Dominique de Villepin s’interroge sur l’intervention au Mali

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Le Monde.fr avec AFP | 13.01.2013

L'ancien ministre des affaires étrangères avait porté en février 2003 à l'ONU le "non" de la France à la guerre en Irak.
Dominique de Villepin, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac estime dans une tribune au Journal du dimanche qu’« aucune des conditions de la réussite n’est réunie » au Mali, où la France intervient militairement depuis vendredi contre des groupes islamistes armés.
Dans ce texte intitulé « Non, la guerre ce n’est pas la France », où jamais il ne cite le nom du président François Hollande, M. de Villepin s’interroge : « Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? » « L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la « guerre contre le terrorisme » m’inquiètent », écrit l’ancien ministre des affaires étrangères, qui avait porté en février 2003 à l’ONU le « non » de la France à la guerre en Irak.Pour lui, « au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie ». « Nous nous battrons à l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) sont autant de guerres différentes », ajoute-t-il.

« Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide », développe-t-il. « Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ? »

Enfin, « nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences », dit encore celui qui se targue de n’avoir « jamais cessé » depuis 2003 et l’Irak de « (s’) engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force ».

Depuis vendredi les réactions dans la classe politique à l’intervention au Mali ont traduit, pour l’essentiel, une approbation de la décision de François Hollande, qui s’est félicité samedi de ce « consensus politique ». Du côté des voix critiques vendredi, le député écologiste Noël Mamère a dit « s’étonner que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées ». Pour le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, « l’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable » et « en décider seul, sans en saisir préalablement ni le gouvernement ni le Parlement, est condamnable ».

Source : Le onde.fr publié le 13/01/2013

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