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 Les chefs des Eglises chrétiennes d’Orient se sont réunis à Washington du 9 au 11 septembre pour un sommet consacré à la défense des chrétiens du Moyen-Orient. Ils désirent informer les responsables et l’opinion publique aux Etats-Unis sur le sort des chrétiens persécutés dans cette région du monde. Les participants ont fait part aux membres du Congrès, au Capitole, de la tragique réalité qu’ils vivent en ce moment en Irak et en Syrie.

Washington Conférence pour la défense des chrétiens du Moyen-Orient (Photo: IDC)

Washington Conférence pour la défense des chrétiens du Moyen-Orient (Photo: IDC)

Mis sur pied par l’organisation «In Defense of Christians» (IDC), ce sommet a vu la présence de plus de 500 chefs spirituels chrétiens, responsables politiques américains et délégués. Il a permis au cardinal Béchara Raï de lire un manifeste au nom des autres patriarches des Eglises orientales qui l’accompagnaient. Traçant un tableau sans fard de la situation des chrétiens et des autres communautés ethniques et religieuses «expulsés avec pour seul bagage les habits qu’ils portaient», le patriarche maronite a appelé la communauté internationale à agir pour faciliter le retour des réfugiés chassés par ‘l’Etat islamique’, créer des zones sécurisées, et surveiller les individus et les pays qui soutiennent les jihadistes. Il a insisté sur l’urgence de prendre des mesures, «car le péril peut s’étendre plus loin que la Syrie et l’Irak».

Les membres du Congrès présents à ce sommet ont salué l’initiative de l’IDC, soulignant que les Etats-Unis devraient être fermes face à la menace islamiste qui se généralise et soutenir ceux qui en sont victimes. Ils ont qualifié de destructeur le jihadisme en cours dans cette région du monde. Les Etats-Unis devraient comprendre cette situation, «étant une nation fondée par des gens qui avaient fui les persécutions», a ainsi souligné le sénateur Rob Portman.

«Il n’est plus possible de regarder sur le petit écran les images des chrétiens et des autres communautés en train de tout perdre, et ne rien faire, même si l’on est à des milliers de kilomètres d’eux», a souligné le sénateur, cité par le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour».

Le premier but de ce sommet était de rassembler tous les membres de la diaspora chrétienne du Moyen-Orient, qu’ils soient orthodoxes ou catholiques, évangéliques, coptes, maronites, syriaques, chaldéens ou assyriens. Parmi les participants, on notait la présence, venu de Rome, du cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales. Assistaient également à cette rencontre les patriarches de l’Eglise orthodoxe d’Antioche Youhana (Jean) X Yazigi, de l’Eglise maronite Béchara Raï, de l’Eglise grecque-catholique melkite d’Antioche Grégoire III Laham, de l’Eglise syriaque-catholique Ignace Youssef III Younan, de l’Eglise syriaque-orthodoxe Ephrem II Karim, le catholicos arménien Aram I et le cardinal américain Donald Wuerl.

Un avenir sans chrétiens au Moyen-Orient est impensable

«Nous ne voulons pas croire en un avenir sans chrétiens au Moyen-Orient», a déclaré le cardinal Leonardo Sandri à l’ouverture du congrès d’»In Defense of Christians». Le prélat est largement revenu sur la défense des chrétiens au Proche-Orient, estimant une nouvelle fois que «l’assaillant injuste doit être arrêté, mais sans limiter notre raisonnement à l’utilisation de la force – nécessaire dans certains cas».

Rejetant l’idée qu’au Moyen-Orient se joue un conflit entre islam et christianisme, le cardinal Sandri a déclaré que «nos frères et soeurs, leur communautés, leurs sites historiques qui les accueillent depuis au moins 2000 ans, frappent plus fort que jamais à la porte des Nations Unies».

Face aux différents experts et personnalités invités à ce congrès, il a fait la liste des terribles événements qui secouent la région. Mais son attention s’est portée en particulier sur la situation des enfants, déplorant «l’endoctrinement barbare de ceux de moins de 10 ans, forcés de porter les armes alors qu’ils devraient être en train de jouer et d’aller à l’école». Pour mettre un terme à cette situation, le cardinal Sandri a appelé à rejeter clairement tout soutien politique, économique et militaire, explicite ou implicite, au groupe terroriste. Il a dénoncé aussi le silence de certains acteurs qu’il voit comme un acte de complicité, relève Radio Vatican.

L’enjeu de la lutte que mène l’Etat islamique n’est pas la religion, mais l’argent

Pour le cardinal Sandri, la théorie du choc des civilisations n’est pas confirmée et il ne s’agit pas d’une guerre entre l’islam et le christianisme. Il regrette toutefois que certains entendent «détruire la culture chrétienne, considérée comme étrangère, en opposition à une culture arabe islamique indigène». En Syrie et en Irak, la «présence chrétienne dans toutes ses dénominations a été un élément constitutif pendant 2000 ans», rappelle le cardinal «tout comme la culture musulmane qui s’est développée six siècles plus tard».

Il estime que l’enjeu de la lutte que mène le prétendu ‘Etat islamique’, qui chasse les chrétiens et les autres minorités, n’est pas avant tout une guerre religion. Il s’agit du contrôle de vastes intérêts économiques, rapporte pour sa part l’agence de presse catholique américaine CNS. Ces intérêts sont notamment la vente d’armes, le contrôle des puits de pétrole, la sécurité des pipelines de pétrole et de gaz. Pour mettre un terme à cette situation, le cardinal Sandri a appelé à rejeter clairement tout soutien politique, économique et militaire, explicite ou implicite, à ce groupe terroriste.

Un sénateur américain hué

 

Lors de son adresse aux participants, le sénateur républicain texan Rafael Edward «Ted» Cruz, s’est fait huer quand il a prétendu devant les chrétiens d’origine arabe que les «chrétiens n’avaient pas de meilleurs alliés que l’Etat juif». Ce politicien, qui bénéficie du soutien des ultraconservateurs du Tea Party, a poursuivi sous les sifflets, affirmant que «ceux qui haïssent Israël haïssent les Etats-Unis», et ceux qui haïssent les juifs ne suivent pas les enseignements du Christ. «Si vous ne voulez pas être aux côtés d’Israël et des juifs, a-t-il lancé avant de quitter le podium, alors je ne serai pas avec vous».

Source:http://www.kipa-apic.ch