VIDEO François Hollande et Angela Merkel se rendent à Kiev puis Moscou pour proposer un règlement du conflit dans l’est de l’Ukraine. John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, est lui arrivé ce matin.
Lors de la conférence de presse de jeudi matin , François Hollande a souligné que cette proposition serait fondée sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine, sans autre précision, et viserait en quelque sorte à remplacer les accords de cessez-le feu de Minsk, de septembre dernier, devenus caduques en raison de la reprise des combats ces dernières semaines. L’objectif est d’éviter une guerre « qui peut être totale » entre l’Ukraine et les séparatistes soutenus par l’armée russe.
L’option diplomatique « ne peut être prolongée indéfiniment »
S’agit-il d’une dernière chance pour la diplomatie ? Le président français a éludé la question, mais a reconnu que l’option diplomatique « ne peut être prolongée indéfiniment ». Il a exclu la livraison d’armes françaises à Kiev, tout en reconnaissant que cette hypothèse discutée à Washington, au risque de l’escalade, pourrait être considérée comme une conséquence logique du soutien militaire apporté aux séparatistes par Moscou (mais démenti par le Kremlin). « La France n’est pas en guerre en Ukraine et elle ne veut pas être en guerre en Ukraine. La France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l’Ukraine », a ajouté François Hollande.
Si la démarche de Paris et Berlin échoue, les deux capitales auront au moins montré qu’elles ont essayé tout ce qui était en leur pouvoir, a-t-il souligné. Reste à savoir si le texte mis au point vendredi soir à l’issue de cette navette diplomatique sera appliqué sincèrement par toutes les parties. Depuis le déclenchement du conflit dans l’est de l’Ukraine il y a neuf mois, qui a fait 5300 morts, de nombreux accords de cessez- le feu ont été signés pour être piétinés quelques jours plus tard… En outre, quelles garanties économiques et géostratégiques les Occidentaux peuvent-ils donner au Kremlin qui l’incitent à stopper les séparatistes, sans pour autant porter atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine ? Et quelles garanties, à l’inverse, Vladimir Poutine pourrait-il donner comme quoi il ne chercherait pas à déstabiliser régulièrement l’Ukraine via un « conflit gelé » comme ceux où la Russie est impliquée en Géorgie et Moldavie ?
« Force du lien » entre Paris et Berlin
Seule décision concrète forte, sur le plan international, de sa conférence de presse, la démarche commune du président français et d’Angela Merkel montre la « force du lien » entre Paris et Berlin. Un message qui dépasse visiblement le dossier ukrainien, en ces heures difficiles pour la zone euro. François Hollande a ajouté que quand la France et l’Allemagne agissent de concert « cela pèse partout dans le monde », sous entendant que bien peu de pays avaient cette capacité à la fois économique, diplomatique et militaire.
Le voyage à Kiev et Moscou de François Hollande et Angela Merkel vise en quelque sorte à compenser l’annulation du sommet d’Astana, au Kazakhstan, pour cause de reprise des combats, qui devait rassembler mi-janvier les deux dirigeants ainsi que Petro Porochenko et Vladimir Poutine. François Hollande se rend à Kiev quelques heures après John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, qui après avoir rencontré, lui aussi, Petro Porochenko, se rendra à Munich pour discuter avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Dans l’entourage de John Kerry on reconnaît envisager la livraison d’armes défensives à Kiev, quoiqu’aucune décision n’ait été prise.