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La gauche « Charlie » unie derrière le Président et une certaine « union nationale », ça ne vous semble pas cocasse, chers lecteurs réguliers de Charlie ?
Pascal Célérier,Professeur de lettres

Après l’attaque de Charlie Hebdo, on se dispute déjà pour savoir ce qui était visé : « La France ! », dit la droite ; « Non : la liberté d’expression ! l’esprit de Charlie ! », rétorque la gauche.

Le président Obama, lui, n’a pas hésité à écrire dans le livre de condoléances « Vive la France ! », comme s’il écrivait la feuille de route que notre Président à nous, si peu à la hauteur, est incapable de donner à son peuple. Lui qui a laissé à M. Dray et ses « potes » du PS le soin de dire qui devait être persona non grata dimanche. Que notre Président rate ses rendez-vous avec l’Histoire, c’est dramatique, mais la France en trouvera un autre.

Mais la gauche ?

On a assisté à des réactions d’intolérance regrettables dans certains rassemblements. Paradoxe et limites de la tolérance de gauche et d’une unité nationale qui ne peut tolérer « La Marseillaise » ou le drapeau français…

L’attentat contre Charlie Hebdo visait aussi une ligne politique et culturelle, celle d’une extrême gauche libertaire, adepte de la dérision à outrance. À tel point que le rescapé de la tuerie a déclaré avoir d’abord cru à « une plaisanterie »… Et que pense-t-elle, cette extrême gauche antimilitariste, de ces soldats et de ces policiers qui se battent et meurent pour qu’elle vive, pour qu’elle ait le droit de les caricaturer et de les insulter ? N’est-ce pas découvrir tragiquement que la dérision a ses limites ? Que nous avons, dessinateurs ou journalistes, un devoir de liberté et d’insolence, certes, mais aussi de responsabilité et de reconnaissance pour la patrie qui nous permet de le faire ?

Et puis, franchement, la gauche « Charlie » unie derrière le Président et une certaine « union nationale », ça ne vous semble pas cocasse, chers lecteurs réguliers de Charlie ? Cette contradiction, le dessinateur Luz l’exprime à sa façon quand il affirme, dans Les Inrocks, que les manifestations « Je suis Charlie » sont « un contresens de ce que sont les dessins de Charlie ».

Mais il y a une autre gauche qui devrait aussi se poser des questions : la gauche laïque pour qui le grand danger de ce dernier Noël menaçant la République, c’était la crèche…

L’horreur légitime qui nous saisit tous semble enfin susciter un sursaut, notamment à gauche. Nous sommes nombreux à regretter qu’il ne soit pas intervenu plus tôt, en 2012, après la tuerie de Mohammed Merah à Toulouse. Ou ces dernières années quand, mois après mois, nous voyions s’allonger la liste des milliers de chrétiens d’Orient horriblement massacrés ou « déplacés » par la même idéologie djihadiste. Pour qu’une certaine gauche réagisse, il aura fallu que Charlie Hebdo soit visé. Espérons que la prise de conscience ira au fond des choses et sera durable.

Car la question n’est plus tellement : qui était visé ? Mais : qui tenait l’arme ? Quelle idéologie ? Et là, la réponse ne supporte aucune contestation.

Alors, oui, de grâce, chers amis de gauche, arrêtez de vous raconter vos histoires d’un autre siècle : la crèche, le chrétien, la police, le patriote de droite qui dénonce depuis longtemps les progrès de l’islamisme radical ici et dans le monde, loin d’être vos ennemis, sont vos plus précieux alliés.

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