Remue méninges en Arabie saoudite

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par Noura al Qahtani et Hammad Al Salmy traduction en version française: madaniya.info


1 – La fin des tabous: critique que la police religieuse et des prédicateurs pro djihadistes.

Après des années de déferlement du discours à tonalité confessionnelle et communautariste, qui a envahi l’Orient arabe, faisant usage des mots comme de munitions mortels, un groupe d’intellectuels, de journalistes et des lettrés d’Arabie saoudite ont entrepris de faire entendre la voix de la sagesse et de la raison, faisant prévaloir une analyse scientifique dans l’approche des problèmes de la zone.

Il est indéniable que les décisions de grande fermeté prise par le pouvoir saoudien à l’encontre des mouvements religieux extrémistes et terroristes a coupé la voie à bon nombre de tribunes médiatiques qui déversaient une propagande confessionnelle à connotation alimentaire au sein de la société et des institutions du pays. Cette propagande a atteint  un degré tel que l’incitation à la haine s’est banalisée pour devenir une action courante quotidienne en vue de promouvoir la violence comme élément de «starisation», comme tremplin vers la célébrité et de machisme dans un rôle prescripteur.

La contre-propagande menée par les chaînes satellitaires, -à l’instar des chaînes «Ahl Al Bayt», «Al Fayha», «Al Anwar», «Safa» et «Wissal»- ont assumé un rôle comparable à celui d’une artillerie affectée, d’une manière intensive au service  des combats politiques, autrement dit un  un pilonnage d’artillerie d’une guerre médiatique.

Afin de faire face et de neutraliser le discours politique modéré qui rétablit à sa juste place la culture, qui redonne vigueur au dialogue sur l’avenir du pays et de la zone, en faisant prévaloir la citoyenneté sur l’appartenance religieuse, nous avons relevé ces derniers mois une hausse sensible de la production journalistique et livresque focalisant sur le phénomène de l’extrémisme et de l’apostasie, des thèmes abordés désormais de manière différente que dans le passé.

Plus de tabou. Les noms des victimes saoudiennes en Syrie et en Irak sont désormais divulgués dans la presse, de même que ceux bénéficiaires d’attestation de bonne conduite suite à leur retour au bercail. Des mises en garde sont en outre régulièrement publiés dans la presse contre l’exportation du djihadisme takfiriste vers le Royaume.

Enfin, dernier et non le moindre, la presse publie les critiques des citoyens non seulement contre la «commission chargée de prescrire le bien et de proscrire le mal», (Hay’at al Amr Bil Ma’rouf), office gouvernementale faisant office de politique religieuse, mais également contre les nombreux prédicateurs des mosquées qui prennent la défense des groupements djihadistes d’une manière directe.

2 – L’éviction du ministre de l’information et le rôle ambiguë du prince héritier Salmane et du prince Saoud Al Faysal, ministre des Affaires étrangères.

Deux faits méritent d’être relevés:

A- La réaction d’un nombre important d’intellectuels et de dignitaires religieux contre l’agression menée contre un lieu de culte chiite à Al Dawila, dans la région d’Al Ihsa’a, le 4 novembre 2014, où 50 personnalités originaires de la zone, ont rendu hommage au rôle des services de sécurité saoudiens dans la traque des agresseurs, lançant un appel à l’Unité nationale.

Fait sans précédent, parmi les signataires figuraient d’anciens opposants, dont certains d’anciens détenus.

Sur un ton inhabituel, leur communiqué fustige «la clique criminelle qui a commis ce crime horrible, qui n’appartient à aucune patrie, ne représente aucun peuple, ne reflète aucune religion, confession ou communauté, mais exprime une pensée diabolique hypocrite»…. «Un tel crime vise à briser notre unité et notre cohésion nationale et islamique. Il nous incombe de mettre en échec leurs menées par davantage d’unité et de cohésion», conclut le texte.

Une telle attitude est conforme au positionnement de dizaines d’intellectuels saoudiens non chiites, qui, dans un même élan, ont dénoncé «cet acte criminel et invité le pouvoir saoudien à faire front au complot visant à semer la division confessionnelle au sein du Royaume».

B – Le 2me fait a été l’éviction du ministre saoudien de l’information et de la culture, dans la foulée de son tweet préconisant la fermeture de la chaîne intégriste «Wissal» (Lien).  «Abdel Aziz Al Khojja a renoncé à ses fonctions, à sa demande», s’est borné à annoncer un communiqué laconique à l’issue de son entretien avec le prince héritier Salmane Ben Abdel Aziz.

Dans le Royaume où l’hermétisme est de rigueur, dans ce royaume du  signe et de l’inter-signe, l’éviction du ministre a été suivie de l’apparition du Mufti du Royaume sur la chaîne Wissal, comme pour signifier le désaveu du ministre imprudent et la poursuite des programmes de la chaîne victorieuse de ce bras de fer feutré.

Abdel Aziz Al Khojja, ancien ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, dont l’épouse de surcroît est proche du Roi Abdallah est pourtant une personnalité très populaires dans les milieux journalistiques et les intellectuels libéraux. En fait, fortement sollicité par le camp conservateur, le prince héritier Salmane a multiplié les contacts en vue d’atténuer la virulence de la campagne contre les salafistes dont M. Al Khojja en a fait le frais.

Si les décideurs de la nouvelle génération soutiennent généralement la ligne critique, la position du Prince héritier et celle du ministre des Affaires étrangères, Saoud Al Faysal, n’est pas dénuée d’ambiguïté. Certes, les deux hommes ne nourrissent pas de sympathie à l’égard des extrémistes, mais demeurent convaincus que le conflit sunnite-chiite demeure un instrument privilégié de puissance de la politique étrangère saoudienne.

Le pouvoir saoudien lâchera-t-il la bride au courant critique ou bien les groupes de pression affiliés au salafisme parviendront-ils à museler ce mouvement contestataire? Les prochaines semaines nous permettront d’un voir plus clair.

«De combien tu as été gavé et je dirai qui tu es».

….«Le phénomène du Cheikh Syrien Adnane Al A’rour, devenu le sujet de conversations des salons et des médias, mérite d’y prêter attention pour en étudier les conséquences, avant de faire un retour sur soi pour en connaître les causes qui ont présidé à sa naissance.

‘Je m’adresse à ceux qui sont au sommet de la pyramide des responsabilités politiques, sécuritaires et sociales. Je m’adresse aussi à l’ensemble des institutions officielles et privées ainsi qu’à mes compatriotes saoudiens qui croient en Dieu et compatissent avec les souffrances des Arabes et des Musulmans, qui sont parfois emportés par leur affectivité au point de s’égarer dans leur élan de générosité, affectant à leur ennemis ce qu’ils devaient destiner à leurs amis, s’infligeant ainsi qu’à leur pays des pertes tant sur le plan religieux que politique que social.

Ce fait n’est pas nouveau pour nous. Il date même de la dérive du djihad afghan, qui a muté d’un djihad en faveur de Dieu, en Djihad contre nous, chargeant notre pays d’anathèmes, d’apostasie et d’explosifs, visant la sécurité nationale de la patrie, son leadership et sa stabilité.

Cheikh Al’ A’arour est venu à notre pays baignant de tranquillité, en quête de sécurité et de protection . Il se devait de respecter les règles d’hospitalité de ce pays hospitalier, à l’instar des milliers de Syriens, y compris des oulémas, des hommes des médias, des dirigeants et des chefs.

Un million de dollars don du cheikh Al Darfour à Jabhat An Nosra

Dès le début, il s’est comporté comme chef, comme un héros sauveur…. de l’extérieur de la Syrie. Pis, il a abusé de la confiance des savants et des associations de bienfaisance, de même que des médias, jouant sur la rengaine des différences confessionnelles entre sunnites et chiites.

Il a fait plusieurs apparitions sur les écrans de la télévision s’en prenant aux chiites du royaume, via les médias du pays, dans une surenchère bas de gamme. J’avais mis en garde, à l’époque, contre lui et son discours opportuniste bon marché dont le but était de gagner la sympathie des saoudiens et perturbé leurs sentiments.

Puis il s’est mis à faire des tournées dans les provinces du royaume, trônant au milieu de banquets, suscitant l’enthousiasme de son auditoire par des discours grandiloquents. A Taëf, précisément, cela s’est produit à plusieurs reprises sans que personne ne lui dise Halte. Il s’est présenté comme un Monsieur Bons Offices, chargé de collecter des fonds pour les sinistrés et les blessés de Syrie, mentionnant son compte bancaire personnel dans ses gazouillis sur Twitter.

Il a ainsi continué à arpenter le pays en long et en large sans le moindre contrôle, jusqu’au jour où un dissident de Jabhat An Nosra, Sultan Al Atwi, révèle qu’Abou Mohamad Al Joulani a reçu un financement du cheikh Al’A’arour, d’un montant d’un million de dollars……………un million de dollar de la part d’un individu hôte du royaume, qui n’ignore pas que Jabhat An Nosra est un groupement terroriste, lié à Al-Qaida terroriste et que le Royaume a proclamé à plusieurs reprises qu’Al-Qaida est une organisation terroriste, à l’instar de Da’ech.

Pourquoi Al A’arour n’a pas respecté les règles de l’hospitalité et ne s’est pas conformé aux lois du pays dont il est un résident, alors qu’il n’a cessé, jour et nuit, d’attiser les sentiments des saoudiens, de tirer profit de leur sentiment religieux pour leur soustraire davantage d’argent d’une manière légale et non légale?

Dispose-t-il d’une immunité quelconque? S’agit-il d’une exception s’agissant d’un homme qui tire profit des dissensions et des épreuves que traverse le pays pour s’enrichir selon l’adage bien connu «Massa’ebi kawmen», dont la traduction française est la suivante «les malheurs des uns font le bonheur des autres».

Les épreuves des Syriens se résument pour lui et ses semblables à des cadeaux et des dons et un flot d’argent sur des comptes privés et non des comptes officiels affectés par l’état à la collecte des contributions.

L’affaire ne se réduit pas à Adnane Al’A’rour et au phénomène qu’il induit. Elle relève de notre droit de pose la question de savoir: Combien d’A’arour et de ses semblables existe-t-il, qui vivent parmi nous et qui pratiquent à notre égard la tromperie et la supercherie, au nom de la religion? Qui trait ce qui lui convient de notre argent privé pour le compte des groupements extrémistes terroristes auxquels il appartient?

Combien d’Al’A’arour se drape de piété pour tromper en fait son monde, en vue de gagner la confiance des gens et le soustraire de l’argent qu’ils pensent accorder à des œuvres de bienfaisance? Des dons versés au service de Dieu pour nourrir les affamés, revêtir les dépouillés et soigner les blessés, alors qu’en réalité, la quête relève d’un projet terroriste sous habillage réformiste, qui capte les richesses de la société pour embrigader les enfants des autres, pour tuer et se faire tuer dans de batailles nihilistes;  un argent avec lequel il achète des armes pour égorger les créatures de Dieu, tout en s’empressant de partager la prière avec es autres croyants, écoutant leurs prêches et les prêchant, pleurant t souriant avec eux..jusqu’à ce que leurs gorges soient tranchées.

Il est sûr que Cheikh Al A’arour me qualifiera certainement comme appartenant à  la clique des sans religion qui se recrutent parmi les écrivains et les gens des médias saoudiens. Un qualificatif attribué instantanément dès lors qu’ils critiquent les comportements irréfléchis qu’ils décèlent dans leur pays et la société dans laquelle ils vivent et deviennent, ipso facto, des sans religion…..Pourvu qu’il ne remette pas en marche son disque rayé ou ne mobilise un de ses scribes pour entonner la rengaine.

Aux gens de bien dans mon pays chéri, combien de fois vous vous êtes gavés du Cheikh  Al’ A’arour de ses semblables. Vos dons et vos bienfaits ne sont pas allés dans la bonne direction. Si vous vous pénétrez de cette réalité, vous connaîtrez votre propre réalité.

Madaniya

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