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démocraties, la mondialisation, l’argent, lâcheté, liberté individuelle, marchés financiers, producteurs de pétrole
Par Jean-Marc Sylvestre
Semaine tragique et glauque pour tout le monde. Les chefs d’entreprise qui sont à l’écoute des grandes fractures qui traversent la planète, craignent que la classe politique en Europe ne soit pas capable d’en tirer les leçons… pour éviter la guerre.

Or ces évènement n’ont surpris aucun grand patron de multinationale, ceux qui travaillent à l’échelle de la planète et passent le plus clair de leur vie en avion.
1er phénomène : la mondialisation est évidemment non seulement inéluctable mais indispensable pour permettre aux deux tiers de l’humanité de sortir de la pauvreté et de la misère. La Chine, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du sud, profitent énormément de la mondialisation… mais pas assez vite. Cet enrichissement fabrique aussi beaucoup d’inégalités et pas seulement dans les pays émergents. Insupportable, mais aussi dans les pays développés. La crise qu’on ne réussit pas à surmonter en Europe a fait le lit de la misère et de la révolte dans les banlieues.
2e phénomène :la mondialisation par le progrès économique et social ont été récupérées par les éléments les plus radicaux de l’islam. Par des illuminés, des fous qui récupèrent, utilisent etinstrumentalisent la faiblesse. De l’avis de tous les observateurs, ces dirigeants islamistes les plus extrémistes ont depuis plus de dix ans, déclaré la guerre à la civilisation occidentale. Au nom de Dieu, et de Mahomet, ils ont fait faire à leurs moines soldats des actes ignobles. Du 11 septembre 2001 avec les attentats duWorldTradeCenter à la tragédie deCharliehebdo à Paris. Entre temps, des attentats, des assassinats dont le seul but était de provoquer une guerre civile en Occident et déstabiliser lesEtats démocratiques et laïcs.
Cette guerre a été facilitée par les nouvelles technologies (les réseaux sociaux) mais surtout par des gouvernances politiques qui ont été incapables de prendre la mesure du phénomène. La gauche comme la droite, notamment en France, n’ont jamais su prendre leurs responsabilités, coincées par leur culture, leur habitude, leur opinion publique. La question du voile a toujours donné lieu à des débats complètement surréalistes et débiles, Charlie hebdo qui est aujourd’hui soutenu par tout le monde a été longtemps délaissé et vilipendé par les dirigeants politiques et très souvent par les représentants du Parti socialiste qui condamnaient ce journal d’avoir publié les fameuses caricatures pour lesquelles les plus grands caricaturiste de France viennent de mourir.
Il y a en France une culpabilité ancienne qui nous empêche d’aller s’opposer a des attitudes, ou à des pratiques qui auraient un lien avec la religion musulmane. On ne touche pas, on ne critique pas la religion ou les pratiques musulmanes. Y compris celles qui, dans les écoles ou les hôpitaux nous paraissent les plus incongrues et même dangereuses.
La peur d’être taxé d’islamophobe nous a rendu muets, impuissants, lâches, naïfs, et crédules. On ne transgresse pas certaines lignes de conduite. On se tait. Le résultat de toute cette lâcheté est que des journalistes ont été exécutés pour avoir osé commettre ce crime.
On a quand même un problème grave de ce côté-là. D’autant que l’organisation de la religion musulmane ne se prête pas à l’autorégulation ou à l’autodiscipline. L’islam est très décentralisé. Les imams, les prêcheurs ou les prédicateurs qui recrutent leurs fidèles s’autoproclament et n’ont de comptes à rendre à personne sinon a ceux qui les financent. On touche là à un aspect du dossier dont personne ne parle sauf les hommes d’affaires. Qui savent mieux que quiconque que nous sommes dans un climat insurrectionnel.
Cette guerre a des moyens de financement considérables, pour recruter ses soldats, les envoyer en stage et leur fournir des armes. D’où vient l’argent sinon des pays producteurs de pétrole dont les dirigeants s’achètent ainsi une bonne conduite et une paix sociale ?
Une première fois quand on paie l’énergie dont nous avons besoin. Une deuxième fois quand on recycle l’argent du pétrole pour combler des déficits ou des financements. C’est hallucinant, cette mécanique.
L’un des moyens d’échapper à ce piège, c’est évidemment d’accélérer le développement économique des populations pauvres, mais dans cette course de vitesse, on est actuellement perdant.
L’autre moyen, c’est de s’affranchir de la contrainte pétrolière en diversifiant les sources, le nucléaire ou les pétroles de schistes. C’est la politique conduite par les Américains qui ont réussi à se passer du pétrole du Moyen-Orient. Il faudra un jour qu’en Europe et en France on réfléchisse sérieusement pour savoir qui du nucléaire, des gaz de schiste ou du pétrole est le meilleur facteur de paix. Au regard de ce qui se passe, le débat est vite clos.
3e phénomène : les gouvernances occidentales ne sont pas forcément armées pour affronter ce type de guerre.
Techniquement, On est capable d’intervenir avec des avions de chasse, des bateaux et des chars d’assaut, sur un théâtre d’affrontement traditionnel, mais ces moyens sont inopérants dans ce qui s’annonce comme des guérillas urbaines télécommandées du Yémen ou d’Irak. Nos services de renseignement sont faibles, incapables de faire face.
Politiquement, les démocraties ont tellement de respect pour la liberté individuelle, qu’elles hésitent à la réduire pour se protéger. Parce que c’est bien le problème. S’ajoute à cela que la France est en guerre sur des théâtres étrangers et qu’à cause de ces engagements elle se retrouve la cible prioritaire avec Israël, de ces militaires.
Nous sommes dans une logique de guerre sur le territoire français. La classe politique n’en a pas forcement conscience. Quand on voit que ces derniers jours, certains dirigeants socialistes continuent d’exclure les adhérents du Front National d’une grande manifestation de solidarité et d’unité nationale, on hallucine. On aurait voulu faire un cadeau à Marine Le Pen qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Passons.
4e phénomène : Les marchés financiers qui d’ordinaire donnent des signaux très prémonitoires aux grands bouleversements sont devenus complètement déboussolés.
Normalement devant l’ampleur de la tragédie et l’onde de choc mondiale, les marchés auraient dû s’écrouler. Comme en septembre 2001. Alors pourquoi une telle indifférence ? Tout simplement parce qu’aujourd hui, les bourses sont complétement déconnectées du monde réel. Les boursiers et les marchés ne vivent qu’en fonction des liquidités distribuées par les banques centrales et notamment la réserve fédérale. La bourse de Paris ne bougera pas un cil à cause du chômage ou d’un cataclysme politique ou terroriste… En revanche elle guettera le moindre rictus de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne.