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Le commandant de la force de l’Otan en Afghanistan (Isaf) le général américain John Campbell a dressé un bilan positif de l’action militaire de l’Otan dans le pays. « Ensemble… nous avons élevé les Afghans hors des ténèbres et du désespoir et nous leur avons donné de l’espoir pour l’avenir », a-t-il assuré, avant d’ajouter que « le chemin à parcourir demeure difficile ».
« 13 années d’échec »
Les talibans, en revanche, ne sont pas décidés à rendre les armes. « Les 13 années de mission américaine et de l’Otan ont été un échec absolu en Afghanistan. La cérémonie d’aujourd’hui est leur échec », a rapporté à l’AFP le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid. Il a également réitéré les conditions posées par les talibans pour toute négociation de paix : « Nous ne tiendrons pas de pourparlers de paix en présence de troupes de l’Otan en Afghanistan ».
Les forces de sécurité afghanes, fortes d’environ 350.000 hommes, assurent désormais seules la sécurité face aux talibans, maîtres du pays entre 1996 et 2001. L’Isaf a compté jusqu’à 130.000 soldats d’une cinquantaine de pays en 2011, au plus fort de l’engagement de l’Otan.
Dans son discours de Noël, le président américain Barack Obama s’est réjoui : « Dans quelques jours, notre mission de combat en Afghanistan sera terminée […] Notre guerre la plus longue prendra fin de façon responsable », a-t-il déclaré.
Lourdes pertes
Toutefois, les violences récentes, notamment à Kaboul, ont souligné l’impossibilité pour la force internationale de venir à bout de l’insurrection des talibans. Selon les Nations unies, les victimes civiles ont augmenté de 19 % en 2014, avec 3.188 morts comptabilisés fin novembre. La police et l’armée afghanes ont subi de lourdes pertes avec plus de 4.600 morts au cours des dix premiers mois de 2014, soit plus de pertes que l’ensemble des pays contributeurs de l’Otan depuis 2001. Depuis 2001, des milliards de dollars d’aide ont été dépensés en Afghanistan par la communauté internationale, mais avec une efficacité relative, compte tenu de la corruption endémique.
En 2014, l’ élection présidentielle qui devait montrer l’exemple d’un pays réconcilié, avec une transition démocratique sans failles, a été marquée par des accusations de fraude et un dangereux face-à-face entre les deux candidats du deuxième tour et leurs partisans. Ashraf Ghani l’a finalement emporté sur son rival Abdullah Abdullah, mais les deux hommes, qui devaient former un gouvernement « d’union nationale », ne se sont toujours pas mis d’accord pour nommer de nouveaux ministres trois mois après l’investiture du président.
De leur côté, les talibans espèrent profiter de ce vide politique pour rester en position de force en cas d’éventuelles négociations avec le nouveau gouvernement. Les attaques des talibans ces dernières semaines à Kaboul ont visé les domiciles de résidents étrangers, des convois diplomatiques, des bus de l’armée afghane, ainsi que le centre culturel français. L’ancien président Hamid Karzai (2001-2014) a ouvert des discussions préliminaires avec les talibans, mais elles ont échoué l’année dernière.
D’ici à la fin 2015, les troupes américaines en Afghanistan vont diminuer de moitié. Fin 2016, il ne restera plus qu’une force résiduelle pour protéger l’ambassade à Kaboul. Les Etats-Unis vont toutefois continuer à fournir un soutien aérien aux Afghans, et pourraient intervenir directement en cas d’avance rapide des talibans.