Municipales à Sceaux : la droite malmène le maire centriste

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Le maire (UDI) sortant Philippe Laurent brigue un troisième mandat. Il devra affronter trois autres listes, notamment celle de Jean-Jacques Campan (SE), qui l’avait battu aux cantonales de 2011.

Bordée par le parc de Sceaux et son château, accueillant de prestigieux établissements comme de lycéeLakanal, d’élégants pavillons et de larges espaces, la ville semble déterminée à protéger son cadre idyllique. Elle est l’une des rares communes de petite couronne parisienne à avoir perdu des habitants entre 1999 et 2009. Et à n’avoir enregistré que 121 logements supplémentaires pendant la même période (chiffresInsee).A l’ombre du château, la concurrence est sévère pour déloger le maire (UDI) Philippe Laurent de son siège de maire. Et les attaques, qui sont les plus virulentes à droite, critiquent une dette colossale, une ville qui se meurt, et des emprunts excessifs. « En 2001, nous avions beaucoup de retard à rattraper sur les équipements publics, justifie Philippe Laurent. Et depuis 2008, nous avons réduit la dette ».

Certains tracts qui circulent qualifient l’édile de « pervers narcissique » et « d’autocrate ». « Le terrain est dangereux quand on commence à critiquer la personne plus que les idées », remarque un passant.

Droite remontée, gauche ressuscitée
« Sceaux est l’une des rares villes à se permettre d’avoir autant de candidats à droite », ironisent certains habitants.

En l’occurrence, deux voire trois listes concurrentes devraient s’affronter face au maire sortant centriste Philippe Laurent. Marqué par sa défaite aux dernières cantonales, pour lesquelles il n’avait pas fait campagne – « Je ne pensais pas être battu », reconnaît l’élu UDI- il brigue un troisième mandat. Habituellement sans étiquette, il part cette année à la d’une liste investie par l’ : « En vertu des accords nationaux, j’ai obtenu leur soutien. J’en suis très heureux. Mais je crois aussi avoir suffisamment donné de gages de mon indépendance ».

Son rival des cantonales, qui s’est donc installé dans son siège au conseil général, Jean-Jacques Campan, présente une liste sans étiquette avec un programme centré sur la sécurité, la fiscalité et davantage de . « Tout est possible, estime l’intéressé. En 2011, on m’a ri au nez, pourtant, j’ai gagné avec 54 % à Sceaux ».

Christian Lancrenon, délégué UMP de Sceaux, a choisi lui aussi de monter une liste dissidente, malgré l’investiture de son parti au maire sortant : « Personne ne peut croire que Philippe Laurent est UMP, son investiture a mis les militants vent debout », enrage encore le candidat, qui se dit « extrêmement confiant ». « Tous les voyants sont au vert. C’est moi qui rassemble les militants de droite ».

En 2008, la liste commune montée par ces deux hommes avait perdu au second tour avec 38,4 % des voix, contre 60 % pour Philippe Laurent. S’ils ont fait le choix de partir divisés pour le premier tour, Christian Lancrenon et Jean-Jacques Campan devraient s’unir au second. Ils pourraient peut-être aussi compter sur le soutien d’un troisième candidat. Bertrand Baillie, magistrat, s’interroge encore sur sa stratégie. Mais son association « Citoyens et Humanistes » est déjà à l’origine de tracts vindicatifs contre Philippe Laurent : « Je dis tout haut ce que les autres pensent tout bas ».

Une seule liste à gauche
A gauche, c’est presque un boulevard qui s’ouvre pour le seul candidat, Benjamin Lanier, 32 ans, à la tête d’une liste PS-EELV. Qui envisage même la victoire : « A chaque élection, la gauche monte. Et nous étions majoritaires à chaque fois, en cumulant PS et EELV ». La gauche devrait à minima obtenir quelques sièges de conseillers municipaux. Faute d’avoir déposé leur liste entre les deux tours, en 2008, les socialistes en ont été privés pendant six ans.

Vu de… la rue Houdan
Elle est enviée de toutes les communes environnantes, avec ses vitrines aux chocolats alléchants, ses traiteurs et cafés de gourmets, le clocher de l’Église Saint-Jean Baptiste qui s’y élève, et le parc de Sceaux voisin. La rue Houdan est centre névralgique de la ville, où se croise une grande partie de la population. « Elle fait partie du cadre de vie de qualité que nous avons, ici, avec de l’espace et beaucoup de parcs. Nous sommes des privilégiés », reconnaît une passante. « Même si le quotidien est cher, c’est le prix à payer pour le calme et la sérénité, glisse Virginie, 27 ans, installée avec sa famille depuis deux ans. Peut-être manque-t-il un peu d’animations ». « Mais c’est aussi pour cela que l’on vit ici. Sinon, je serai restée à Paris. Les prix ne sont pas très éloignés », ajoute une autre.

Quant à la fiscalité croissante et la dette colossale, argument de campagne des opposants au maire sortant : « C’est exagéré. Il suffit d’aller dans d’autres communes pour constater que les impôts locaux, ici, ne sont pas excessifs », poursuit Jane. « C’est plutôt la vie quotidienne qui est chère. Les mêmes commerçants sur les marchés de Bagneux ou de Fontenay vendent moins cher, remarque Yann, 66 ans, installé depuis 1984. Mais Sceaux a une population aisée. Politiques comme commerçants s’y adaptent ». Selon l’Insee, la ville compte une majorité de cadres supérieurs (27,6 % de la population) et de retraités (25 %). « On a néanmoins l’impression que la ville a engagé des dépenses dont on n’avait peut-être pas besoin, oupas en aussi grand, comme l’extension de la mairie par exemple », évoque Patrick, la quarantaine.

Vu du… quartier des Blagis
Loin des rues pavées du haut de la ville, Sceaux a un autre visage, plus méconnu, celui du quartier des Blagis. En son coeur, la résidence des Bas Coudrais et leurs HLM offrent une vision moins majestueuse : celle d’une partie des 23 % de foyers non imposables. « Ici, on dit que nous sommes les Scéens de seconde zone », se désole Monique. Prenant l’exemple du centre commercial voisin, elle raconte que « le carrelage du sol n’a jamais été refait », et qu’« il n’y a jamais eu d’eau dans la fontaine ». « Alors qu’ils ont entièrement refait certains sols de la rue commerçante ». « On a le sentiment que la ville s’arrête pour beaucoup au centre-ville », regrette un autre passant. « Depuis que les logements sont devenus des HLM (NDLR : rachetés par le bailleur Icade), c’est un peu moins propre, les cages d’escaliers sont moins bien entretenues, il y a un peu plus de racaille », constate Cindy, une mère de famille. « On ne sent pas en insécurité, surtout que le commissariat est juste à côté, mais on est un peu moins tranquille qu’il y a quelques années, confirme un retraité. Malgré la rénovation des façades prévue jusqu’en 2018, le centre social ou le théâtre, il y a encore des efforts à faire ».

Jila Varoquier | Publié le 22 févr. 2014, 07h00 

Source : http://www.leparisien.fr

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