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JCDecaux, Jean-Michel Ribes, Patrick Timsit, sensibilité de personnes
Par Sandrine Blanchard

« Cette histoire est sidérante et absurde » : le dessinateur Stéphane Trapier ne décolère pas après le refus de la société JCDecaux de poser, sur les colonnes Morris, l’affiche du spectacle de Patrick Timsit. L’humoriste sera sur la scène du Théâtre du Rond-Point à Paris, à compter du mardi 20 janvier, dans On ne peut pas rire de tout. « JC Decaux se couche. C’est du politiquement correct précautionneux, c’est le contraire de ce qu’il faut faire », considère Stéphane Trapier.
L’afficheur a signifié, mercredi 14 janvier, à la direction du théâtre ainsi qu’à Gilbert Coullier, producteur de l’humoriste, que son comité de déontologie n’acceptait pas ce visuel et qu’il devait être « retravaillé ». « On y voit Patrick Timsit tenir un obus dans les bras, cela peut heurter, dans la rue, la sensibilité de personnes déjà éprouvées par les événements tragiques de la semaine dernière », justifie-t-on chez JCDecaux.
« C’est comme si la censure était pire qu’avant »
« C’est grotesque, estime Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point. Cette affiche, évidemment humoristique, a déjà largement été diffusée à la télévision et dans les médias, dans la brochure et sur la façade du théâtre sans que personne ne s’en soit offusqué ni avant ni après les événements tragiques que nous venons de vivre ». Surtout, ajoute Jean-Michel Ribes – inquiet de ce réflexe de « panique » et de « frilosité » –, « ce dessin n’a rien d’offensant, ni d’impertinent, c’est simplement de la drôlerie. On n’a pas chié dans un tabernacle ! »
Stéphane Trapier a réalisé, dans la nuit de mercredi 14 à jeudi 15 janvier, une nouvelle affiche représentant Patrick Timsit en train de danser et de faire un clin d’œil, sans obus dans les bras. « Cette histoire est grave, ce n’est surtout pas le moment d’interdire ce genre de dessin », déplore le dessinateur.
« Nous avons reçu cette demande de JCDecaux sans aucune consultation préalable », regrette Jean-Michel Ribes. « A quoi sert le combat en faveur de la liberté d’expression après le drame de Charlie si c’est pour en arriver là ? C’est comme si la censure était pire qu’avant », s’inquiète le directeur du théâtre.