Dominique de Villepin sort l’arme lourde contre Nicolas Sarkozy. Dans une tribune au vitriol sur le site Internet du « Monde », l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac se dit « effrayé » de la campagne d’entre-deux-tours à droite, jugeant que « les lignes rouges républicaines sont franchies une à une » dans « le débauchage sans vergogne des voix extrémistes ». Sans jamais citer le chef de l’Etat sortant, qui s’efforce de capter la réserve cruciale des voix du Front National (17,9%) pour tenter de l’emporter le 6 mai face au favori socialiste, le fondateur de République solidaire livre une charge féroce contre la stratégie de « droitisation » du candidat UMP. François Hollande ne trouve pas pour autant grâce à ses yeux. Dominique de Villepin considère que son projet, comme celui de son adversaire, n’apporte pas « les réponses nécessaires à une crise d’une gravité exceptionnelle ».
« La dérive électoraliste qui s’est engagée est un processus incontrôlable et sans fin. Une concession en entraînera toujours une autre. Un gage à l’extrémisme toujours un plus grand encore. Une digue rompue en fera céder une autre. Halte au feu ! », souligne l’ancien chef du gouvernement.
« Je ne supporte pas l’hystérie générale qui s’est emparée de l’élection dans laquelle le peuple français est pris en otage par six millions d’électeurs en colère. Aujourd’hui, tout se passe comme s’il n’y avait en France que des électeurs du Front National. Comme s’il n’y avait pas d’autres questions que le halal, l’immigration légale, les horaires de piscines municipales », déplore le président de République solidaire.
Il met en garde la droite contre « le poison mortel » qui la « menace » : « celui du reniement de ses valeurs, celui du sacrifice de ce qui fait notre identité ». « Ne nous abîmons pas », clame-t-il.
« Le 6 mai, quoi qu’il arrive, sera la victoire d’un homme, mais pas la victoire de la France. Tout sera à faire », considère Dominique de Villepin. « Mon rôle n’est pas de dire pour qui voter, car chacun doit prendre ses responsabilités. Les citoyens ne sont ni des moutons ni des enfants turbulents », conclut l’ancien Premier ministre, invitant les électeurs à penser le 6 mai à ce que le France « a toujours porté de meilleur ».
Hollande prudent
François Hollande a accueilli avec prudence la déclaration de Dominique de Villepin. « Je ne veux pas essayer de récupérer ou d’instrumentaliser les déclarations qui sont faites par des personnes que je connais, que je sais de bonne foi mais qui ne sont pas de ma famille politique », a déclaré le candidat socialiste devant des journalistes à Bourges.
« Je ne sais pas quel sera finalement son choix », a souligné le député de Corrèze. « J’ai cru comprendre qu’il n’était pas convaincu par les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy dans cette campagne et qu’il demandait le rassemblement et le redressement », a-t-il poursuivi.
« Moi, j’ajoute, je suis pour le rassemblement, le redressement et la justice. Ceux qui veulent participer à cet élan, le moment venu, pourront le faire mais dans la clarté« , a-t-il relevé.
« Il n’y a pas de ma part de recherche de captation, de négociations », a souligné aussi le candidat socialiste.
Source : RTL.fr (Avec AFP) 27/04/2012