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conflit israélo-palestinien, Nicolas Sarkozy, pacte de responsabilité, réforme territoriale
Le conflit au Proche-Orient s’intensifie. La France devrait-elle être davantage à l’initiative ?
Israël a droit à la sécurité. Les tirs de missiles du Hamas sont des actes de guerre et il est normal d’y répondre d’une manière militaire. Mais la riposte doit être proportionnée, ciblée. Tant qu’il n’y aura pas un Etat palestinien, il n’y aura pas de solution à ce conflit. Le processus de paix est au point mort. L’Occident est coupable et premièrement les Etats-Unis. Dans ce contexte, la France fait diplomatiquement ce qu’elle peut. Le plus utile serait qu’elle parvienne à convaincre le conseil de sécurité de l’ONU de la nécessité d’intervenir pour obliger Israéliens et palestiniens à mener des négociations de paix.
François Hollande a eu raison de dire que le conflit israélo-palestinien ne doit pas s’importer en France. J’encourage le gouvernement à être encore plus ferme. Les manifestations dont ce conflit est le prétexte doivent être interdites. L’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit et un poison qui n’est pas acceptable sur le territoire de la République française. En France, pro-israéliens et pro-palestiniens devraient chercher des solutions pacifiques pour surmonter leurs douleurs réciproques.
Le 14 juillet, François Hollande a assuré qu’une « nouvelle impulsion » est donnée pour lutter contre le chômage. Êtes-vous convaincu ?
Il a surjoué l’autorité mais en réalité, François Hollande est hors-sol, dans une bulle, au-dessus de la réalité. Il a reconnu qu’il s’était trompé en promettant la baisse du chômage mais il a immédiatement récidivé en se réjouissant des prévisions économiques pour l’année prochaine. Or, la situation financière de la France se dégrade. Notre pays va connaître un taux de croissance qui sera à peu près le tiers de celui la Grande-Bretagne et la moitié de celui de l’Allemagne. Nous risquons à tout moment un accident de financement majeur de la dette française auquel François Hollande ne donne pas le sentiment de se préparer du tout. Il donne au contraire le sentiment d’être un capitaine de bateau annonçant que la météo est bonne et la mer calme alors qu’en réalité, les indicateurs économiques et politiques sont au rouge.
Son pacte de responsabilité, qui consiste à aider les entreprises, baisser le coût du travail et la fiscalité sur les entreprises, ressemble pourtant à la politique que vous prônez…
Ce pacte va dans le bon sens mais le remède est totalement insuffisant. Il ne permettra pas de redresser l’économie française. François Hollande a été élu en mentant sur la réalité de la crise puis a conduit une politique désastreuse pendant 18 mois. A présent, la seule chose qu’il fait, c’est d’essayer de corriger ses erreurs originelles. Il a gâché deux ans alors qu’entre temps, la situation économique s’est aggravée.
De votre côté, vous avez exposé un projet de réformes très libéral en proposant la fin des 35 heures, la retraite à 65 ans ou la fin de l’ISF : ces réformes sont-elles adaptées à la France?
Tous les pays européens qui ont connu une crise similaire à la nôtre ont réagi par une rupture, c’est-à-dire un changement radical de politique : la Grande-Bretagne avec Thatcher ou l’Allemagne avec Schröder, l’Espagne et le Portugal de manière imposée. La France, elle, ne l’a jamais fait. Je n’ai pas de pulsion idéologique m’amenant à considérer que seules les solutions libérales sont efficaces mais je considère qu’une ligne rouge a été franchie en terme d’accumulation de règlementations et d’impôts qui ruinent l’économie française. Il faut simplement retrouver un peu d’équilibre et de bon sens pour libérer notre capacité à entreprendre. Cela passe par un nouveau code du travail plus allégé, par une sortie des 35h, par une réduction de la fiscalité sur les entreprises, par une baisse drastique des dépenses publiques…
Comment comptez-vous faire passer ces réformes ?
Il ne faut pas considérer la France comme un pays incapable de changer. Les Français mesurent l’ampleur de la gravité de la crise. Pour ma part, j’ai tiré l’expérience des échecs du passé : je sais par exemple que pour réussir ces réformes, il faut un gouvernement extrêmement restreint, préparé en amont à entrer en action. Les textes devront être prêts et la concertation préalablement conduite. L’impératif de résultats rend le temps utile pour réformer de plus en plus court. Il faut donc concentrer l’effort sur les cinq ou six réformes majeures pouvant redresser l’économie française. Elles devront être appliquées immédiatement après la présidentielle, en utilisant tous les moyens que permet la Constitution, y compris les ordonnances et les référendums. Dans la foulée de la présidentielle, je pense d’ailleurs qu’il faudra consulter le peuple sur la réforme territoriale et sur l’introduction dans la Constitution de règles impératives sur l’équilibre budgétaire et la réforme de l’Etat.
Pensez-vous comme certains que l’UMP est morte et qu’il faut un nouveau parti ?
Non, si je le pensais, je n’aurais pas accepté de faire partie de la direction transitoire qui cherche à redresser le parti et si j’avais dû quitter l’UMP, je l’aurais fait après l’élection volée de 2012. La grande famille politique de la droite et du centre est en crise dans sa structure partisane mais elle reste extrêmement forte et puissante dans le peuple français. Ma conviction, c’est que l’UMP, à condition qu’elle se réforme en profondeur, de la cave au grenier, est capable de porter l’espoir du redressement national.
Quel est le bilan de l’examen de la situation financière de l’UMP ?
Nous sommes confrontés à une double crise : nous avons perdu les élections européennes dans des conditions qui ne doivent pas être minimisées car pour la première fois depuis le début de la Ve République, l’extrême droite a été majoritaire en France. Et nous sommes frappés par un scandale financier majeur. Cette situation n’est pas le fruit du hasard : c’est le résultat de la façon dont l’UMP a été gérée depuis des années. Après un effort de redressement très important de 2008 à 2010, la situation s’est dégradée pour deux raisons : l’endettement immobilier, qui était un choix pour préparer l’avenir, et surtout à cause du poids absolument invraisemblable du financement de l’action politique en 2012. L’essentiel du problème financier de l’UMP vient de cet excès de dépenses. Aux juges de faire la lumière. Nous en tirerons les conséquences ensuite.
L’UMP peut-elle s’en relever ?
Avec Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et Luc Chatel, nous essayons d’abord d’éviter une faillite financière de l’UMP. L’audit montre que c’est possible en faisant des économies très importantes sur les dépenses de fonctionnement et d’action politique, ce qui va malheureusement nous handicaper lourdement pour mener les futures campagnes électorales. La situation reste extrêmement fragile et tendue. Nos engagements avec les banques ont été repoussés jusqu’aux élections présidentielle et législatives.
Les sarkozystes et les copéistes vous soupçonnent d’être à l’origine des fuites dans la presse…
Totalement à tort. Les fuites participent d’une tentative structurée de décrédibilisation de la direction actuelle de l’UMP.
Serez-vous candidat à la présidence de l’UMP lors du congrès de novembre prochain ?
Après le fiasco de l’élection interne de 2012, j’ai fait le choix de partir à la rencontre des Français, de préparer un projet politique et de présenter ce projet à la primaire pour la présidentielle de 2017. Rien ne me détournera de cet objectif. Je considère aujourd’hui que le redressement financier, la réorganisation et l’apaisement de l’UMP est une tâche qui doit être accomplie par quelqu’un qui s’y consacre à temps plein et qui ne devrait pas avoir en même temps l’intention d’être candidat à la primaire.
C’est la raison pour laquelle j’ai appelé à ce que cette élection soit l’occasion d’établir la jonction avec la génération montante. Dans ces conditions, je ne serai pas candidat à la direction de l’UMP.
Pour vous, le futur président de l’UMP ne devrait donc pas être candidat à la primaire ?
Rien ne l’interdit dans nos statuts mais je considère que ce n’est pas la bonne formule, ni la bonne solution. L’UMP se trouve dans un état terrible. Celui qui s’engage à redresser le parti, et à y remettre de la convivialité ne devrait pas être candidat à la primaire.
Vous ne soutenez donc pas la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP ?
Chacun est libre d’être candidat. Plutôt que d’une candidature qui verrouille le débat, l’UMP a besoin d’une candidature d’apaisement, qui ramène de la sérénité et permette d’organiser la primaire dans un climat de confiance, de façon à aboutir à une compétition maitrisée. Si Nicolas Sarkozy a un projet pour la France, il pourra le confronter aux autres à l’occasion de la primaire.
Les affaires peuvent-elles empêcher le retour de Nicolas Sarkozy ?
En tout cas, ce ne sont pas les affaires qui participent à l’établissement d’un climat serein au sein de l’UMP et d’un lien de confiance avec les Français. La crise de confiance à l’égard des responsables politiques est d’abord liée à leur incapacité à prendre les mesures pour redresser le pays. Si vous y ajoutez une multiplication d’affaires financières, donnant l’impression que les responsables se considèrent au-dessus des lois, tous les ingrédients sont réunis pour une révolte contre le système établi et une crise nationale. C’est naturel de penser à son destin personnel. Mais chacun devrait aussi avoir à cœur de réfléchir au danger qui menace la République.
Nicolas Sarkozy se dit victime d’un acharnement de la part des juges. Partagez-vous sa remise en cause de l’indépendance de la justice ?
J’ai trouvé très excessive la mise en scène de sa mise en examen. Mais le rôle des responsables politiques – en particulier un ancien président ou un ancien Premier ministre – n’est pas de remettre en cause les institutions judiciaires quelles que soient leurs imperfections. Veillons à ne pas affaiblir les piliers de la République déjà fragilisée par la crise.
Source : blog-fillon.com