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Que Nick Hayek, président du directoire et du conseil d’administration de Swatch Group AG, se rassure! Des gens dans le monde, au-delà de la Suisse, sont sensibles à la détresse actuelle des exportateurs helvétiques. A l’instar du ministre des finances autrichien, Hans Jörg Schelling : «Je ne pense pas que le franc suisse restera si fort par rapport à l’euro à long terme, parce que la Confédération helvétique ne peut se le permettre.»
Cité dans les éditions dominicales du quotidien « Österreich » le haut fonctionnaire du parti chrétien démocrate conservateur (Österreichische Volkspartei, ÖVP) n’indique pas à quelles mesures il s’attend de la part des autorités suisses. Il précise néanmoins pourquoi celles-ci s’avéreraient inéluctables : «Les exportations deviendraient trop chères et le tourisme chuterait.»
Cette dernière remarque devrait notamment réconforter Jürg Schmid, directeur de Suisse Tourisme (entreprise de droit public chargée de promouvoir le tourisme en Suisse, financée à 60 % par l’Etat fédéral). Depuis une dizaine d’années, les professionnels du tourisme helvétiques redoutent en effet tout particulièrement la concurrence de leurs confrères autrichiens.
Restons néanmoins réalistes! Hans-Jörg Schelling n’a pas comme priorité de remonter le moral des exportateurs, des hôteliers et des restaurateurs suisses. Il se soucie avant tout de quelque 151’000 ménages autrichiens, surpris par l’abolition du cours plancher de l’euro par rapport au franc (1,20 franc) le 15 janvier dernier. Soit trois ans et demi après son entrée en vigueur, à titre provisoire officiellement.
Il est vrai que beaucoup de familles autrichiennes, polonaises, slovènes, roumaines et autres ont été séduites par des taux d’intérêts très faibles, quasiment nuls, sur des emprunts libellés francs suisses. Entre temps, les taux d’întérêts associés à ces prêts sont certes restés toujours aussi bas. Mais le cours d’achat du franc s’est au moins renchérit de 20% et les revenus en euros des petits épargnants débiteurs n’a guère progressé en moins de deux semaines.
Leur angoisse devrait en outre se prolonger, si l’on en croit certains spécialistes. «Il faut en effet s’attendre à ce que le franc se maintienne à un cours proche de la parité. Il ne s’affaiblirait donc pas à moyen terme, comme beaucoup le souhaitent, à un niveau de 1,10 franc pour 1 euro», présume le chef économiste de la banque Julius Bär & Co AG, Janwillem Acket.
Bernd Aumann, économiste chez UBS, livre, lui aussi, ses pronostics pour l’exercice en cours: «Une parité entre les deux devises paraît probable jusqu’en juin. Au deuxième semestre, l’euro devrait s’acheter à environ 1,05 franc.» (TDG)