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L’ancienne responsable de la communication du comité de candidature du Qatar a livré un témoignage accablant sur les conditions d’attribution du Mondial 2022.

Son nom a fait la Une des journaux fin novembre. Phaedra Almajid, ancienne responsable de la communication du comité de candidature du Qatar pour l’organisation de la Coupe du Monde 2022, est sortie de l’anonymat bien malgré elle après avoir témoigné lors de l’enquête menée par Michael Garcia sur les conditions de l’attribution du Mondial. La faute à Hans Joachim Eckert, le président de la chambre de jugement du comité d’éthique de la FIFA, qui a révélé son identité en même temps que ses conclusions sur le rapport Garcia. Depuis, cette mère de famille a reçu des menaces par Internet et le FBI en personne s’est penché sur l’affaire.
« J’étais à la maison en train de regarder la télévision lorsque trois agents du FBI se sont présentés à ma porte, expliquait-elle la semaine dernière lors d’un entretien accordé à Sky Sports. J’ai été témoin de quelque chose et j’estime que je devais dire ce que j’avais vu. Je pense donc que ces attaques viennent des Qataris. J’étais une plus grosse menace pour les Qataris que je ne l’ai jamais été pour la FIFA. Eckert s’est assuré, de manière très commode et très calculée, que mon identité soit révélée pour faire taire tout autre lanceur d’alerte et pour que nous arrêtions de parler de ce qu’il s’est passé lors de l’attribution du Mondial 2022. Je sais maintenant que toute ma vie, je vais vivre dans la crainte. »
Si elle a choisi de retirer son témoignage face à ces menaces, Phaedra Almajid a malgré tout décidé de s’exprimer une dernière fois. Et c’est France Football qui a pu recueillir ses confessions. Dans son viseur : des responsables qataris aux méthodes accablantes mais également la FIFA, qui ferait tout pour éviter les fuites. Phaedra Almajid est malgré tout revenue sur une scène à laquelle elle a assisté en janvier 2010. Tout se passe dans un hôtel de Luanda, en Angola, lors d’un congrès de la Confédération africaine. Des responsables qataris sont présents et « ravis de la présence d’un haut dirigeant du foot africain et qu’ils souhaitent faire bénéficier sa Fédération d’un don d’un million de dollars ».
La suite est expliquée dans France Football : « Ce monsieur répond, sans même un regard pour le Qatari : ‘‘Ah, un million de dollars… Pourquoi pas un million et demi de dollars.’’ Et le Qatari dit qu’il espère pouvoir compter sur son soutien. L’intéressé lui assure que c’est le cas. Et c’est fini. » Une scène qui se reproduira avec deux autres responsables africains. « «Avec le recul, ce qui m’étonne, c’est l’impression de normalité de la scène, explique Phaedra Almajid. Comme si c’était l’habitude dans ce genre de situation (…) Le Qatari m’a dit que je ne devrais jamais mentionner l’affaire. A personne. Il hurlait. Il était alors 2 heures du matin. Je suis une femme arabe. Il m’a dit de me taire et que je devais leur obéir. Je suppose qu’ils n’ont jamais pensé qu’une femme puisse leur désobéir. » A noter que depuis, la FIFA a décidé de porter plainte à propos de l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022.