Attaque contre « Charlie Hebdo » : les dessinateurs Cabu, Charb, Tignous et Wolinski parmi les victimes

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L’économiste Bernard Maris a également été tué. L’attaque armée qui a frappé le magazine satirique a fait au moins douze morts, dont deux policiers.

Les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous (de gauche à droite).
Les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous (de gauche à droite). (SIPA)

Quatre dessinateurs de Charlie Hebdo, Cabu, Charb, Tignous et Wolinski, sont morts dans l’attaque perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo, a annoncé une source judiciaire à l’AFP. Le siège du magazine satirique, situé dans le 11e arrondissement de Paris, a été la cible d’une attaque armée, mercredi 7 janvier en fin de matinée. L’assaut a fait douze morts et sept blessés, selon un bilan provisoire publié à la mi-journée.

Charb

De son vrai nom Stéphane Charbonnier, Charb, 47 ans, était le directeur de la publication de l’hebdomadaire satirique depuis mai 2009 et le départ de son prédécesseur, Philippe Val. Il avait aussi été dessinateur pour L’Echo des savanes, Télérama, L’Humanité et Fluide glacial. Il y signait une rubrique satirique appelée « La fatwa de l’Ayatollah Charb ». Engagé, il était un soutien de longue date du PCF et du Front de gauche.

Charb, tout comme le directeur de la rédaction, Riss, et le dessinateur Luz, avait été placé sous protection policière en 2011, après l’incendie criminel qui avait visé les locaux de l’hebdomadaire et les menaces proférées à son encontre.

Charb à la rédaction de "Charlie Hebdo" le 19 septembre 2012 à Paris.
Charb à la rédaction de « Charlie Hebdo » le 19 septembre 2012 à Paris. (FRED DUFOUR / AFP)

Cabu

Anar rêveur derrière ses lunettes cerclées, le dessinateur à l’éternelle coupe au bol était un pilier de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné. Soixante ans de carrière et plus de 35 000 dessins ont fait de lui l’un des grands caricaturistes pamphlétaires français.

Jean Cabut – futur Cabu – était né en 1938 à Châlons-sur-Marne. Il publie ses premiers dessins à 15 ans et entame des études artistiques à Paris. Avant d’embarquer pour le service militaire en Algérie, dont il revient antimilitariste. A son retour, il entre dans le circuit des dessinateurs de presse, puis rejoint François Cavanna, qui lance un nouveau mensuel décapant. Ce sera Hara-Kiri, en 1960, avec la dream team des caricaturistes de l’époque – Reiser, Topor, Fred, Wolinski.

Passé à Pilote, l’hebdo dirigé par René Goscinny, Cabu crée « le grand Duduche », le cancre révolté, sympa, qui l’accompagnera tout au long de sa carrière. Son coup de maître sera son « beauf », apparu en 1973 dans Charlie Hebdo. Une caricature de Français gueulard, alcoolique, raciste, inspiré d’un patron de bistrot, dont il fait une vedette. Au point de le faire entrer dans le dictionnaire.

Dans les années 1980, il apparaît dans l’émission télévisée « Récré A2 » : il y crée des planches en direct et fait partie de l’équipe d’animateurs aux côtés de Dorothée.

De de Gaulle, sur qui il s’est fait les dents dans les années 1960, à François Hollande, il a malmené tous les présidents de la Ve République. Avec un faible pour Nicolas Sarkozy, qu’il dessinait en lutin frénétique avec des cornes de diablotin. Ses caricatures de Mahomet publiées en 2006 étaient parmi les plus caustiques de celles qui avaient valu à l’équipe de Charlie des menaces de mort. Ecologiste convaincu, amoureux de Paris, amateur de jazz – sa grande passion -, il était le père du chanteur Mano Solo, disparu en 2010.

Cabu à son bureau, le 15 août 2011 à la rédaction de "Charlie Hebdo" à Paris.
Cabu à son bureau, le 15 août 2011 à la rédaction de « Charlie Hebdo » à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Wolinski

Georges Wolinski était à 80 ans l’une des autres légendes du dessin de presse. Il s’est fait un nom en exerçant sa plume dans Action pendant Mai-68. Lui aussi avait rejoint la rédaction de Hara Kiri, créé par François Cavanna et le professeur Choron. Il y avait côtoyé d’autres célèbres noms de la bande dessinée : Cabu, Gébé, Fred, Reiser… Puis, de 1970 à 1981, il avait été le rédacteur en chef de Charlie Hebdo.

Wolinski au festival de Cannes, le 16 mai 2008.
Wolinski au festival de Cannes, le 16 mai 2008. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Tignous

Le caricaturiste Bernard Verlhac, 57 ans, dessinait sous le nom de Tignous pour l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, mais aussi Marianne et Fluide glacial.

Bernard Verlhac, alias Tignous, à la Fête de l'Humanité, le 13 septembre 2014 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Bernard Verlhac, alias Tignous, à la Fête de l’Humanité, le 13 septembre 2014 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). (CITIZENSIDE / BERNARD MÉNIGAULT / AFP)

Bernard Maris

L’économiste Bernard Maris figure également parmi les victimes. Cet universitaire réputé, âgé de 68 ans, avait gardé l’accent de son Toulouse natal. A Charlie Hebdo, il signait ses articles « Oncle Bernard ». Jusqu’en 2008, il en avait été le directeur adjoint de la rédaction. Bernard Maris écrivait aussi pour Marianne, Le Nouvel Observateur, Le Figaro Magazine ou Le Monde. Il tenait aussi des chroniques à la radio sur France Inter et à la télévision sur i-Télé.

Classé à gauche, il avait été membre du conseil scientifique du mouvement altermondialiste Attac et s’était présenté aux législatives de 2002 sous l’étiquette écologiste à Paris. Il avait été nommé membre du conseil général de la Banque de France. Ce professeur d’économie à l’université était l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

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