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VIDÉO. Lorsqu’il était à l’Intérieur, le Premier ministre a eu des phrases malheureuses sur la capacité de la droite à lutter contre le terrorisme.
La scène se passe le mardi 13 novembre 2012, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. En réponse à une question du député UMP Éric Ciotti qui critique la politique pénale menée par la garde des Sceaux Christiane Taubira, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls prend la parole et s’emporte : « Le retour du terrorisme dans ce pays, c’est vous », s’exclame-t-il après une anaphore accusatoire à l’adresse de la droite. « Vous n’avez pas protégé les Français, vous n’avez pas été capables de les protéger », ajoute-t-il. Le président Claude Bartolone ne parvient pas à calmer le tollé suscité par cette intervention et suspend la séance.
À l’époque, Manuel Valls fait une allusion évidente aux assassinats perpétrés par Mohamed Merah en mars 2012, quelques semaines avant l’élection présidentielle.
À l’heure où le gouvernement réclame et obtient l’union sacrée contre la barbarie, ces propos résonnent mal. Comme une fausse note au milieu d’un concert harmonieux. Le débat politique n’est pas un exercice pour Bisounours. Il convoque souvent la pugnacité, l’exagération, la mauvaise foi et même, pourquoi pas, l’agressivité. Mais il est des sujets trop graves pour relever de cet exercice convenu. Le terrorisme en tête. Aucune personne censée ne peut envisager sérieusement que le gouvernement de François Fillon ait favorisé, de quelque manière que ce soit, le retour du terrorisme. « Tout ce qui est excessif est insignifiant », disait Talleyrand. Dans ce cas précis, c’est aussi nuisible à la démocratie.
Plus d‘une loi tous les deux ans !
Depuis, Manuel Valls est devenu Premier ministre. On ne peut que souhaiter que ses hautes responsabilités actuelles l »encouragent à éviter de tenir, à l’avenir, ce genre de propos. Toute son attention doit se concentrer sur les mesures destinées à lutter contre le terrorisme dont il doit présenter les grandes lignes, ce mardi 13 janvier, à l’Assemblée nationale dans le cadre de la rentrée parlementaire, et qui seront détaillées le lendemain en conseil des ministres.
La crédibilité accordée à ces décisions est en effet cruciale. Depuis les actes terroristes qui avaient ensanglanté Paris en 1986, pas moins de quinze lois ont été votées. Cela fait plus d’un texte tous les deux ans ! D’ailleurs, les décrets d’application concernant la dernière en date, adoptée le 14 novembre 2014, ne sont pas tous signés. Pour se conformer au « nouvel état d’esprit » célébré par Manuel Valls au vu de la marée humaine qui a envahi, dimanche, les rues de France, le pouvoir a l’obligation de se hâter sinon lentement, du moins efficacement.