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Le « prix du menteur » vient d’être créé par le politologue Thomas Guénolé. L’ancien chef de l’Etat était nommé pour ses 17 « mensonges » formulés lors de la campagne pour la présidence de l’UMP l’an dernier.
Le grand vainqueur récompensé pour ses mensonges en 2014 est, pour cette première édition, Nicolas Sarkozy. Etaient nominés également Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet (pour leurs mensonges durant la campagne municipale pour Paris), Brice Hortefeux pour ses propos sur la délinquance, Marine Le Pen pour une liste d’exagérations sur l’Europe, la mondialisation et les Français djihadistes, Jean-Luc Mélenchon pour avoir nié son absentéisme au Parlement européen, Florian Philippot pour avoir prétendu que la France armait les djihadistes, François Rebsamen pour avoir triché sur les chiffres de la croissance, Christiane Taubira pour son « mensonge »dans l’affaire des écoutes de Sarkozy, Thomas Thévenoud pour ses dissimulations au fisc et Manuel Valls pour avoir affirmé que « la gauche peut mourir ».
Nicolas Sarkozy, lui, remporte la palme avec « 17 mensonges » proférés en 2014 lors de sa campagne pour prendre la tête de l’UMP. L’ancien chef de l’Etat, qui n’en est pas à son coup d’essai – on se rappelle son mensonge en 2009 sur sa présence à Berlin le 9 novembre 1989 lors de la chute du mur – n’a pas hésité au cours de ses meetings à recourir à des citations de ses adversaires… qui n’ont en fait jamais été prononcées. Ainsi, à Toulouse, se justifiant sur son emploi du terme « Karcher » en évoquant le déni du PS. Et de s’appuyer sur une prétendue phrase de Lionel Jospin, l’ancien Premier ministre, déclarant « Madame vous n’avez pas peur, vous avez l’impression d’avoir peur ».
Des attaques contre François Hollande
Lors de son meeting de Bordeaux, l’ancien président de la République s’en prend également à son concurrent de 2012 et successeur François Hollande, ressortant des cartons la fameuse phrase « j’aime pas les riches ! ». Une déclaration faite en 2006 et non en 2012. François Hollande avait lui-même exprimé ses regrets pendant la campagne de 2012, disant apprécier « le talent, le travail, le mérite » et non « la richesse indécente ». De même, les attaques de Nicolas Sarkozy concernant le budget de la culture – Hollande aurait promis de le doubler pour finalement le réduire de 30 % – sont infondés (celui-ci a en réalité diminué de 4 % en 2013 et 2 % en 2014).
Assistanat, heures sup, délinquance : l’exagération des chiffres
Quant aux chiffres, l’ancien chef de l’Etat se plairait également à les manipuler à sa guise. Il en va ainsi des enseignants qui « bloquent l’ensemble de leurs heures 18 au total) sur deux jours » ou bien du système d’aides sociales qui permettrait de « gagner davantage sans travailler ». Or, selon des chiffres publiés par l’ancienne ministre de la cohésion sociale Roselyne Bachelot, un foyer avec un salarié au SMIC touche presque 500 euros de plus qu’un foyer sans activité.
Quant à l’exonération des heures supplémentaires, celle-ci aurait permis, assure l’ancien président, de redistribuer entre 150 et 300 euros de plus par mois à 9 millions de Français. Le rapport d’information parlementaire évaluant le dispositif, remis le 30 juin 2011, conclut à un gain moyen de 42 euros par mois et un gain médian de 350 euros par an, soit 30 euros par mois.
Autre statistique, autre contre-vérité : « 5 % des délinquants font 50 % de la délinquance », a soutenu Nicolas Sarkozy au meeting de Marseille – un chiffre qu’il utilise déjà depuis 2007. Un chiffre qui n’a été validé par aucun expert, mais s’appuie en réalité sur une étude menée en 2001 par le sociologue Sebastian Roché auprès d’un échantillon de jeunes se déclarant délinquants.