
Le 24 novembre 1859 sort en librairie, à Londres, un ouvrage au titre ambitieux qui résume à lui seul le contenu : De l’Origine des espèces par la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie.
Son auteur est un quinquagénaire seulement connu des spécialistes, Charles Darwin. Pourtant, son ouvrage bénéficie d’un succès immédiat et le premier tirage (1250 exemplaires) est épuisé dans la journée.
Les théories développées par Charles Darwin allaient bouleverser le dogme d’une nature immuable depuis la création du monde.
Charle Darwin se fait engager comme naturaliste à 22 ans sur le Beagle pour une expédition océanographique de cinq ans autour du monde.
En Patagonie, il observe des fossiles et des squelettes d’espèces disparues alors que des individus semblables, mais plus petits, sont encore visibles.
L’expédition fait relâche plusieurs semaines aux îles Galapagos, dans l’Océan Pacifique, au large de l’Équateur. Là, le jeune savant est frappé par la coexistence d’espèces voisines de lézards (iguanes) et d’oiseaux. Il porte un intérêt particulier aux 13 espèces de pinsons qui s’y trouvent. Bien plus, il rapproche ces découvertes de celles réalisées sur des mammifères et des insectes par d’autres naturalistes avant lui.
De retour en Angleterre, Darwin rassemble les preuves de la non-fixité des espèces. Il publie enfin, au bout de trente ans, le fruit de ses travaux.
Dans L’Origine des espèces, Charles Darwin présente ses observations et conclut à une évolution naturelle des espèces : les individus qui ont hérité de caractères bien adaptés à leur milieu ont tendance à mieux se reproduire que leurs congénères et à prendre le pas sur eux. En quelques générations, une espèce peut ainsi se transformer jusqu’à donner naissance à une nouvelle espèce.
Cette théorie de la sélection naturelle est affinée au XXe siècle grâce aux progrès de la génétique qui mettent en évidence la possibilité de mutations ou de «sauts» en plus de la sélection des caractères héréditaires.
Lorsqu’une telle mutation s’avère appropriée à l’environnement, elle peut conduire très vite à une espèce nouvelle. Ainsi l’être humain est-il peut-être issu de deux singes nés avec 46 chromosomes au lieu de 48 comme leurs congénères…
L’année suivant la parution de L’Origine des espèces, un débat violent anime la session annuelle de l’Association britannique pour l’avancement des sciences tenue à Oxford le 30 juin 1860.
L’évêque Wilberforce s’oppose aux partisans de Darwin, notamment Huxley et Hooker. Ces derniers, il est vrai, peuvent démontrer l’inanité de la théorie de la génération spontanée en s’appuyant sur les travaux d’un autre savant illustre, Louis Pasteur. En 1863, H. W. Bates publie la première confirmation observationnelle de la théorie évolutionniste : une espèce de papillon amazonien a évolué pour adopter une couleur semblable à une autre espèce voisine que les oiseaux prédateurs ne mangent pas (théorie du mimétisme).
À partir de 1870, l’ensemble de la communauté scientifique se rallie aux vues de Charles Darwin. Face au succès éclatant de la théorie de l’évolution, la communauté scientifique ne tarde pas à établir un parallèle entre celle-ci, qui fait de l’homme l’aboutissement de l’évolution naturelle, et la révolution copernicienne qui place la terre en position de satellite du soleil au XVIe siècle.