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MARIO VARGAS LLOSA 17/07/2011
A moi, en revanche, le personnage me semble répugnant et je tends à penser que ce que la femme de chambre dit de lui est vrai. Il continuerait de me sembler répugnant même s’il s’avérait que le sexe oral avec lequel il se gratifia ce matin à New York fut consenti, car, même sollicité en mettant les formes et qu’il eut payé pour, il aurait commis un acte lâche, de prépondérance dégoutante envers une pauvre femme infiniment plus faible et vulnérable que lui, qui se serait soumise à cette pantomime par besoin ou par peur (…) un acte ignoble et vil, surtout lorsque celui qui le commet est un homme de pouvoir presque seigneurial, que c’est ce qu’il était jusqu’ici le presque intouchable Strauss-Kahn.
Donc, s’il y a des indications négatives en ce qui concerne le caractère et la personnalité de la femme de chambre guinéenne de l’Hôtel Sofitel, les lettres de créance morales de l’hôte sont très loin d’être limpides. Tout tend à indiquer que se seigneur super-intelligent, ultra-puissant et millionnaire était habitué à se permettre certains excès dans la certitude de que à quelqu’un comme lui ces faiblesses lui étaient permises, de la même manière que le droit de cuissage aux seigneurs féodaux. Ce qui est terrible c’est qu’il semblerait que bon nombre de ses concitoyens sont d’accord avec lui. L’indignation à l’encontre de la police et la justice des Etats Unis pour avoir traité cet homme si important et prestigieux comme un vulgaire pickpocket pris in fraganti est quasi unanime.
(…)
Je crains fort, d’après ce que je lis ces jours-ci à Paris, que dans son propre pays il aurait eu un traitement exceptionnel et, probablement, il n’aurait jamais été jugé. Ce qui est sûr, c’est que la femme de chambre guinéenne aurait été expulsée du pays comme illégale, faussaire et pratique de la prostitution. «
Source : EL PAIS.com