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Le premier ministre suédois Stefan Loefven.

Par un décret publié jeudi 30 octobre, la Suède reconnaît l’Etat de Palestine, comme annoncé au début d’octobre par le premier ministre lors de son discours de politique générale. « C’est un pas important qui confirme le droit des Palestiniens à l’autodétermination », assure la ministre des affaires étrangères, Margot Wallström, dans une tribune publiée dans le quotidien Dagens Nyheter.

Une reconnaissance immédiatement saluée par le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a qualifié la décision de « courageuse et historique », encourageant les autres pays à la suivre.

La Suède devient le premier pays occidental de l’Union européenne à reconnaître officiellement la Palestine comme un Etat indépendant. «C’est un pas important qui confirme le droit des Palestiniens à l’auto-détermination», a indiqué la ministre des Affaires étrangères Mme Margot Wallström dans une tribune publiée dans le quotidien Dagens Nyheter. «Le gouvernement considère que les critères de droit international pour une reconnaissance de l’État de Palestine sont remplis»: un territoire, «bien que sans frontières fixes», une population et un gouvernement, a-t-elle ajouté.

La Palestine a déclaré unilatéralement son indépendance le 15 novembre 1988. Dans les jours qui ont suivi, 75 pays ont reconnu cette indépendance, pour la plupart des Etats appartenant au Pacte de Varsovie ou issus des pays du monde arabo-musulman, le bloc occidental se refusant à cette reconnaissance, à l’exception notable du Vatican. Aujourd’hui, selon l’Autorité palestinienne, 134 pays ont reconnu officiellement l’Etat palestinien, dont sept membres de l’Union européenne, pour la plupart issus de l’ex-bloc soviétique- qu’ils l’ont reconnu avant leur rentrée dans l’UE: la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre. C’est donc la première fois qu’un pays reconnaît l’Etat palestinien, tout en étant membre de l’Union européenne.

Le nouveau premier ministre de centre gauche Stefan Löfven avait annoncé sa décision dès sa déclaration de politique générale en octobre dernier. Cette déclaration, de la part d’un pays réputé pour son pacifisme et sa qualité d’intermédiaire dans les relations internationales avait été perçue comme un signe déterminant dans l’officialisation de l’Etat palestinien sur la scène internationale, ce qui avait fait grincer les dents d’Israël et des États-Unis.

Le président de l’Autorité palestinienne Mamhoud Abbas a salué ce geste, compris comme un soutien du gouvernement suédois au peuple palestinien face aux difficultés qu’il rencontre actuellement dans le processus de paix. «Cette décision est une réponse aux mesures prises par Israël à Jérusalem», a-déclaré son porte-parole, faisant sans doute référence à la montée des tensions autour de Jérusalem-Est ces derniers jours.

Quid de la France?

L’Autorité palestinienne «demande à tous les Etats dans le monde qui hésitent encore à reconnaître notre droit à un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 et ayant Jérusalem-Est comme capitale à suivre l’exemple de la Suède» a encore déclaré le porte-parole de Mamhoud Abbas. «Nous espérons que cela montre la voie à d’autres», a affirmé pour sa part la chef de la diplomatie suédoise Mme Wallström.

Si la France avait fait partie des 138 pays à voter pour l’acceptation de l’entrée de l’Etat palestinien comme Etat observateur à l’ONU en novembre 2012, celle-ci n’a toujours pas reconnu officiellement le pays. Des démarches sont en cours, après que la reconnaissance fut demandée officiellement à la France par l’Autorité palestinienne. La décision de reconnaître formellement l’Etat de Palestine appartient au président de la République. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, s’était déclaré fin aout favorable à une telle hypothèse. «Il faudra bien, à un moment, reconnaître l’Etat palestinien», avait-il déclaré à la Conférence des ambassadeurs, estimant que la solution des deux Etats pouvait seule assurer une paix durable.

Lundi dernier, les sénateurs écologistes et les députés Front de gauche ont manifesté leur volonté de voir se réaliser sans tarder cette reconnaissance officielle, par un vote au Parlement. La sénatrice écologiste Esther Benbassa a déposé en ce sens une résolution demandant que «la France reconnaisse sans délai l’État palestinien souverain et démocratique sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États» qui sera présentée aujourd’hui au Sénat.

 

135 PAYS RECONNAISSENT L’ÉTAT DE PALESTINE

La décision du premier ministre de se passer de l’aval du Parlement pour cette reconnaissance avait suscité la réticence des Etats-Unis, qui avaient jugé la démarche « prématurée », et les critiques d’Israël. Dans la foulée, au Royaume-Uni, la Chambre des communes avait adopté un texte enjoignant au gouvernement de faire de même.

L’Autorité palestinienne se prévaut actuellement de la reconnaissance de la Palestine comme Etat indépendant par 135 pays, soit près de 70 % des 193 Etats membres de l’ONU. Mais pour le moment, aucune des puissances occidentales n’a encore franchi le pas. Les rares pays de l’Union européenne a avoir pris cette décision l’ont fait avant leur adhésion.