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Si Manuel Valls s’attaque aux tabous socialistes et montre son désir de réforme, c’est pour éviter l’enlisement du pays… et de sa côte de popularité.

La phrase d’Emmanuel Macron sur l’assurance-chômage a provoqué une polémique à gauche, mais il en est une autre qui a suscité la perplexité. Ou plutôt le malaise. «  Changer les choses, c’est comme entrer dans la Vallée de la mort, jusqu’au dernier moment, on ne sait pas quand on va en sortir », a glissé le ministre de l’Economie au « Journal du dimanche ». Formule frappante en soi, mais formule résonnant d’autant plus fort aux oreilles de la gauche au pouvoir qu’elle a mis soudain une image sur un sentiment aussi diffus que partagé. Ce sentiment d’avoir conduit et encalminé la France dans une zone de danger dont personne ne sait comment sortir. France à l’arrêt dans sa Vallée de la mort : comment la faire redémarrer ?

Frapper fort

Il ne faut pas comprendre autrement les appels à la réforme lancés depuis deux semaines par Manuel Valls et Emmanuel Macron. « Il faut bouger, avancer malgré tout, faire en sorte que le mouvement ne s’arrête jamais », explique un proche du Premier ministre. Montrer que le quinquennat n’est pas fini, malgré l’économie qui s’enfonce, Bruxelles qui doute, les marchés qui oscillent, la gauche parlementaire qui se rebelle, et un président si impopulaire qu’il ne peut actionner aucun levier. Comment faire dès lors ?

Frapper fort ! C’est la méthode retenue par Manuel Valls qui attaque de front les tabous de la gauche que sont l’assurance-chômage, les allocations familiales, le contrôle des chômeurs…. Le tout fait s’étrangler le PS, et parfois tousser le président soucieux de respecter le rythme des partenaires sociaux. Qu’importe. « On aura mis la barre si haut, que tout ce qu’on fera en dessous paraîtra audacieux », dit le même conseiller. L’opinion y est favorable, du moment que les réformes sont justes, et ne matraquent pas les classes moyennes (préoccupation notable dans la modulation des allocations familiales).

La méthode fera-t-elle bouger les esprits et partant le pays ? Ou réveillera-t-elle les corporatismes ? Impossible à dire encore. « Au moins on aura essayé », dit-on chez Manuel Valls. Car il est un autre baromètre que le Premier ministre redoute de voir plonger dans une Vallée de la mort, celui de sa popularité. Réformer ou plutôt montrer qu’il veut réformer, c’est le faire monter, espère-t-il

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