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« LEVÉE DE BOUCLIERS D’AMIS »
L’avocate féministe Gisèle Halimi estime que « le respect des femmes » doit « prévaloir sur l’amitié et l’esprit de clan », se disant de ce point de vue « déçue par la gauche ». Pour Gisèle Halimi, interrogée dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, la jeune femme employée de l’Hôtel Sofitel de New York qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle « dit la vérité ».« Comment voulez-vous croire qu’une simple femme de ménage, noire, mère célibataire de surcroît, ne dise pas la vérité ? Quel serait son intérêt ? », ajoute-t-elle. Cette femme « a osé parler. Mais bientôt, on va fouiller dans sa vie privée (…). J’ai commencé à lire ici ou là des dénigrements. Mises en cause, ces femmes finissent par sombrer dans une dépression et regrettent d’avoir porté plainte », note l’avocate, en affirmant que « l’objectif est, bien sûr, de les contraindre au silence ».
Interrogée sur les images du directeur du FMI sortant du commissariat menotté, elle y a vu « une leçon d’indépendance et d’intégrité de la justice américaine », tout en reconnaissant « une sorte de commisération à l’égard de la chute d’un homme ». Elle se dit « persuadée que si cette affaire était arrivée en France, on n’en aurait rien su ». Evoquant « la levée de boucliers des amis » de Dominique Strauss-Kahn, elle se dit « déçue par la gauche ». « Il ne me semble pas avoir entendu les Aubry, Guigou, Royal exprimer leur compassion pour la victime ». « Je le regrette car s’il y a une chose qui doit prévaloir sur l’amitié, l’esprit de clan, c’est le respect des femmes », dit-elle.
Jusqu’ici, les socialistes, famille politique de Dominique Strauss-Kahn, ont observé une très grande réserve sur l’accusation de tentative de viol qui le vise aux Etats-Unis, se réfugiant notamment derrière le principe de présomption d’innocence. Mardi, sur France Inter, Robert Badinter a dénoncé « une mise à mort médiatique » de DSK. L’ancien ministre de la justice aurait « aimé l’égalité des armes » entre « l’accusatrice » et « le présumé innocent » : « On dit ‘c’est la justice égale pour tous’. Plaisanterie, dérision ! En vérité, quand Strauss-Kahn est là assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang de dealer. » « Où est l’égalité des chances quand en effet l’accusatrice dit ‘je suis la victime’ et qu’on la protège et DSK répond ‘je plaide non coupable’ et on l’accable ? », a-t-il plaidé.
Source : LEMONDE.FR avec AFP | 18.05.11