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Dans l’académie d’Orléans-Tours, un barème leur recommande de noter l’épreuve de français sur 24 points et non sur 20.En raison des piètres résultats de leurs élèves au bac 2012, les professeurs de lettres de l’académie d’Orléans-Tours sont appelés à surnoter l’édition 2013… Quitte à trafiquer le barème en notant l’épreuve orale de français sur vingt-quatre points au lieu de vingt.
Des enseignants ne décolèrent pas à ce sujet, leur agacement se ravivant à l’approche de l’épreuve de français de première programmée mercredi. Dûment chapitrés dans leurs lycées par leurs inspecteurs pédagogiques régionaux entre octobre et novembre, ils se voient reprocher leurs notes de l’année précédente jugées «trop mauvaises»: «Vous allez devoir faire preuve de davantage d’indulgence pour le bac 2013» et votre «attitude de notation est négative» leur lance-t-on.
Distribuée aux correcteurs, une grille d’évaluation régionale que Le Figaro a pu consulter explique noir sur blanc concernant l’oral de français, que ce dernier doit être noté sur vingt-quatre points, découpés en «compétences»: il faut compter deux points pour la «lecture» et la «compréhension» du texte, quatre points pour la «capacité à mettre les éléments en relation et à réagir avec pertinence», quatre autres points pour «le niveau de langue orale» et les «qualités de conviction», etc. Les examinateurs doivent remplir deux fiches de barème: l’une, officielle et nationale, sur 20, traduction de la deuxième, officieuse, émanant de l’inspection régionale, sur 24. «C’est éthiquement inacceptable. Les moins bons élèves y gagneront quand les meilleurs y perdront. Il y a rupture de l’égalité entre les candidats d’Orléans-Tours et avec ceux du reste de la France», s’agace un correcteur. Entre un élève noté dix-huit sur vingt et un autre noté vingt sur vingt, pourront se cacher jusqu’à six points de différence! «Pourquoi ne pas admettre que nos élèves ont simplement fait une contre-performance par rapport au reste de la France, l’an dernier? Pouvons-nous honnêtement envoyer de futurs bacheliers à l’université avec des notes que nous ne leur aurions pas attribuées sans ces consignes ?», dénonce une enseignante quand une autre dénonce la «mascarade» du bac: «Personne ne se demande si les programmes scolaires ne sont pas trop lourds ou inadaptés à nos élèves.» Aux questions des enseignants, les inspecteurs ont répondu qu’il ne s’agissait pas d’«un barème à proprement parler», juste un moyen pour les enseignants de «penser positif» sur la notation… Interrogé par Le Figaro au sujet de cette obsession du classement académique, un haut fonctionnaire du ministère répond avec simplicité «qu’il faut bien gérer les flux». Dans une académie, un point d’échec supplémentaire au bac peut se traduire par 2 000 élèves à faire redoubler au lycée l’année suivante. Un coût considérable par ces temps de disette budgétaire.
Source : Le figaro.fr publié le 18/06/2013