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casse-toi pauvre con, François Hollande, Nicolas Sarkozy, qu'ils mangent de la brioche !, sans-dents, touche-moi pas! Tu me salis
Par Vincent Tremolet de Villers
De «qu’ils mangent de la brioche !» de Marie-Antoinette à «sans-dents» de François Hollande, Vincent Trémolet revient sur ces petites phrases qui restent associées aux grandes figures politiques.
De «bruits et odeurs» en «pain au chocolat» et de «je vous demande de vous arrêter» en «vieilli, usé, fatigué», l’histoire politique récente appose aussi ses mots sur ceux qui les prononcent. Ceux-ci, bien réels, passent au magma médiatique pour cristalliser un sentiment diffus et créer une vérité qu’il faut des années pour faire disparaître. Nicolas Sarkozy en sait quelque chose. Le 23 février 2008, au Salon de l’agriculture, une personne refuse la poignée de main du président de la République en lâchant: «Ah non, touche-moi pas! Tu me salis.»«Casse-toi, pauvre con!» lui répond Nicolas Sarkozy. La France entière découvre la vidéo de cet épisode. Cette réplique d’automobiliste devint le concentré du Fouquet’s, du yacht, de l’arrivée en jogging à l’Élysée, de Pétra et d’Eurodisney. De cérémonie militaire en discours solennel, Nicolas Sarkozy mettra des années à faire disparaître ces gros mots.
Le paradoxe, dans le cas des «sans-dents», est que ce mot n’a pas été filmé lors d’une conversation privée ou prononcé par erreur dans ce que la langue médiatique appelle un dérapage. Non, c’est une formule rapportée dans un livre de règlement de comptes. Il pourrait faire naître l’incrédulité, mais il arrive après les simagrées de Leonarda, les visites secrètes en scooter rue du Cirque, les communiqués de rupture envoyés à l’AFP. Les propos contradictoires sur la finance, les impôts, les «la reprise, elle est là». Après les mots qu’un livre récent prête à Arnaud Montebourg: «Hollande ment tout le temps, c’est pour cela qu’il est à 20 %.» Un Hollande dissimulateur, en perpétuel double jeu, trompant son monde et s’emmêlant dans ses mensonges, s’est esquissé dans les esprits. «Sans-dents»: il aura suffi d’une expression pour que l’image de François Hollande change. L’opinion publique le croyait simplement bonasse, elle le voit désormais affreusement cynique.
Source: lefigaro.fr