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Charlie Hebdo, concerts improvisés, Genève, Hommage, Mont-Blanc
Attentat contre Charlie Hebdo Deux mille personnes ont défilé dès 17h entre la poste du Mont-Blanc et le Consulat général de France. L’hommage a été ponctué d’émouvants concerts improvisés.

Des torches enflammées brandies comme des épées dans la nuit qui se couche sur Genève. Et quelque deux mille personnes qui marchent en silence, entre amis ou en famille, en direction du Consulat général de France. Ce samedi à 17 heures, un nouveau rassemblement était organisé à Genève en hommage aux victimes des attentats perpétrés à Paris cette semaine.
Michel Schweri, membre du comité de Reporters sans Frontières Suisse, ouvre la marche en rappelant les menaces qui planent sur les journalistes dans le monde. L’écrivaine Huguette Junod lit un poème écrit de sa main en hommage à Charlie Hebdo : «On a voulu vous faire taire, mais vous ne mourrez pas. Nous somme tous et toutes Charlie», termine la romancière. Le cortège prend la route.
Alexis et Clément, 16 ans, habitent près de Thoiry en France voisine, ils sont venus «par solidarité et pour soutenir les gens qui en ont besoin». Ils se promènent avec une banderole sur laquelle ils ont sprayé «Open Mind», parce que «à un moment donné, il faut se poser et ouvrir les yeux : tout le monde n’est pas gentil». Devant eux, Jackie a également fait le déplacement depuis la Haute-Savoie. Elle pointe un crayon en papier mâché vers le ciel ; un crayon vert «la couleur de l’espérance». «La couleur de l’islam aussi», précise sa voisine.
Plus loin, un groupe d’amis débat sur le sens et les limites du slogan «Je suis Charlie». «Être Charlie ou ne pas être Charlie ne peut pas résumer toute la diversité des opinions. Si tu es obligé de définir ton identité pour ou contre quelque chose, c’est la guerre», analysent Marine et Hossam. Et de poursuivre : «Il faudrait faire attention à ne pas dire aux musulmans : soit tu prends notre définition de la liberté d’expression soit tu es l’ennemi.»
A quelques mètres de là, la conseillère aux États socialiste, Liliane Maury Pasquier, semble leur répondre : «Il faut se battre maintenant pour la liberté d’expression et la démocratie, mais il est important de le faire ensemble, estime la politicienne genevoise. Si on utilise ce qui s’est passé à Paris pour diviser encore plus et juger les personnes qui prennent la parole, on ira contre ce pourquoi des gens sont morts.»
Léo Kaneman, président d’honneur du Festival du film et forum sur les droits humains, a aussi rejoint la manifestation «parce qu’il faut lutter contre la bêtise». Lui qui avait tissé un partenariat entre son festival et Charlie Hebdo s’inquiète du «massacre de nombreux journalistes cette année qui montre une volonté d’interrompre la démocratie.»
Après une heure de marche, la foule atteint le Consulat de France. Quelques uns prennent le micro pour délivrer des messages d’amour et de paix. Les opinions plus politiques sont accueillies par des grognements. Mais soudain, la musique envahit les airs. Un groupe de musiciens rassemblés spontanément sur Facebook se met à jouer l’Adagio pour cordes du compositeur américain Samuel Barber. Le chef d’orchestre Benoît Willmann dirige cet ensemble improvisé. L’assemblée se fige comme envoutée. L’heure est au recueillement.
Un tonnerre d’applaudissement suit. Les musiciens se dirigent vers une jeune violoniste: «Merci Floriane». C’est Floriane Cottet, la violoniste qui a lancé le mouvement sur Facebook. «Un concert s’est improvisé vendredi sur la place Trafalgar à Londres, explique-t-elle. Je me suis dit qu’il fallait essayer de faire la même chose à Genève. On a un tel panel de musiciens français mais aussi étrangers. Tout devant par exemple, c’était Abdel-Hamid El Shwekh, le premier violon de l’Orchestre de la Suisse Romande. Il est Egyptien…» (TDG)