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![Avant l’assaut à Dammartin-en-Goële contre les frères Kouachi, retranchés dans une imprimerie.?](https://i0.wp.com/files.newsnetz.ch/story/3/1/9/31992894/5/topelement.jpg)
Avant l’assaut à Dammartin-en-Goële contre les frères Kouachi, retranchés dans une imprimerie.? Image: MAXPPP
Plus d’une semaine après les attentats de Paris, la couverture médiatique des événements continue de faire polémique en France comme aux Etats-Unis. Le 9 janvier dernier, plus de 23 millions de téléspectateurs français ont suivi la traque des auteurs de l’attaque de Charlie Hebdo et la prise d’otage à l’Hyper Casher de la porte de Vincennes à Paris sur la chaîne d’information continue BFM TV. Cette rédaction a fait un scoop ce jour-là en téléphonant dans l’entreprise où les frères Kouachi s’étaient reclus avant d’être abattus par les forces de police. Le journaliste obtenait en effet un entretien de trois minutes avec un des deux terroristes, dont des extraits étaient passés à l’antenne.
«J’ai un doute sur le fait de diffuser si vite l’enregistrement», commentait Bruce Toussaint, présentateur vedette de la chaîne concurrente iTELE, qui s’était refusé à tenter de joindre les tueurs. BFM TV révélait aussi la présence d’une personne cachée dans l’entreprise, mettant potentiellement sa vie en danger. La chaîne était ensuite accusée de bidonnage par le principal d’un collège qui avait accueilli une équipe de tournage, intéressée par une initiative pédagogique sur Charlie Hebdo. Les enseignants et le directeur découvraient avec stupéfaction une phrase de commentaire indiquant qu’«ici comme ailleurs, quelques élèves n’ont pas respecté la minute de silence aux victimes». Ce qui était faux.
Aux Etats-Unis, Jim Clancy, présentateur vedette de CNN depuis trente-quatre ans, a dû quitter ses fonctions, à la suite d’un tweet relayant une théorie du complot, le jour de l’attentat. Il avait aussi suggéré qu’Israël cherchait à faire croire que les caricatures étaient vraiment islamophobes.
Mais c’est la première chaîne d’info américaine, la très conservatrice Fox News, qui dérapait dans les grandes largeurs en présentant certains quartiers populaires de Paris comme des zones où les non-musulmans n’auraient plus accès et où la charia serait en vigueur, des «no-go zones» qui feraient bientôt l’objet de multiples rectificatifs et excuses. «Les Américains seraient choqués de savoir qu’à dix minutes de la tour Eiffel, ils se retrouveraient dans des rues qui ressemblent à Bagdad», commentait un pseudo-expert. Puis suivait un sondage sorti de nulle part sur la sympathie de jeunes Français pour le groupe Etat islamique. C’était tellement énorme que le «Petit journal», l’émission gentiment irrévérencieuse de Canal +, caricaturait et moquait Fox News en reportage à Paris, «la ville la plus dangereuse du monde». Yann Barthes appelait aussi les spectateurs à écrire au directeur de la rédaction de Fox News.
De vingt à quarante mille e-mails et tweets de protestation traversaient l’Atlantique. A la plus grande surprise de l’animateur du «Petit journal», la chaîne américaine Fox News reconnaissait que le sondage n’avait aucune crédibilité, que la carte de Paris était pleine d’erreurs et qu’il n’y avait pas en France de ces «no-go zones» qui avaient fait les choux gras de la chaîne américaine quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo. (TDG)