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Le « Made in France » commence à faire recette. Cependant, la taille des projets ne cesse de se réduire.

L’an prochain, les premiers tracteurs devraient sortir de l’usine du groupe Kubota, en chantier à Bierne, dans le Nord – Pas-de-Calais. La semaine dernière, l’allemand Fresenius, leader mondial des services­ et produits pour le traitement de l’insuffisance rénale, a annoncé son intention d’investir 70 millions d’euros dans la création d’une unité de production de faisceaux de fibres pour dialyseurs, près de Lyon. A la clef, 80 emplois de techniciens, ingénieurs et opérateurs qualifiés.

Après plusieurs années de crise et de déclin de la production industrielle, le mouvement de fermeture de sites industriels et, surtout, l’effondrement des créations de nouvelles usines­ peuvent-ils être enrayés ? Les signaux sont encore ténus. Le cabinet Trendeo s’est fait une spécialité, depuis 2009, de répertorier et d’analyser la moindre annonce d’ouverture ou de fermeture d’usines sur le sol français. Il estime qu’au premier semestre, 87 usines de plus de 10 salariés ont été créées ou agrandies de manière significative, contre respectivement 66 et 56 au cours des deux semestres de l’année 2013.

Encore faut-il prendre en compte les fermetures de sites industriels. Selon Trendeo, le solde net se réduit, avec une perte finale de 20 sites sur le premier semestre 2014 contre 76 au dernier semestre 2013. Même note d’espoir en juillet : le cabinet n’a détecté que 7 fermetures, contre 24 en juillet 2013 !

Faut-il y voir un effet de la magie du discours volontariste et des politiques menées en faveur du made in France de bpifrance ? Le gouvernement a créé http://www.relocaliser.gouv.fr, un site contenant un test d’autodiagnostic, qui permet aux patrons de PME d’étudier le potentiel de leur entreprise à créer un nouveau site industriel. Ils sont ensuite dirigés vers un référent unique en région. Dans les grands groupes, le thème de l’usine du futur n’a jamais été aussi tendance ! En début d’année, l’i-Lab d’Air Liquide a lancé un concours d’idées baptisé « Rock my plant ». Les élèves d’écoles d’architecture ont dessiné des unités de séparation des gaz de l’air, toutes plus futuristes les unes que les autres. Mais, pour l’instant, cela n’a pas débouché sur une réalisation concrète.

Fives, de son côté, a créé le cahier de l’observatoire des usines du futur dont la deuxième édition est parue cet été. Le groupe a été chef de file sur ce thème qui figure parmi les 34 plans de la Nouvelle France industrielle du gouvernement. Et le sondage réalisé à cette occasion montre à quel point le travail de convic­tion est encore difficile à mener. Seulement 69 % des Français estiment que les usines sont encore créatrices d’emplois sur le territoire, contre 86 % des Chinois et 90 % des Américains. Un peu plus de la moitié des person­nes interrogées considèrent même qu’il n’est plus possible de réindustrialiser du fait de la trop forte concurrence des pays émergents !

Le cabinet Altares, qui travaille de son côté à partir des données des tribunaux de commerce, estime à 260 les nouveaux sites ouverts l’an dernier dans l’industrie manufacturière, soit une baisse de 23 % par rapport à 2012. L’Ile-de-France et la région Rhône-Alpes sont les plus dynamiques devant les Pays de la Loire.

Sur le terrain, la réalité est complexe et la différence de plus en plus ténue entre une usine classique et un entrepôt de logistique qui assemble des produits du monde entier. Amazon a annoncé ces derniers jours le recrutement de 2.500 personnes en prévision de la saison de Noël. Des emplois pour ses centres de distribution de Lauwin-Planque, de Saran, de Chalon-sur-Saône et de Montélimar. « Les 18 projets de sites logistiques annoncés depuis le début de l’année devraient permettre la création de 1.776 emplois. Et, même si un millier d’entrepôts ont été fermés, le solde reste positif de plus de 700 », explique David Cousquer, PDG de Trendeo.

La réforme territoriale, un facteur de désordre pour les projets

Une chose est sûre, les « gros » dossiers de création industrielle portaient sur plus de 50 salariés il y a quinze ans, mais la moyenne est aujourd’hui plutôt de 20 emplois. En compilant les données publiées par « L’Usine nouvelle », le cabinet d’étude Roland Berger estime à 21 millions d’euros le montant moyen des investissements réalisés. Régional Part­ners, dont le métier est d’être intermédiaire entre les chefs d’entreprise et les territoires, a détecté 720 projets potentiels l’an dernier et 343 au premier semestre 2014.

Tous sont unanimes : la réforme territoriale est dans l’immédiat facteur de désordre, avec le retrait progressif des départements des agences de développement ou leur fusion avec les comités de défense du tourisme. Ils attendent avec impatience les déclarations des futurs présidents de région, qui se verront dotés de tous les pouvoirs en matière de développement économique.

Réindustrialisation : La France construit usines

L’écart créations fermetures d’usine réduit.

Source: .lesechos.fr