Elisabeth Guigou évoque la « réputation » de DSK, Gisèle Halimi fustige l’esprit de clan

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Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice, a évoqué, mercredi, sur RTL, la réputation de Dominique Strauss-Kahn. « Ce qui est vrai, c’est que Dominique Strauss-Kahn a depuis toujours une réputation d’homme qui s’intéresse vraiment aux femmes, et même de libertin », a-t-elle déclaré. Selon elle, cette réputation était « très connue de tout le monde ».

« Mais il y a une très grande différence entre ça et le délit ou le crime sexuel où là, il faut être évidemment d’une sévérité implacable », a expliqué l’ex-ministre de la justice. D’après « ce que je lis dans la presse ces derniers temps (…), c’était borderline, comme disent les Américains », mais « je n’avais pas de renseignements particuliers là-dessus », a ajouté la députée, qui a siégé avec Dominique Strauss-Kahn dans plusieurs gouvernements socialistes.« Il y a une très grande différence entre la réputation de dragueur (…) qu’il avait, qui était établie, qu’il assumait et que sa femme assumait », et « l’accusation dont il est l’objet, qui est grave, très grave, de délit ou de crime sexuel. C’est quelque chose de très différent », a-t-elle insisté. Elisabeth Guigou est la première personnalité socialiste à s’exprimer en public sur cet aspect de la personnalité de Dominique Strauss-Kahn, précédé depuis des années par la réputation d’avoir un rapport trouble avec les femmes.

« LEVÉE DE BOUCLIERS D’AMIS »

L’avocate féministe Gisèle Halimi estime que « le respect des femmes » doit « prévaloir sur l’amitié et l’esprit de clan », se disant de ce point de vue « déçue par la gauche ». Pour Gisèle Halimi, interrogée dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, la jeune femme employée de l’Hôtel Sofitel de New York qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle « dit la vérité ».« Comment voulez-vous croire qu’une simple femme de ménage, noire, mère célibataire de surcroît, ne dise pas la vérité ? Quel serait son intérêt ? », ajoute-t-elle. Cette femme « a osé parler. Mais bientôt, on va fouiller dans sa vie privée (…). J’ai commencé à lire ici ou là des dénigrements. Mises en cause, ces femmes finissent par sombrer dans une dépression et regrettent d’avoir porté plainte », note l’avocate, en affirmant que « l’objectif est, bien sûr, de les contraindre au silence ».

Interrogée sur les images du directeur du FMI sortant du commissariat menotté, elle y a vu « une leçon d’indépendance et d’intégrité de la justice américaine », tout en reconnaissant « une sorte de commisération à l’égard de la chute d’un homme ». Elle se dit « persuadée que si cette affaire était arrivée en France, on n’en aurait rien su ». Evoquant « la levée de boucliers des amis » de Dominique Strauss-Kahn, elle se dit « déçue par la gauche ». « Il ne me semble pas avoir entendu les Aubry, Guigou, Royal exprimer leur compassion pour la victime ». « Je le regrette car s’il y a une chose qui doit prévaloir sur l’amitié, l’esprit de clan, c’est le respect des femmes », dit-elle.

Jusqu’ici, les socialistes, famille politique de Dominique Strauss-Kahn, ont observé une très grande réserve sur l’accusation de tentative de viol qui le vise aux Etats-Unis, se réfugiant notamment derrière le principe de présomption d’innocence. Mardi, sur France Inter, Robert Badinter a dénoncé « une mise à mort médiatique » de DSK. L’ancien ministre de la justice aurait « aimé l’égalité des armes » entre « l’accusatrice » et « le présumé innocent » : « On dit ‘c’est la justice égale pour tous’. Plaisanterie, dérision ! En vérité, quand Strauss-Kahn est là assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang de dealer. » « Où est l’égalité des chances quand en effet l’accusatrice dit ‘je suis la victime’ et qu’on la protège et DSK répond ‘je plaide non coupable’ et on l’accable ? », a-t-il plaidé.

Source : LEMONDE.FR avec AFP | 18.05.11

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