C’est là le fruit des restructurations massives de 2012 et 2014. Celles-ci ont conduit à un « haircut » de 140 milliards d’euros pour les créanciers privés (une réduction nette de 50 milliards) et le transfert vers le « public » de trois quarts des dettes pour éviter un risque systémique. Les engagements grecs sont désormais surtout portés par le FMI et l’Europe, via la Banque centrale européenne (BCE), les États membres, France et Allemagne en tête, et les fonds de stabilité. Tout cela s’est accompagné d’un allongement de la maturité des prêts (en moyenne 16 ans) et d’une révision favorable des taux d’intérêt. Autres faits notables, certains emprunts aux fonds européens sont à taux nul et la BCE rétrocède au Trésor grec les bénéfices réalisés sur ses prêts. Certes, de gros remboursements attendent le pays en 2015 (février) et 2016, mais ceux-ci étaient anticipés. Et devaient être « compensés » par de nouveaux prêts conditionnés aux réformes de structure, désormais vouées aux gémonies.
Le résultat a été pointé par plusieurs économistes. Selon les calculs du think tank Bruegel, le coût du service de la dette aurait été en 2014 de « seulement » 4,3 % du PIB, voire 2,6 % en tenant compte de tous les mécanismes de soutien. Moins que l’Espagne (3,2 %) ou l’Italie (4,7 %). Là réside l’incompréhension entre le gouvernement Tsipras et ses partenaires : difficile d’expliquer une nouvelle remise de dette à un contribuable portugais, irlandais, ou au commissaire européen chargé de l’euro, le Letton Valdis Dombrovskis dont le pays a connu une chute du PIB de 25 % avant de se relancer. Fin 2014, l’économie grecque semblait avoir enfin trouvé son point bas et s’apprêtait à repartir avec un bond attendu à 2,9 % par la Commission et le FMI. Le bras de fer entre Athènes et ses créanciers aura, sans doute, raison de cette reprise. L’ironie étant que le nouveau pouvoir est le mieux placé pour mettre à bas le clientélisme qui mine l’économie.