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Selon Mediapart, l’Etat a notamment remboursé Nicolas Sarkozy à hauteur de 1,6 million d’euros pour ses frais de personnel et 196.000 euros de frais de loyer par an.
Désormais président de l’UMP, principal parti d’opposition du pays, Nicolas Sarkozy doit-il conserver ses privilèges d’ancien président de la République ? Le débat sur un potentiel conflit d’intérêts est aujourd’hui relancé par Mediapart qui publie la liste détaillée des sommes que verse l’Etat à Nicolas Sarkozy depuis son départ de l’Elysée en 2012.
Depuis un décret pris en 1985 paraphé par Laurent Fabius, alors Premier ministre, tous les anciens présidents de la République bénéficient d’un certain nombre d’avantages. Parmi lesquels, un « appartement de fonction meublé et équipé, dont la maintenance et les charges, y compris le téléphone, sont assumées par l’Etat », « deux personnes de service », du personnel de protection, une voiture de fonction et deux conducteurs, la gratuité des voyages en train et en avion « dans la meilleure classe » ainsi que des collaborateurs permanents qui peuvent être des fonctionnaires d’Etat ou bien des conseillers de leur choix rémunérés par contrat.
Un déménagement à 56.000 euros
Nicolas Sarkozy n’échappe donc pas à la règle. Selon Mediapart, l’Etat aurait financé en 2012 son déménagement du Palais de l’Elysée à la rue de Mirosmenil et l’équipement de ses nouveaux bureaux – ordinateur, canapé, fauteuils, lampadaires et même « un coffre-fort » ainsi qu’un « coffre de sécurité » – à hauteur de 56.724 euros. Depuis 2012, la facture pour la location des bureaux de Nicolas Sarkozy ainsi que leur entretien s’élève ainsi à 570.000 euros. Celle-ci inclut notamment 15.839 euros de factures téléphoniques.
L’Etat rembourse en outre à Nicolas Sarkozy son loyer à hauteur de 16.341 euros par mois, soit 196.092 euros par an. Nicolas Sarkozy circule également dans une Citroën de collection aux frais de la République : 44.141 euros à l’achat, 4.046 euros de frais de carburant et 5.301 euros d’entretien par an.
Des collaborateurs qui coûtent 1,6 million d’euros par an
Quant aux collaborateurs de l’ancien président de la République, ils auront coûté au total 1,6 million d’euros par an à l’Etat. Outre les cinq fonctionnaires détachés à son service – dont deux en tant que conducteurs rémunérés à plus de 4.000 euros net mensuel-, Nicolas Sarkozy bénéficie des services de cinq « contractuels » dont le salaire le plus élevé culmine à 7.020 euros. Parmi ces collaborateurs sous contrat, on retrouve notamment Consuelo Remmert, la demi-soeur de Carla Bruni-Sarkozy, qui ferait office selon Mediapart de « conseillère diplomatique » pour organiser les conférences rémunérées de son beau-frère à travers le globe.
Les factures détaillées de tous ces frais, reproduites par Mediapart, ont pu être obtenues grâce à la procédure lancée par le militant écologiste Raymond Avrillier, qui s’était déjà illustré pour avoir révélé l’affaire des sondages de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
L’utilisation des fonds en question
Ces factures lui ont été fournies par le secrétariat général du gouvernement qui gère les privilèges des anciens présidents encore vivants, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Si on ignore combien perçoivent les autres « ex », le coût exact de ces privilèges restant jusqu’ici confidentiel, Mediapart estime les sommes versées à entre 1,5 et 2 millions d’euros annuels pour chacun d’entre eux.
Si cette pratique n’a donc rien d’exceptionnel, elle soulève quelques questions sur une possible utilisation des fonds alloués par la République à des fins personnelles alors que Nicolas Sarkozy a retrouvé il y a quelques mois la tête de l’UMP et se prépare vraisemblablement à briguer une nouvelle candidature à l’élection présidentielle. Une situation déjà dénoncée par plusieurs députés PS dont Yann Galut et Alexis Bachelay de la Gauche forte en novembre dernier. Une position partagée par le ministre des Finances Michel Sapin qui plaide pour que Nicolas Sarkozy renonce à ses privilèges d’ex président de la République.
La conseillère en communication de Nicolas Sarkozy assure, elle, à Mediapart qu’il « n’y a pas d’ambiguîtés » car l’organisation a été « doublée » avec des collaborateurs dédiés à ses fonctions de président de l’UMP d’une part et à son statut d’ancien chef de l’Etat de l’autre. Raymond Avrillier compte saisir la Commission nationale des finances politiques (CNCCFP) pour étudier l’usage de ce financement.