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En décapitant la rédaction de Charlie Hebdo, qui n’a jamais transigé avec sa liberté de ton, des terroristes ont voulu instiller la peur et semer la confusion. Dans une France affaiblie économiquement et moralement, cette attaque peut avoir l’effet d’un assommoir ou d’un sursaut salutaire. Les rassemblements citoyens de jeudi ont rassuré. Mais le succès du Front national qui capitalise sur les peurs inquiète. Qui l’emportera?
L’enjeu est énorme dans une société qui a hérité du colonialisme, un joli métissage. «Pas d’amalgame», répètent les élus comme un mantra. Pas d’amalgame entre terrorisme et religion. C’est vrai, les musulmans n’aiment pas plus les terroristes que nous. Et nous n’aimerions pas plus qu’eux que des armées étrangères viennent mettre de l’ordre chez nous. Pour au final ajouter du désordre au désordre. Comme en Afghanistan, en Irak ou en Libye.
Si des jeunes se laissent embrigader par les sergents recruteurs du djihad international, c’est que ces mêmes élus républicains ont oublié ce qu’était la République. Elle est d’abord généreuse, nourrissant ses enfants quelle que soit leur couleur de peau. Et quelle que soit leur religion, puisque cette République est laïque. Combien d’élus français ont refusé de céder aux logiques de bouc émissaire? Et combien ont réellement travaillé à l’insertion de ces jeunes Français laissés-pour-compte de banlieues oubliées?
Oui, un fossé sépare encore les hommes qui vivent au seul commandement de Dieu et ceux, croyants ou pas, qui sont devenus des fils de la liberté. Le fondamentalisme est le symptôme de cette mutation, l’expression d’une résistance à cette révolution. Or sa réforme, l’islam encore jeune pourrait bien la vivre en France, un des pays d’Europe qui compte le plus de musulmans. Un pays où la liberté de penser vient d’être confrontée à l’obscurantisme. Et qui verra dimanche manifester ensemble des Républicains, musulmans ou pas. (TDG)