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Et voilà le candidat que l’on n’attendait pas, ou plus : Dominique de Villepin a annoncé dimanche soir, sur le plateau de TF1, qu’il se présentait à l’élection présidentielle de 2012.
L’ancien Premier ministre, qui n’est crédité dans les sondages précédant son annonce de scores très bas, entre zéro et 2, s’est présenté comme un « gaulliste indépendant », et s’est décrit comme étant « au-dessus des partis » et en faveur de l’« union nationale ».
Les commentateurs, et il faut le dire, ses propres amis, avaient fini par ne plus croire que Dominique de Villepin se présenterait. Le mois dernier, il avait même lâché à la télévision ce qui apparaissait comme un lapsus en déclarant qu’il n’était « pas candidat »…
Plusieurs handicaps
Reste à savoir ce que peut réellement réaliser Dominique de Villepin dans cette campagne dans laquelle il se lance avec plusieurs handicaps :
- sa formation, République solidaire, qu’il a décrit dimanche soir comme étant « au-dessus des partis », est proche de la coquille vide et ne ressemble pas à une structure capable d’organiser une campagne présidentielle susceptible de rivaliser avec l’UMP, le PS ou le FN. Dominique de Villepin n’en est d’ailleurs plus le président ;
- une campagne électorale coûte cher, et l’ancien Premier ministre devra trouver les sommes nécessaires pour être dans la course ;
- son discours en faveur du rassemblement des Français de droite, de gauche, ou du centre pour faire face à la crise est déjà largement incarné par François Bayrou qui, fort de son bon score de 2007, a lancé sa campagne la semaine dernière et est déjà crédité d’un score à deux chiffres dans les sondages ;
- débarrassé de l’affaire Clearstream, il garde au moins deux « casseroles » potentielles dont il aura peut-être du mal à se débarrasser d’ici au printemps 2012 : l’affaire de Karachi dans laquelle son nom apparaît, et la nouvelle affaire concernant l’ex-Président des Relais & Châteaux, son ami Régis Bulot, soupçonné de détournements de fonds.
Oublié le « croc de boucher »
Dominique de Villepin a assuré dimanche soir qu’il avait une relation « apaisée » avec Nicolas Sarkozy, avec lequel il a eu plusieurs contacts récents, et qu’il n’agissait pas sous le coup de la « rancune ». Oublié le « croc de boucher » auquel Sarkozy voulait le pendre, donc.
Il a également affirmé à Claire Chazal, qui n’a guère été insistante, qu’il n’était « pas concerné » par l’affaire Relais & Château, même si des écoutes téléphoniques policières laissent entrevoir la possibilité que l’ex-Premier ministre ait pu bénéficier de vacances payées par Relais & Châteaux en échange de service rendus. Il sera sûrement entendu par la justice.
Nadine Morano : « un homme seul »
Dominique de Villepin sait que sa candidature sera accueillie avec un profond scepticisme, et même, comme le montrent les premières réactions sur Twitter, comme un « non-événement » de la campagne. Mais il a promis dimanche soir des « surprises » : sa présence dans la course à l’Elysée en constitue déjà une…
Nadine Morano, en charge des élections à l’Elysée, a d’ores et déjà tenté de dissuader l’ancien Premier ministre, dénonçant une « candidature de posture ». Sur BFM-TV, elle a fait planer le risque qu’il n’obtienne pas les 500 signatures :
« Dominique de Villepin est un homme seul, sans moyens financiers, sans mouvement politique… L’intérêt général de la France, c’est de faire bloc autour du président de la République. »
Parmi les réactions dimanche soir, certaines exprimaient cette surprise, à l’image de Laure de la Raudière, députée UMP d’Eure-et-Loire, qui admettait avoir « perdu une bouteille de champagne » dans un pari, et confiait qu’elle n’avait « pas le sentiment que cela va durer ».
Source : Rue89 11/12/2011