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Lui a-t-il échappé qu’il avait en face de lui quatre figures représentatives de ses échecs, de ses impostures, de ses tours de prestidigitation, de ses mensonges, quatre figures du malheur français ?

Au plus bas dans les sondages – il venait encore, le matin même, déjouant avec maestria les pronostics des spécialistes qui jugeaient impossible de descendre plus bas, de battre un nouveau record d’impopularité – c’est un président plutôt crispé qui abordait hier soir l’émission spéciale habilement réalisée et mise en scène par TF1 et RTL dans le rôle difficile du principal interprète. Disons les choses comme elles sont et non comme on voudrait qu’elles soient. Les questions gênantes, méchantes ou indiscrètes qui ont été d’emblée posées à François Hollande l’ont évidemment servi en lui permettant de jouer les pères nobles et de faire ressortir la bassesse, la vulgarité, la sottise, l’insignifiance ou l’excès de certains des reproches et de certaines des critiques qui lui ont été adressés.

C’est donc un président plus détendu et même tout requinqué qui a abordé la deuxième partie de l’ « exercice », pour reprendre l’expression de Gilles Bouleau, auquel il avait accepté de se soumettre. Confronté à quatre interlocuteurs bien choisis, bien choisis parce que tous les quatre se sont exprimés avec courtoisie, avec aisance, mais aussi avec fermeté et sans se laisser intimider, bien choisis parce que c’étaient vraiment des « vrais gens », le politicien professionnel qu’est depuis près de quarante ans le président de la République, compréhensif, souriant, prenant des notes, hochant la tête, approuvant, encourageant, prenant des engagements, multipliant les clins d’œil et les promesses, se retrouvait dans la situation familière du candidat en campagne, cherchant à gagner la sympathie et la voix des électeurs rencontrés. Lui a-t-il échappé qu’il avait en face de lui quatre figures représentatives de ses échecs, de ses impostures, de ses tours de prestidigitation, de ses mensonges, quatre figures du malheur français, une chômeuse « senior » qui ne retrouvera jamais d’emploi, un chef d’entreprise dynamique qui lui mettait le nez dans l’insuffisance et l’inadaptation de ses pactes, de ses mesures incitatives et autres usines à gaz, un jeune demandeur d’emploi qui ne croyait, contrairement à lui, ni aux emplois aidés ni aux emplois prétendument d’avenir, ni que cet avenir était dans l’expatriation des jeunes générations, une femme de tête et de cœur, enfin, qui luttait avec toute son énergie contre l’abandon et la désertification des zones rurales ?

« Quel gâchis ! » lui avait envoyé en pleine figure la jeune dirigeante d’entreprise d’Armentières. Il n’avait pas relevé. Et pas davantage lorsque Gilles Bouleau lui fit remarquer qu’il est trop facile de dire que c’est « l’Etat qui paie » quand ce sont plus prosaïquement les contribuables. Pas plus qu’il n’expliqua comment il serait possible de faire face aux échéances à venir, de diminuer les dépenses publiques, le poids de la dette, d’alléger les charges des entreprises, de ne plus augmenter les impôts et de financer de nouveaux emplois artificiels avec des recettes en baisse. Pas plus qu’il ne daigna reconnaître que la France était à la traîne par rapport à certains de ses voisins européens ou préciser les projets de grands travaux, de grands chantiers, de grands progrès qui allaient réenchanter la deuxième partie de son quinquennat.

La croissance n’était pas encore là, mais il lui semblait l’entendre qui montait l’escalier. Aucun résultat positif n’était encore visible, mais c’était bien le diable si sa politique ne finirait pas par porter un jour ou l’autre des fruits que recueillerait son successeur, un successeur dont, pourquoi pas le prénom commencerait par un F et le nom par un H.

Pour finir, l’invité de TF1 affirma avec énergie que s’il souhaitait une France plus belle, plus grande, plus rayonnante que jamais, s’il se plaisait à inaugurer des musées publics depuis longtemps ouverts et des musées dus à l’initiative privée, s’il ne désespérait pas de voir Paris accueillir les Jeux olympiques de 2024 ou l’Exposition universelle de 2025, s’il était plutôt favorable à un certain nombre de réformes qui figuraient à son programme de 2012, il n’avait présentement aucune annonce à faire ni dans le domaine politique ni dans le domaine institutionnel ni d’ailleurs dans aucun domaine. Ce serait pour une autre fois. Que n’avait-il commencé par là.

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