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Ahmet Davutoglu, Ali Bongo, hommage à Charlie Hebdo, liberté d'expression et de la presse, manifestation
Alors que la liste des dirigeants mondiaux présents, dimanche 11 janvier, à la manifestation en hommage à Charlie Hebdo et aux victimes des attentats qui ont frappé la France ne cesse de s’allonger, la présence de certains responsables, dont les pays sont peu connus pour leur respect de la liberté d’expression et de la presse, suscite des critiques. Pour l’heure, le gouvernement français ne s’est pas encore exprimé sur ce sujet. Comme l’a dit le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, un des partis à l’origine de la manifestation, « vient qui veut et qui se sent concerné ».
Ainsi du premier ministre turc Ahmet Davutoglu, du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, du président de la République gabonaise Ali Bongo, du roi et de la reine de Jordanie Abdallah II et Rania ou encore de Naftali Bennett, ministre de l’économie israélien qui se vantait d’avoir tué « beaucoup d’Arabes ».
A titre d’exemple, leurs pays respectifs sont très mal placés sur le classement mondial 2014 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières (RSF) : sur 180 pays, la Turquie est 154e, la Russie 148e, la Jordanie 141e, le Gabon 98e et Israël 96e.
Netanyahu, Lavrov, Orban, Davutoglu, Bongo à la manif pour la liberté de la presse!!! Pourquoi pas Bachar Al Assad?#Mascarade #PauvreCharlie
— MarionVan Renterghem (@MarionVanR) 10 Janvier 2015
- Vague massive d’arrestations de journalistes de l’opposition en Turquie
En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan s’est récemment illustré par une vague d’arrestations massive contre des médias de l’opposition. La police a notamment interpellé le rédacteur en chef de l’un des principaux quotidiens du pays, Zaman, le président de la chaîne de télévision Samanyolu et 23 autres personnes dans treize villes du pays.
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Les forces de l’ordre sont sur le pied de guerre à Paris alors que des centaines de milliers de personnes s’apprêtent à participer à la marche républicaine en hommage aux victimes des attentats islamistes. Le dispositif de sécurité prévu est draconien avec plus de 5.000 hommes mobilisés. La France n’a pas droit à l’erreur : une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, et plusieurs ministres sont en effet attendus, d’Europe bien sûr, mais aussi d’Afrique, d’Amérique et du Moyen-Orient. 150 policiers en civil se chargeront de leur protection. 2.200 hommes seront postés le long des trois parcours distincts de la marche qui s’élancera dès 15h de la place de la République vers Nation – par le boulevard Voltaire, par Bastille ou par l’avenue Philippe Auguste. Des tireurs d’élite guetteront les comportements douteux depuis les toits. Rien ne sera laissé au hasard : tout, des bouches d’égout aux balcons, sera inspecté en amont. Par ailleurs, 2.000 policiers et 1.350 militaires protégeront les sites sensibles de la capitale française.
Des mandats d’arrêt ont été délivrés contre 32 personnes, accusées entre autres de « former un gang pour attenter à la souveraineté de l’Etat ». Ce qui n’a pas empêché le président d’affirmer par la suite que la presse turque est « la plus libre du monde ».
- En Israël, Naftali Bennett se vantait d’avoir tué « beaucoup d’Arabes »
La présence annoncée dans le cortège du ministre de l’économie israélien Naftali Bennett – aussi chef du parti de la droite sioniste religieuse Foyer juif – qui avait défrayé la chronique en 2013 en déclarant « J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça » ne manquera pas de susciter la polémique.
- La Jordanie arrête des journalistes et ferme des chaînes de télévision
La Jordanie est, elle aussi, coutumière des arrestations de ses journalistes jugés dissidents. En juin, les autorités du pays ont arrêté des journalistes et fermé une chaîne de l’opposition irakienne basée à Amman, critique du premier ministre, Nouri Al-Maliki, dénonçait RSF.
- Au Gabon, piratages et séquestrations
Au Gabon, pays tenu d’une main de fer par Ali Bongo, deux hebdomadaires d’opposition ont annoncé en septembre l’arrêt temporaire de leur publication à la suite d’un piratage qu’ils attribuaient au gouvernement. Le porte-parole de la présidence, interrogé par RSF, a réfuté ces accusations : « La présidence et le gouvernement de la République gabonaise n’ont jamais piraté un journal, quelle que soit la virulence de ses écrits. »
En janvier, un journaliste d’investigation du pays a affirmé avoir été séquestré et menacé par un élu du gouvernement dans son bureau, après la publication d’un article qui dénonçait des crimes rituels perpétrés dans le pays, rapporte RSF.
- En Russie, les opposants muselés
Enfin, en Russie, la censure de la liberté d’expression n’est plus à démontrer. Officiellement, la liberté de la presse est reconnue par la Constitution et le pouvoir, de fait les Jeux olympiques de Sotchi ou la condamnation à trois ans et six mois de prison avec sursis du blogueur Alexeï Navalny ont récemment illustré à quel point le pouvoir contrôle les médias d’une main de fer, n’hésitant pas à faire taire les opposants par tous les moyens.