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Alors que la majorité s’affiche unie sur la tombe du général, Dominique de Villepin a préféré partir mardi à la rencontre d’étudiants et de responsables d’associations du Val-d’Oise .
Que faire le jour de l’anniversaire de la mort de De Gaulle quand on revendique l’héritage du général ? Lui rendre hommage à Colombey-les-Deux-Églises ? En ce mardi 9 novembre, Dominique de Villepin ne cède pas au rituel au contraire de Nicolas Sarkozy. « L’exemple du général de Gaulle s’impose à moi tous les jours, je ne suis pas obsédé par les commémorations officielles », balaye-t-il. Alors que la majorité s’affiche uniesur la tombe du général, le président de République solidaire a préféré partir à la rencontre d’étudiants et de responsables d’associations du Val-d’Oise.
D’abord à l’Essec de Cergy-Pontoise, puis dans une école d’ingénieurs, Dominique de Villepin cueille l’occasion pour mettre en doute le « gaullisme » du président : il en est « tellement loin » « qu’il n’y a même pas de trahison, il n’est même pas dans le paysage », assène-t-il. L’ancien Premier ministre prend soin de ne pas paraître attaquer le chef de l’État, après avoir affirmé qu’il était « l’un des problèmes de la France ». « Cette charge, si charge il y a, c’est d’abord la volonté d’une vie politique alternative », se justifie-t-il. « Nous ne sommes pas dans l’antisarkozysme, nous sommes au-delà du sarkozysme », martèle le président de République solidaire. Une nuance difficile à saisir, surtout quand Dominique de Villepin revient à la charge sur l’esprit de cour, le titre de son dernier livre.
Des ministres « lèche-bottes »
L’esprit de cour. Rien ne le symbolise mieux que ce remaniement, annoncé il y a trois mois, et toujours pas concrétisé, estime Dominique de Villepin. Cela fabrique des ministres « lèche-bottes ». « Nous avons un président à qui personne ne dit la vérité et qui a du mal qu’un trublion comme moi vienne la lui dire », se permet-il d’ironiser. Son entourage fustige d’ailleurs les cris d’orfraie poussés par la majorité après ses propos du week-end. Et renvoie à la violence de ceux de Sarkozy qui voulait pendre son rival à « un croc de boucher »…
Sur le devant de la scène, Dominique de Villepin, tout sourire, déroule le même discours – rodé – à chaque interlocuteur. Quand un jeune lui lance « Je ne vois pas la différence entre votre politique et celle de Nicolas Sarkozy », il répond en énumérant ses désaccords avec le chef de l’État : le discours de Grenoble qui a introduit une distinction entre citoyen français et citoyen d’origine étrangère, la réforme des retraites qui obligera ceux qui ont commencé à « travailler à 18 ans à cotiser 44 ans », ou encore « la politique de rabot » qui frappe les effectifs de la fonction publique.
Solitude
« L’esprit d’indépendance », hérité de De Gaulle, voilà comment Dominique de Villepin résume son alternative à Nicolas Sarkozy, que cela soit en politique étrangère ou dans l’exercice du pouvoir. Il lui en faudra une bonne dose s’il veut aller jusqu’au bout et se présenter à la présidentielle de 2012. Car l’ancien Premier ministre semble ne pas se faire d’illusion sur l’attitude de ses « amis » de République solidaire : « Il y en a déjà pas mal dans le gouvernement (…). Sarkozy sera tenté d’en choisir d’autres. » Il préfère même en rire : « Cela montre la voie la plus rapide pour rentrer au gouvernement, c’est le villepinisme. »
C’est accompagné de la seule Brigitte Girardin, fidèle entre les fidèles, que Dominique de Villepin a passé sa journée achevée par un incontournable hommage à de Gaulle lors de la visite d’une exposition consacrée à l’homme du 18-Juin organisée dans le village de Saint-Prix, en présence du neveu du général, Bernard de Gaulle. Le maire de la commune a volontiers accepté de recevoir l’ancien Premier ministre. Et pour cause, il s’agit de Jean-Pierre Enjalbert, un des porte-parole de Debout la République, qui a rendu sa carte de l’UMP au moment de l’élection de… Nicolas Sarkozy. Une étape que Dominique de Villepin n’a pas encore franchie, malgré son « esprit d’indépendance ».
Par Marc Vignaud
Source : le point 10/11/2010