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Pierre Courbebaisse 
  • Soutien l'insertion jeunes : état d’alerte !

    Soutien à l’insertion des jeunes : état d’alerte !

Présentée comme une priorité du gouvernement, la réforme de l’apprentissage a de faibles effets positifs, et on est encore bien loin des 500.000 apprentis pour 2017, revendiqués par différents gouvernements ces dernières années.

De 435.000 en 2012, le nombre d’apprentis est tombé à 420.000 en 2013 et l’on s’attend à un résultat plus mauvais pour 2014. Parallèlement, le chômage de longue durée touche un nombre croissant de jeunes gens dont les espoirs sont brisés par l’inaction.

Certes, la loi votée le 5 mars 2014 a permis de petits ajustements, notamment l’obligation pour les entreprises de consacrer 59 % de leur taxe d’apprentissage à l’apprentissage. Un léger mieux, puisqu’elles devaient y consacrer 57 % auparavant. De même, les aides aux entreprises ont-elles été concentrées sur les PME de moins de 250 salariés. Mais le financement des CFA pourrait poser problème à moyen terme, car 51 % de la taxe d’apprentissage sont désormais dévolus aux régions qui se voient confier la responsabilité du soutien à l’apprentissage.

Si les régions sont bien placées pour soutenir la formation des jeunes en fonction des besoins du tissu économique local, il est cependant dommage que la loi ne leur donne pas l’obligation d’utiliser l’intégralité des sommes perçues pour l’apprentissage au soutien de l’apprentissage. Or, vu la diminution des dotations de l’État envers les collectivités locales, la tentation d’utiliser une partie du nouveau produit de la taxe d’apprentissage pour rééquilibrer le budget va être forte pour les exécutifs régionaux. Ainsi, certaines régions ont déjà annoncé une baisse allant jusqu’à 12 %.

Par ailleurs, la loi ne facilitera en rien la tâche aux jeunes à la recherche d’un maître d’apprentissage ou d’un contrat pro. De ce point de vue, les pouvoirs publics donnent l’impression de se perdre en palabres qui aboutissent à plus d’incertitudes que d’aide concrète. Aucune mesure pour éviter en partie la concurrence, effet d’aubaine entre stages, emplois d’avenir et contrats d’alternance n’a été présentée. Un nombre croissant de jeunes sont victimes de l’entreprise qui préfère accueillir des stagiaires ou des emplois d’avenir, plutôt que d’embaucher un jeune en alternance.

Les stagiaires ne coûtent au mieux que 45 % du SMIC par mois, alors que le salaire de l’alternant pèse rapidement plus lourd ; jusqu’à 78 % du SMIC pour un jeune de 21 ans et plus. Les contrats par alternance les plus performants sont ainsi désavantagés. La solution passe par une égalité de traitement entre les apprentis, les contrats pro, les stagiaires et tous les jeunes recrutés en alternance. À charge, peut-être, les partenaires sociaux de chaque branche de s’entendre sur un niveau de rémunération minimum.

En outre, la loi ne dit rien sur la qualité et le suivi des contrats d’apprentissage et de professionnalisation par les entreprises. L’obligation de désigner un tuteur qui leur est faite n’est pas accompagnée de précision sur la qualité de l’encadrement des apprentis. Il serait intéressant de proposer une prime aux entreprises qui s’engagent dans un tutorat de qualité. Cette aide étalée sur l’ensemble de la période du contrat pourrait pousser les entreprises à investir dans le suivi pédagogique de leurs apprentis.

Enfin, certains jeunes doivent bénéficier d’un POE – une Préparation Opérationnelle à l’Emploi – avant d’entrer en alternance. Nombre de jeunes ne savent pas très bien vers quelle activité se tourner au moment de choisir un métier. Ils auraient besoin d’être aidés à effectuer quelques « bancs d’essai » pour trouver le métier et l’entreprise qui leur conviennent. La sanctuarisation de la formation par l’alternance s’impose. À l’avenir, l’insertion des jeunes par l’alternance doit faire pleinement partie du champ de discussion paritaire.

http://www.lesechos.fr