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Vincent Mignot / directeur général d’Auchan France 

Pourquoi modifier le système actuel, qui a le mérite de répondre à une demande client ponctuelle mais réelle ?

Aussi, je souhaite, au nom d’Auchan Hypermarchés France, apporter ma contribution. Notre position est assise sur une conviction partagée : le dimanche n’est pas un jour banal ! C’est un jour de respiration sociale et culturelle. Il faut le préserver majoritairement comme tel. Pour le dire simplement, le dimanche, nous préférons nous réapproprier le temps plutôt qu’être en magasin !

Cette conviction est renforcée par l’observation économique. Au risque de doucher certains espoirs, ouvrir 12 dimanches au lieu de 5 ne créera pas plus de chiffre d’affaires pour nos magasins ni n’entraînera de vague de recrutements. Qui d’entre nous est prêt à consommer plus et à entamer son épargne pour le seul motif qu’un jour de plus lui est offert pour parcourir les magasins ? Le bénéfice sur l’activité et sur l’emploi sera donc nul.

Dès lors, pourquoi toucher au système actuel, qui a le mérite de répondre à une demande client ponctuelle mais réelle ? Combien sont-ils, ces dimanches où les consommateurs trouvent un réel avantage à l’étalement de leurs achats ? Noël et sa frénésie, le premier dimanche des soldes et peut-être le retour de vacances qui facilite les achats de dernière minute ? Conservons le système actuel des 5 dimanches, simplifions-le en supprimant le recours obligatoire à l’autorisation du maire et assurons-nous que la loi est bien respectée. Comment accepter que certains magasins, appuyés sur les plus grands groupes de distribution français ou allemands, ouvrent aujourd’hui les dimanches après-midi en violation ouverte avec la loi ?

Le projet de loi Macron entend libérer les énergies pour favoriser l’activité et la croissance ? Eh bien, chiche, Monsieur le Ministre ! Donnons les moyens aux entrepreneurs de créer de la richesse. Auchan sera à vos côtés dans cette démarche.

 Nous n’attendons que cela car la perte de pouvoir d’achat des Français affecte durablement notre modèle économique et nos résultats, en sus d’une consommation atone et d’une inflation quasi nulle, et, au-delà, de la concurrence déloyale de l’e-commerce.

Ce qui crée de la croissance, c’est d’abord la stabilité et la visibilité fiscales à trois ans minimum, or, en six mois, Auchan France a subi, en totale contradiction avec l’esprit du pacte de responsabilité, deux nouvelles taxes dont le coût annuel avoisine 35 millions d’euros et qui démontrent une fois de plus que piloter nos entreprises avec sérénité est devenu une gageure.

Ce qui crée de la croissance durable, c’est l’équité entre les différentes formes de commerces. Alors que les ventes sur Internet génèrent 3 fois moins d’emplois que celles réalisées en magasins, les taxes qui pèsent sur les e-commerçants sont 2,5 fois moins élevées.

Ce qui crée de la croissance partagée, c’est le soutien aux entreprises qui développent de vraies politiques de partage de la richesse via l’actionnariat salarié, la participation et l’intéressement, par exemple par la baisse du forfait social, qui n’a cessé de croître ces dernières années.

Enfin, ce qui crée véritablement de la croissance, c’est de permettre aux consommateurs de faire leurs courses quand ils le souhaitent ou le peuvent, de 8 h 30 à 22 heures dans les zones urbaines qui vivent à ce rythme, sans aller jusqu’à l’exagération des ouvertures, ersatz de modernité d’une société qui ne sait plus se fixer de limites, souvent de bon sens.

Cessons de nous bercer d’illusions, le travail du dimanche ne résoudra pas nos problèmes et ne créera ni activité ni croissance. Des solutions existent, Auchan sera présent si l’on prend la voie de la libération des énergies.

http://www.lesechos.fr