.

Comment analysez-vous la situation en Occitanie ?

Ce que la gauche républicaine a fait à ses électeurs est impardonnable. De Raphaël Glucksmann à Carole Delga, un espoir s’était créé mais ils se sont disqualifiés à l’instant même où ils se sont alliés à Jean-Luc Mélenchon pour une poignée de circonscriptions. Cela vaut de la même manière pour Eric Ciotti qui est une coquille vide, vendu aux lepénistes. Ceux qui seront passés au milieu de tout ça, en résistant, auront une force politique pour reconstruire. La première étape c’est de revenir à l’Assemblée nationale. Nous sommes à l’année zéro de la reconstruction.

Demain à l’Assemblée, voteriez-vous des lois portées par un Premier ministre RN ?

Il faut être capable de voter un texte quand il va dans le sens du pays, ce que j’ai toujours fait notamment en matière d’immigration. Je suis persuadé que le RN n’aura pas la majorité absolue donc la clef seront des majorités relatives qui imposeront un nouveau cap à Emmanuel Macron dans le cadre d’une cohabitation.

La Dépêche