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Pierre-Alain Furbury
L’échec des négociations sur la modernisation du dialogue social est un revers pour le chef de l’Etat, qui avait appelé les partenaires sociaux à « être à la hauteur », les menaçant même de ne pas reprendre la main s’il ne parvenaient pas à un accord.
Lundi dernier à l’Elysée. Ce jour-là, François Hollande présente ses vœux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi. Le président annonce le rachat massif de dette publique par la BCE qui, dit-il, « peut créer un mouvement favorable à la croissance ». Et met surtout la pression sur les partenaires sociaux pour qu’ils aboutissent à un accord sur la modernisation du dialogue social. « Un échec aurait des conséquences qui iraient bien au-delà de cette réforme », prévient-il, appelant patronat et syndicats à être « à la hauteur » de l’esprit du 11 janvier .
Ce jeudi, François Hollande a bien eu satisfaction sur le premier point. Mais il a subi un sérieux revers sur le second. Comme un retour aux dures réalités pour un président qui venait de retrouver, avec son sans-faute dans la gestion des attentats terroristes, « une marge de manœuvre et une crédibilité », selon un de ses proches. « Rien ne se passe comme prévu », rappelle un lieutenant du président, reprenant à son compte une de ses formules fétiches. Le week-end dernier, alors que les partenaires sociaux n’étaient déjà pas parvenus à accorder leurs violons, l’Elysée voulait encore croire en la possibilité d’un accord, puisqu’un nouveau round de négociations était programmé.
« Pas une bonne nouvelle »
L’échec des discussions sur la réforme du dialogue social « n’est pas une bonne nouvelle », avoue-t-on à l’Elysée. Le chef de l’Etat comptait sur un accord pour lever certains blocages économiques et envoyer un signal à Bruxelles. La déconvenue pourrait laisser des traces. Elle confirme en tout cas l’essoufflement de la méthode érigée par François Hollande pour réformer le pays. Un essoufflement déjà illustré par le boycott l’été dernier, par la CGT et FO, de la troisième conférence sociale, qui a conduit le président à annoncer cette semaine son remplacement par « plusieurs rendez-vous sur des thèmes précis ». Le dialogue social, le deuxième président socialiste de la Vème République en a fait un « facteur de performance économique et sociale » et un « marqueur » de son quinquennat. « Il restera la méthode privilégiée », a juré ce jeudi Manuel Valls. Depuis 2012, elle a fait « ses preuves », martèle l’exécutif, de la sécurisation de l’emploi à la réforme de l’assurance-chômage, en passant par la formation professionnelle.
Il faudra attendre pour savoir si la réforme sera à la hauteur des ambitions présidentielles, puisque le gouvernement a dit vouloir reprendre la main . Ce qui est en revanche certain, c’est que les appels de François Hollande n’ont pas eu d’effet positif sur le patronat et les syndicats. Et qu’il est aujourd’hui contraint d’avaler son chapeau, lui qui avait menacé de ne pas prendre le relais en cas d’échec, comme le veut la tradition depuis le milieu des années 2000. « Ne demandons pas à la démocratie politique de régler ce que la démocratie sociale ne serait pas capable de faire elle-même », a-t-il asséné. Au sein de la majorité, des élus jugent, en privé, qu’il aurait mieux fait de s’abstenir